Edouard & Caroline (1951) : le test complet du DVD

Édouard et Caroline, jeune couple d’amoureux, habitent un petit appartement. Édouard, pianiste, doit donner un concert. Pauvre et sans smoking, il va en emprunter un chez le cousin de sa femme. Pendant ce temps, Caroline décide de découper sa robe pour la mettre au goût du jour… Dispute conjugale, cris, gifles, demande de divorce : il faudra toute la nuit pour que le couple se réconcilie enfin au petit matin.

Les cinéphiles connaissent l’enfance bourgeoise de Jacques Becker, sa rencontre et sa collaboration avec Jean Renoir, son élégance, sa passion pour les milieux populaires et la jeunesse. Edouard et Caroline synthétise tous ces éléments avec une virtuosité et une fraîcheur étonnantes. Coincé entre Rendez-vous de juillet et Casque d’or, cette oeuvre souvent oubliée de la passionnante filmographie de Jacques Becker n’a rien perdu de sa verve, de son ardeur et son pouvoir revigorant bien des décennies après. Merveilleusement interprété par le couple pétillant Daniel Gélin et Anne Vernon, mais aussi par une ribambelle de merveilleux seconds couteaux si chers au cinéaste, Edouard et Caroline permet au metteur en scène de filmer la vie, les petits détails, les gestes et les regards d’un couple amoureux, en s’inspirant des prises de becs et des heureuses retrouvailles de sa liaison avec sa scénariste Annette Wademant, âgée seulement de 22 ans.

En tirant à boulets rouges sur la grande bourgeoisie arrogante, snob, hypocrite et décadente, Jacques Becker rend hommage aux petites gens et aux artistes qui luttent quotidiennement pour s’en sortir et qui savent profiter des petits plaisirs de la vie aux côtés de l’être aimé. Objet singulier, film virtuose, techniquement irréprochable, d’une folle élégance, merveilleusement dialogué, teinté de comédie américaine sophistiquée et de néoréalisme italien dans son étude sociale, loué par les réalisateurs de la Nouvelle-Vague qui faisaient souvent référence à sa liberté de ton, Edouard et Caroline fait ni plus ni moins partie des chefs d’oeuvres de l’immense cinéaste qu’était Jacques Becker.

Le DVD repose dans un superbe slim digipack qui comprend également un petit livret de 12 pages signé Charlotte Garson, critique aux Cahiers du cinéma. En guise d’interactivité nous trouvons une galerie de photos et d’affiches, ainsi qu’une filmographie de Jacques Becker. La sérigraphie du DVD est classe, le menu principal fixe et musical fort soigné. Un très bel objet.

Tamasa Distribution nous permet de voir ou revoir Edouard et Caroline, jusqu’alors inédit en DVD, dans une très belle copie. Fort d’un master au format respecté 1.37 et d’une compression sans faille, ce DVD flatte souvent les rétines dès le générique d’ouverture. La restauration ne fait aucun doute, la stabilité est de mise, les contrastes d’une densité souvent impressionnante, les gris riches, les blancs lumineux et le grain original heureusement préservé. Le piqué est assez tranchant et les détails étonnent par leur précision notamment dans le rendu des textures (voir dans l’appartement bourgeois). Hormis divers moirages, légers fourmillements et plans moins définis, la copie reste solidement gérée tout du long.

Egalement restaurée, la piste Mono instaure un bon confort acoustique avec des dialogues propres. Si un souffle et léger bruit de fond demeurent chroniques, l’écoute est dynamique et les ambiances annexes sont limpides.