Réalisé par Nicolas Pariser
Avec
Fabrice Luchini, Anaïs Demoustier et Nora Hamzawi
Édité par M6 Vidéo
Alice Heimann, une normalienne, vient d’être embauchée à la mairie de Lyon. Le poste qui lui était destiné vient d’être supprimé, mais un autre a été aussitôt créé, spécialement pour elle : « travailler aux idées ». Celles qui manquent au maire, Paul Théraneau, asséché par une trentaine d’années d’investissement dans la politique.
Alice et le maire est le deuxième long métrage de Nicolas Pariser après Le Grand jeu, sorti en 2015, une première exploration des coulisses de la politique, terrain de prédilection du réalisateur et scénariste.
Je n’arrive plus à penser. Plus du tout !
Alice et le maire donne, comme l’avait fait Le Grand jeu, la primauté aux dialogues, intelligents, bien écrits et… bien dits, toujours correctement articulés, fait assez rare dans le cinéma français contemporain pour être souligné.
Fabrice Luchini choisit la retenue, alors que le rôle aurait pu le pousser au cabotinage, un travers qui peut agacer. Il est, ici, tout à fait crédible dans l’incarnation d’un personnage dont la sincé
rité et la spontanéité sont définitivement usées par une trentaine d’années de représentation devant ses administrés, les media, l’opposition et ses collaborateurs. Le jeu, toujours sobre, d’Anaïs Demoustier s’accorde naturellement au rôle d’Alice, observatrice neutre, sans préjugés ni ambitions carriéristes, des coulisses d’un monde inconnu dont elle découvre les rouages et les conventions.
Il fait 35° en Sibérie
Alice et le maire, plutôt bienveillant à l’égard des personnes, élus et fonctionnaires territoriaux, est plus caustique à l’encontre des institutions dont il révèle quelques travers. La désorganisation quand Alice, la dernière entrée, doit, au pied levé, présider une réunion sur les conditions d’hébergement de sans-papiers, sans aucune connaissance du dossier. La dispersion des énergies, illustrée par l’emploi du temps chaotique du maire, trimbalé du coq à l’âne, sans priorités apparentes. Le gaspillage, épinglé par « Lyon 2500 », un projet fumeux visant à faire du passé de la cité le point d’ancrage de la politique à venir et le moyen d’assurer son rayonnement planétaire… L’équipe municipale semble dériver, portée par le courant dans une sorte de laisser-aller qu’une échappatoire tente de relativiser : « Parler de la baisse des impôts locaux et pendant ce temps-là il fait 35° en Sibérie et les bactéries congelées depuis des millions d’années s’apprêtent à nous attaquer ! »
Alice et le maire (105 minutes) et son complément (30 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 édité par M6 Vidéo, logé dans un boîtier bleu standard non fourni pour le test, effectué sur check disc.
Le menu animé et musical propose le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0 stéréo.
Piste d’audiodescription DTS-HD MA 2.0 stéréo et sous-titres pour malentendants.
Interview de Nicolas Pariser (30’). Attiré par
Steven Spielberg, Nanni Moretti, Maurice Pialat… « mais pas
de Jacques Rivette », il dit s’être formé, dès 22 ans, une
vision synthétique du cinéma, notamment en s’étant essayé à la
critique. C’est sa rencontre avec Pierre Rissient, dont il
devint l’assistant, qui le décida, « pour faire ses gammes », à
réaliser trois courts métrages avant
L’image (1.85:1, 1080p, AVC), précise, propose d’agréables contrastes, avec des noirs denses et des couleurs naturelles, soigneusement étalonnées. D’une texture délicate, elle respecte le grain argentique du 35 mm.
Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo, bienvenue pour les installations non équipées pour le multicanal) restitue avec clarté les dialogues, dans un bon équilibre avec l’accompagnement musical de Benjamin Esdraffo, agréable et jamais envahissant. L’utilisation mesurée des canaux latéraux réussit à créer une discrète, mais cohérente, sensation d’immersion dans l’ambiance.
Crédits images : © M6 Vidéo