Millénium - Les hommes qui n'aimaient pas les femmes (2011) : le test complet du Blu-ray

The Girl with the Dragon Tattoo

Réalisé par David Fincher
Avec Daniel Craig, Rooney Mara et Christopher Plummer

Édité par Sony Pictures

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Le 27/07/2012
Critique

Mikael Blomkvist, brillant journaliste d’investigation, est engagé par un des plus puissants industriels de Suède, Henrik Vanger, pour enquêter sur la disparition de sa nièce, Harriet, survenue des années auparavant. Vanger est convaincu qu’elle a été assassinée par un membre de sa propre famille. Lisbeth Salander, jeune femme rebelle mais enquêtrice exceptionnelle, est chargée de se renseigner sur Blomkvist, ce qui va finalement la conduire à travailler avec lui. Entre la jeune femme perturbée qui se méfie de tout le monde et le journaliste tenace, un lien de confiance fragile va se nouer tandis qu’ils suivent la piste de plusieurs meurtres. Ils se retrouvent bientôt plongés au coeur des secrets et des haines familiales, des scandales financiers et des crimes les plus barbares…

David Fincher s’empare du premier épisode de la saga de Stieg Larsson vendue à 50 millions d’exemplaires à travers le monde. Après le condensé en trois films sortis au cinéma de l’adaptation télévisée suédoise qui a révélé Noomi Rapace, ce remake hollywoodien, qui revenait de droit au réalisateur de Zodiac et de Se7en, dépasse toutes les espérances. Avec sa virtuosité habituelle, David Fincher embarque le spectateur pour plus de 2h30 de violence et d’émotions intenses, sans fioritures, respectant à la fois le matériel d’origine tout en se l’appropriant. La mise en scène y compris le générique d’ouverture subjuguent chaque seconde, la photo de Jeff Cronenweth est extraordinaire de beauté et immisce le spectateur dans un univers froid et oppressant.

Du point de vue de l’interprétation, David Fincher parvient à faire ce qu’aucun réalisateur n’avait alors réussi jusqu’à maintenant, humaniser Daniel Craig et le rendre attachant. Loin de sa moue habituelle et de ses yeux plissés pour faire le dur, le comédien affiche ici une sensibilité que nous ne lui connaissions pas et demeure constamment à fleur de peau. Ce qui intéresse ici le réalisateur n’est pas véritablement l’histoire (même si elle demeure finement exploitée sans aucun temps mort) mais le rapport entre les personnages de Blomkvist et de Lisbeth Salander, incarnée ici par l’une des plus belles et renversantes révélations de ces dernières années, Rooney Mara, entraperçue dans une courte mais marquante scène dans le précédent film de David Fincher, The Social Network. A l’instar de Noomi Rapace qui s’était plongée corps et âme dans son personnage, Rooney Mara apporte une sensualité qui manquait à la précédente adaptation, une fragilité et une empathie plus marquée.

Alors qu’importe si la corruption de la société et du milieu des affaires, sujets importants dans le roman de Larsson, ne sont finalement qu’effleurés, les partis-pris adoptés par David Fincher se concentrent sur la moelle épinière de l’oeuvre originale, le duo antagoniste, pour livrer un magnifique objet de cinéma, un fabuleux divertissement, un classique voire un chef d’oeuvre instantané.

Présentation - 5,0 / 5

L’éditeur propose un superbe boitier digipack aux visuels soignés, glissé dans un surétui du plus bel effet. Les menus principaux animés, bruités et musicaux des deux Blu-ray se distinguent par leur sobriété, reprenant le plan de travail de Mikael Blomkvist pour l’un (le disque des suppléments), et un diaporama glaçant de la famille Vanger pour l’autre (celui du film).

Bonus - 5,0 / 5

Le premier Blu-ray propose un commentaire audio (sous-titré en français) du cinéaste David Fincher. Comme à son habitude, l’intéressé se montre détendu et très prolixe, distillant un lot conséquent d’informations sur la genèse du film, le générique d’ouverture, le casting, les anecdotes liées au tournage, les effets spéciaux, le montage, la postproduction, tout en croisant habilement le fond avec la forme (comment retenir constamment l’attention du spectateur). L’ensemble est soutenu, passionnant, rien n’est omis et David Fincher parvient même à ne jamais tomber dans la redondance avec ce qui est dévoilé à travers les heures de suppléments présents sur le deuxième disque. Un véritable tour de force doublé d’une indispensable leçon de cinéma.

Le deuxième disque s’ouvre sur un module intitulé Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes (7min), consacré au succès de la saga de Stieg Larsson vu par le réalisateur David Fincher, le scénariste Steven Zaillian, et l’ensemble des comédiens du film. L’adaptation est ensuite rapidement passée au peigne fin.

Nous trouvons ensuite une section consacrée aux personnages de Lisbeth Salander (48 min), Mikael Blomkvist (12min20) et Martin Vanger (23min25). Aux abondantes images de tournage se succèdent les propos des comédiens, de la costumière et du réalisateur qui reviennent sur la longue création (choix des costumes, démarche, look…) et préparation de chacun des personnages. C’est évidemment Rooney Mara, face caméra, qui l’emporte sur ses petits camarades (Daniel Craig, Stellan Skarsgård), avec un temps de présence plus conséquent et des propos plus denses. Ne manquez pas un essai vidéo filmé en caméra cachée qui montre Rooney Mara, transformée en Lisbeth Salander, marcher dans les rues de Los Angeles et prendre le métro sous l’oeil à la fois fasciné et méfiant des passants. Une galerie photos montre également tout le travail effectué pour créer l’univers de Mikael Blomkvist, notamment son matériel de recherche et les décors.

La section Sur les lieux de tournage se divise en deux parties : le tournage en Suède (48min35) et à Hollywood (47min50). La première se focalise sur le tournage à Stockholm et la façon dont l’équipe, habituée à la chaleur californienne, a du apprivoiser le froid. Tout au long des modules, nous retrouvons les mêmes interlocuteurs apparus précédemment qui livrent constamment leurs impressions de tournage. La séquence d’agression dans l’escalator du métro, la fin du film et du tournage (en équipe restreinte après 144 jours de prises de vue) ainsi que le tournage d’une scène en extérieur, finalement réécrite ultérieurement suite à un enchainement d’imprévus (météo récalcitrante, bruit d’avion, un berger qui passe avec ses moutons), sont également disponibles.

La partie américaine se compose d’une interview et de l’essai vidéo de Goran Visnjic pour le rôle de Dragan Armansky réalisé sous la direction de David Fincher, dans lequel on peut admirer le travail et l’évolution de la relation entre un réalisateur avec son comédien. Un petit module démontre également la technique mise à disposition du metteur en scène et la façon dont David Fincher use d’un mouvement de caméra pour retranscrire l’émotion d’un personnage, en l’occurrence Lisbeth Salander qui prépare sa vengeance après le viol. Le plus gros de cette section est d’ailleurs consacré à la préparation et au tournage de cette séquence traumatisante, avec les comédiens Rooney Mara et Yorick van Wageningen (Bjurman). David Fincher y évoque d’ailleurs la scène similaire dans Irréversible de Gaspar Noé, qu’il a donné à voir à sa comédienne afin de l’aider à se « mettre en condition ». Le reste se focalise sur la création des appartements de Lisbeth, Blomkvist et Martin Vanger.

Nous passons ensuite à la rubrique consacrée à la Postproduction (31min30). La section la plus importante est centrée sur le montage du film, où l’on retrouve David Fincher avec l’un de ses monteurs en train de visionner les rushes. Le choix des angles, du rythme des séquences, les retouches, rien n’est laissé au hasard et démontre le perfectionnisme du cinéaste. Un petit tour est ensuite fait en salle de postsynchronisation où Rooney Mara et Stellan Skarsgård réalisent quelques raccords de dialogues sous la supervision de David Fincher. Que les fans se rassurent, le générique d’ouverture n’est pas oublié et se trouve largement disséqué à travers une comparaison de la séquence finale avec les étapes de son développement initial grâce à une fonction multiangles. Le tout est disponible avec (ou sans) le commentaire audio de Tim Miller, créateur du générique, qui revient sur cette séquence à part entière à travers laquelle il voulait condenser les trois volumes de la saga et donc la vie de Lisbeth Salander. Un document se concentre enfin sur les magnifiques et pourtant imperceptibles effets spéciaux du film à travers un montage des images composites (tempêtes de neige, tête de Rooney Mara ajoutée sur celle de la cascadeuse à moto, raccords de décors, sang en images de synthèse).

Nous nous retrouvons à la rubrique Promotion (32min). Outre un lot de 4 bandes-annonces et de 6 spots tv, l’éditeur nous livre un faux épisode de l’émission à sensations Hard Copy, diffusée à la télévision américaine entre 1989 et 1999, ayant ici pour thème la reconstitution des évènements ayant conduit à la disparition d’Harriet Vanger en 1966. Cette fausse émission a été réalisée pour la promo de Millenium, les hommes qui n’aimaient pas les femmes, sur internet. Un commentaire audio du réalisateur David Prior revient sur la création artistique de cette entreprise (« il fallait que ça soit aussi mauvais qu’à l’époque » dit David Prior), ainsi que sur le vieillissement de l’image, comme si le documentaire était tiré d’une vieille source vidéo.

L’interactivité se clôt sur la fabrication des supports publicitaires métalliques où apparaissent Rooney Mara et Daniel Craig.

Image - 5,0 / 5

Ce master HD de Millenium, les hommes qui n’aimaient pas les femmes (tourné avec les caméras numériques Red Epic et Red One MX) est issu d’un transfert 4K, en tous points sublime et s’inscrit directement comme un Blu-ray de démonstration. Le générique déjà culte donne le ton : les noirs sont d’une densité inégalée, le piqué est tranchant comme une lame de rasoir, les teintes froides et brumeuses de la Suède peuvent compter sur un encodage AVC de haute volée et les détails du cadre large s’impriment sur les rétines. Les contrastes sont pénétrants, la texture glaciale et poisseuse de la photo signée Jeff Cronenweth est constamment palpable et bénéficie d’un relief extraordinaire, à l’instar des flocons de neige qui fouettent constamment l’écran sur les lumineuses scènes en extérieur. N’oublions pas la colorimétrie, riche, dense, extraordinaire, qui s’accompagne d’une patine métallisée, or et même bronze qui n’en finit pas d’émerveiller.

Son - 5,0 / 5

Les pistes anglaise et française jouissent d’un écrin DTS-HD Master Audio 5.1, et d’une qualité technique équivalente. Comme pour l’image, c’est le générique d’ouverture qui donne le ton avec la voix haut perchée de Karen O et sa reprise d’Immigrant Song de Led Zeppelin avec Trent Reznor. D’emblée, les frontales, les latérales et le caisson de basses créent un environnement brutal, violent, percutant, qui ne se relâche jamais pendant plus de 2h30. Rien n’est laissé au hasard dans ce mixage, les ambiances naturelles (vent, pluie, rumeurs de la ville, métro, une décharge de taser, les doigts qui filent sur la clavier) se déploient au point où l’on parvient à distinguer les flocons de neige se poser à terre. La musique ponctue constamment le visionnage sans jamais être pesante, les voix demeurent saisissantes sur la centrale, tandis que la balance des enceintes avant n’en finit pas de rivaliser d’effets en tous genres. Une expérience acoustique rare, à la fois viscérale et intimiste, qui trouve son point d’orgue lors de la poursuite finale jusqu’à l’explosion.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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Giuseppe Salza
Le 7 janvier 2013
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