Phantom of the Paradise

Phantom of the Paradise (1974) : le test complet du Blu-ray

Édition Coffret Ultra Collector - Blu-ray + DVD + Livre

Réalisé par Brian De Palma
Avec Paul Williams, William Finley et Jessica Harper

Édité par Carlotta Films

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Le 28/04/2017
Critique

Phantom of the Paradise

Winslow Leach, jeune compositeur inconnu, tente désespérément de faire jouer l’opéra qu’il a composé. Swan, producteur et patron du label Death Records, recherche de nouveaux talents pour l’inauguration du Paradise, son palais du rock. Il vole la partition de Winslow qu’il fait enfermer pour trafic de drogue. Brisé, défiguré, ayant perdu sa voix, le malheureux compositeur parvient à s’évader. Il revient au Paradise pour faire valoir ses droits et y retrouver Phoenix, une jeune chanteuse sous le charme de laquelle il est tombé.

Phantom of the Paradise, le septième long métrage de Brian De Palma, sorti à l’automne 1974, deux ans après Sisters (soeurs de sang), n’est pas le premier film avec lequel le réalisateur se frotte au fantastique et à l’horreur qui sera un de ses genres de prédilection. Son tout premier long métrage, Meurtre à la mode (Murder à la Mod, sorti en 1968) mélangeait déjà l’horreur à la comédie.

Brian De Palma dut réécrire seul le scénario, initialement coécrit avec Louisa Rose, celle-ci ayant refusé d’en céder les droits au producteur Ed Pressman pour 25 000 dollars, somme qu’elle jugeait insuffisante. Le scénario puise, très librement, dans deux sources différentes, d’abord dans le conte populaire de Faust dont Goethe fera le sujet de deux pièces de théâtre, en 1808 et 1832, qui inspirèrent de nombreux cinéastes, parmi lesquels figure en bonne place René Clair avec La Beauté du diable qu’il réalisera en 1950.

Phantom of the Paradise

L’autre source, c’est le roman publié en 1901 par Gaston Leroux, Le Fantôme de l’Opéra, qui sera encore plus souvent adapté que Faust sur les écrans, grands et petits, pour la première fois en Allemagne, dès 1916, par Ernst Matray, puis, brillamment, en 1925, avec Lon Chaney dans le rôle-titre. Il aura aussi influencé Dario Argento, déjà en 1987, pour Opera (plus connu sous le titre Terror at the Opera), nettement plus inspiré que son propre Le Fantôme de l’Opéra (Il Fantasma dell’opera) commis en 1998.

Phantom of the Paradise tient en partie son caractère baroque du mélange des deux histoires, mais pas seulement. Le film mélange aussi romance tragique et comédie, parfois burlesque, par exemple dans la scène où Winslow Leach réussit à s’évader de la funeste prison de Sing Sing dans un simple carton d’emballage. Mais c’est aussi une comédie musicale, un film fantastique (plus pour le personnage de Swan qui conclut un pacte avec le diable que pour celui du fantôme, plus réaliste).

De plus, Phantom of the Paradise fourmille de références au cinéma, notamment avec une scène dont le décor évoque Le Cabinet du docteur Caligari (Robert Wiene, 1920), un des jalons de l’expressionnisme allemand, mais aussi, sur un ton parodique, avec la scène de la douche, un clin d’oeil au Psychose d’Alfred Hitchcock, où le poignard est remplacé par une ventouse à déboucher les WC !

Le tourbillon d’images et de musique de Phantom of the Paradise a aussi révélé des talents, celui du compositeur Paul Williams, bien sûr, mais aussi celui de Jessica Harper qui impose, dès son premier rôle au cinéma, ses dons d’actrice et de chanteuse (avec un beau timbre d’alto), ce qui nous vaudra de la revoir, trois ans plus tard, dans l’inoubliable Suspiria de Dario Argento.

Phantom of the Paradise

Présentation - 5,0 / 5

Film unique, Phantom of the Paradise, non seulement devait être réédité, mais mérite amplement les honneurs que lui réserve Carlotta Films en l’accueillant dans sa prestigieuse Collection Coffrets Ultra Collectors.

The Phantom of the Paradise (92 minutes) et ses suppléments (près de 3h30) tiennent sur un Blu-ray double couche logé dans un Coffret Ultra Collector, en édition limitée à 3 000 exemplaires, en compagnie de deux DVD -9 sur lesquels on retrouve le film et l’intégralité des suppléments du Blu-ray.

Le menu animé et musical propose la version originale sous deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 ou DTS-HD MA 2.0 (avec sous-titres optionnels) et un doublage en français au format DTS-HD Master Audio 1.0. Sur le DVD, trois formats aussi : Dolby Digital 5.1 et 2.0 pour la VO, Dolby Digital 1.0 pour le doublage.

À l’instar des autres titres parus dans cette collection, Body Double, L’Année du dragon, Panique à Needle Park, Little Big Man et The ‘Burbs (Les banlieusards), les disques sont glissés dans la couverture d’un livre (16 x 22 cm, 160 pages, dont 26 pages de photos), rassemblant plusieurs articles : De Palma of the Paradise, un long entretien entre le réalisateur et David Bartholomew, publié en 1975 dans le magazine américain Cinefantastique (CFQ), livrant de passionnantes révélations du réalisateur sur la genèse du film, sur les oeuvres qui l’ont inspiré et les références qu’il contient, sur le tournage, sur ses autres films… Puis, dans Bienvenue dans les années 70 : Phantom of the Paradise, Luc Lagier, dans un extrait de Mille yeux de Brian De Palma, écrit en 2008 pour Les Cahiers du cinéma, procède à une mise en abyme du cinéma de Hollywood et de ses luttes pour le pouvoir. Suit, The System and I, par Jean-Baptiste Thoret, un panoramique sur l’évolution du cinéma de Brian De Palma, « cinéaste new-yorkais avant d’être hollywoodien » et, plus généralement, sur l’évolution du cinéma américain, avant d’analyser le film en le resituant dans son contexte politique… Dans Des chansons pour le diable, Alexandre Poncet, journaliste et compositeur, passe en revue la vie et l’oeuvre de Paul Williams puis décortique certaines chansons du film, présentées dans leur texte original et une traduction en français, avec quelques-unes de leurs mesures. Puis viennent les Paroles des chansons du film, en anglais, et une Histoire de la promotion de Phantom of the Paradise, la traduction d’un article d’Ari Kahan sur les errements de la promotion du film en partie responsables de son échec commercial, avant qu’il ne finisse par être apprécié à sa juste valeur et à trouver son public.

Et, pour finir, une intéressante revue de presse, allant de 1975 à 2014, avec des articles d’Olivier Eyquem pour Positif, de Gérard Lenne et Alain Lacombe pour Écran, d’Alain Garel et Jacky Berthelin pour La Revue du cinéma et Image et son, de Nicolas Boukhrief pour Starfix et de Pierre Berthomieu pour le Positif de mars 2014.

Sortent, simultanément à cette superbe édition, une édition simple, l’une sur Blu-ray, l’autre sur DVD, avec des suppléments limités, pour l’essentiel, à Paradise regained (détaillé dans la rubrique suivante).

Une vidéo vous donne un aperçu de ce magnifique coffret.

Phantom of the Paradise

Bonus - 4,0 / 5

Pas d’inédits dans les bonus vidéo : on retrouve ceux de l’édition Opening 2006 complétés par d’autres, produits pour la plupart par Arrow Video. Une importante somme, toutefois, d’une durée cumulée d’un peu plus de 3h30, le tout en HD.

Après une courte présentation par Gerrit Graham (1’), l’interprète de Beef… qui s’affiche comme le héros du film !, Paradise regained (52’, 2005) donne la parole à Brian De Palma (il dit avoir connu des gens prêts à vendre leur âme au diable pour faire éditer leur musique ou décrocher un rôle dans un film !), ainsi qu’au producteur Ed Pressman, à Paul Williams, compositeur des chansons et aux acteurs principaux. Sont rappelées des anecdotes de tournage et les grandes lignes des procès déclenchés par la sortie du film, dont nous reparlerons plus loin. Un peu superficiel, mais plaisant.

Dans les coulisses du Paradise (33’, 2002), Brian De Palma confie que le film est un hommage au roman de Nathanael West publié en 1934, A Cool Million: The Dismantling of Lemuel Pitkin, se souvient de la difficile recherche d’un producteur, du tournage à Los Angeles, puis dans un théâtre de Dallas, enfin à New York. Il avait été affecté par le médiocre accueil du film par le public et la critique, sauf dans deux villes, Paris et Winnipeg ! Un rapide survol de l’histoire de l’oeuvre.

Phantom of the Paradise

Entretien de Paul Williams avec Guillermo del Toro (72’). La différence de gabarit n’y fait rien : ces deux-là s’entendent comme larrons en foire pour dire tout le bien qu’ils pensent du film. Paul Williams évoque sa petite taille (1,40 m au lycée) qui a contribué à sa personnalité, les excès d’une jeunesse embuée par l’alcool et la drogue, l’élan qu’a donné Phantom of the Paradise à sa carrière de compositeur pour le cinéma et la télévision, notamment dans des émissions tels que le Muppet Show, et aussi à sa carrière d’acteur (c’est lui qui prête sa voix à Oswald Cobblepot, alias « The Penguin », dans la saga animée Batman). Guillermo del Toro révèle sa complicité avec Paul Williams qui pourrait écrire les chansons d’une possible adaptation en comédie musicale du Le Labyrinthe de Pan.

Le fiasco Swan Song (11’). Brian De Palma revient sur le cauchemar des procès : quelques mois seulement avant la sortie du film, en pleine postproduction, Peter Grant, le producteur de Led Zeppelin, avait créé une société nommée Swan Song et était, de plus, le producteur d’un chanteur mort électrocuté sur scène. Il n’en fallait pas plus pour qu’il obtienne que le logo « Swan » qui apparaissait dans de multiples cadres soit effacé. L’équipe a dû, par un bricolage de dernière minute qui laisse des traces, recouvrir tous les « Swan » (et tous les cygnes) avec l’image d’un passereau mort et le logo Death Records ! Pour faire bonne mesure, Universal s’est opposé à l’utilisation du nom « Phantom » pour le titre (qui fut au dernier moment changé pour « Phantom of the Paradise ». C’est ainsi qu’une confortable avance sur recettes de la Fox fut, en grande partie, absorbée par ces chicanes.

Suivent, Carte blanche à Rosanna Norton (10’), la créatrice des costumes, alors à ses débuts, Paradis perdu et retrouvé (14’), une suite de scènes coupées, certaines projetées en parallèle avec celles du montage final, Karaoké (20’) reprenant six chansons du film, une Fausse pub (1’) pour la promotion d’une figurine du Phantom, deux Spots radio (2’) avec le slogan « He sold his soul for rock’n’roll » et, pour finir, deux bandes-annonces.

Phantom of the Paradise

Image - 5,0 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC), après restauration et transfert 2K, débarrassée de la moindre marque du temps et du bruit vidéo, sans altération de la texture originelle par lissage excessif, est magnifique, lumineuse, avec des couleurs vives, des contrastes affirmés et des noirs à l’encre de Chine.

Phantom of the Paradise

Son - 4,5 / 5

Un choix à faire pour la version originale, entre DTS-HD Master Audio 2.0 et un remixage multicanal DTS-HD MA 5.1, vraisemblablement le plus proche du son originel (4-Track stereo, Westrex Recording System) apportant un net gain sur la profondeur de l’image et sur l’ampleur de l’accompagnement musical, sans dénaturation artificielle.

En comparaison, le doublage DTS-HD MA 1.0, propre, paraît étriqué, avec une bande passante moins large et une très faible dynamique.

Phantom of the Paradise

Crédits images : © 1974 HARBOR PRODUCTIONS, INC. RENOUVELÉ © 2002 HARBOR PRODUCTIONS, INC. TOUS DROITS RÉSERVÉS.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 28 avril 2017
Phantom of the Paradise va vous entraîner dans un délirant tourbillon d’images et de musique. Absent des catalogues, ce film d’une folle inventivité nous revient avec une image et un son remasterisés, dans une superbe édition limitée, débordant de suppléments.
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Stéphane Leblanc
Le 10 janvier 2017
Pas de commentaire.
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Franck Brissard
Le 5 novembre 2013
Pas de commentaire.

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