Whity (1971) : le test complet du DVD

Réalisé par Rainer Werner Fassbinder
Avec Günther Kaufmann, Ron Randell et Hanna Schygulla

Édité par Carlotta Films

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Le 26/06/2012
Critique

L’Ouest des États-Unis à la fin du XIXe siècle. Whity est le domestique noir des Nicholson, une famille de riches propriétaires terriens. Depuis que Ben Nicholson s’est remarié avec une femme infidèle qui rêve d’héritage, le domaine est le théâtre d’une décadence quotidienne. Le patriarche possède deux fils d’un précédent mariage : l’un est un homosexuel caché et l’autre un attardé mental. À la fois souffre-douleur et confident de la famille, Whity accepte son sort avec une parfaite servilité. Mais Hanna, une prostituée de saloon dont il s’est épris, tente d’attiser en lui une réaction de révolte…

Troisième mise en scène de Rainer Werner Fassbinder de l’année 1971, et sixième long-métrage, Whity demeure l’une des oeuvres les plus atypiques du plus prolifique des cinéastes allemands. Entre le téléfilm Pionniers à Ingolstadt et Prenez garde à la sainte putain, Fassbinder réalise un western singulier, genre à travers lequel il explore quelques uns de ses thèmes de prédilection qu’il ne cessera de développer tout au long de sa prodigieuse carrière, à savoir le racisme, les relations conflictuelles entre les classes sociales et l’oppression des plus faibles.

Volontairement kitsch, ce théâtre de personnages, ou plutôt de marionnettes perverties moralement ou physiquement (on pense souvent aux Damnés de Visconti et au Théorème de Pasolini), donne l’occasion à Fassbinder de rendre un hommage explicite aux Rapaces d’Erich von Stroheim, un de ses films de chevet. Le personnage de Whity, valet, confident, bonne d’enfants et souffre-douleur, est solidement campé par Gunther Kaufmann, acteur fétiche et compagnon de Fassbinder, et impose sans mal son charisme et son immense sensibilité. Egalement charge sévère et critique du mythe américain, Whity a le don de créer le malaise chez les spectateurs plus de quarante ans après sa sortie.

Édition - 7,5 / 10

Jusqu’alors disponible uniquement dans un coffret (avec Lili Marleen et Pionniers à Ingolstadt) édité par Opening en 2006, Whity fait peau neuve chez Carlotta, qui propose enfin le western de Fassbinder à l’unité. La jaquette est sobre mais élégante, tout comme le menu principal animé et musical, qui ne propose malheureusement que le chapitrage ou de démarrer le film directement.

Aucun supplément, pas même une bande-annonce n’est disponible.

Ce nouveau master restauré et édité par Carlotta l’emporte haut la main sur la copie sortie chez Opening en 2006. Tout d’abord, la colorimétrie retrouve tout son éclat. Les bleus et les rouges sont ici électriques, les blancs étincelants et la photo signée par l’indispensable Michael Ballhaus, plongeant les personnages dans une couleur spectrale et verte, voit enfin ses partis-pris esthétiques entièrement respectés. La restauration est impeccable, quelques rares points et fourmillements demeurent constatables mais demeurent subliminaux, et même si certaines séquences sont plus altérées, les noirs affichent une nouvelle densité et le piqué n’a jamais été aussi tranchant. Ajoutez à cela un grain d’origine respecté, un cadre large 2.35 fourmillant de détails et vous obtenez le plus beau master du film édité à ce jour.

Comme pour l’image, le son a aussi subi un dépoussiérage conséquent et cette piste Dolby Digital mono distille ses dialogues (réalisés en postsynchronisation) et ses effets annexes (le tictac récurrent d’une horloge) avec une redoutable efficacité. Le confort acoustique est assuré même si l’ensemble manque de naturel. La musique de Peer Raben, compositeur attitré de Rainer Werner Fassbinder, profite de son côté d’une belle ouverture sonore et aucun souffle sporadique n’est à déplorer.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm