Paraguay : Pouvoir et impuissance + La tierra sin mal (2010) : le test complet du DVD

La Tierra sin mal (2008, 80’) est un reportage sur les élections présidentielles du 20 avril 2008 dans lesquelles Fernando Lugo, sous la bannière du parti populaire Tekojoja, s’opposait à Bianca Ovelar, candidate du parti Colorado, aux commandes du pays depuis 1989, à la chute du général Stroessner dont la dictature commença en 1954.

Pouvoir et impuissance (2014, 103’), reprend l’histoire à la fin de La Tierra sin mal. Fernando Lugo, élu président de la république, est confronté à un parlement hostile, dominé par des représentants du parti Colorado. Les réformes promises ne se font pas. Après plusieurs tentatives, Fernando Lugo et ses ministres sont destitués par le parlement les 21 et 22 juin 2012, dans des conditions qui ne respectaient pas les dispositions de la constitution.

La Tierra sin mal et Pouvoir et impuissance, les premiers films d’Anna Recalde Miranda, arrière-petite-fille du premier député socialiste élu au Paraguay en 1923, donnent en trois heures une vue assez complète des enjeux politiques et de l’histoire récente de ce pays de 6,5 millions d’habitants, aspirant à la démocratie depuis plus de 60 ans.

Le premier film s’ouvre sur les Archives de la terreur, l’accumulation de tous les documents récupérés de l’Opération Condor, une campagne de lutte contre la guérilla communiste menée conjointement par les services secrets des dictatures d’Amérique latine, Paraguay, Uruguay, Bolivie, Chili, Brésil et Argentine, avec la complicité officieuse des USA.

Cette entrée en matière permet d’apprécier la rigueur de la dictature du général Stroessner avec son lot de tortures et d’assassinats des citoyens arrêtés pour «  mauvaise conduite  » et de fustiger l’immunité dont profitent encore les responsables ou leurs sympathisants, restés aux commandes des institutions.

La suite met en avant les problèmes du pays, la pauvreté qui sévit, notamment chez les paysans sans terres, une bonne partie d’entre elles, bien souvent, non cultivées, ayant été accaparées par la dictature et données à certains de ses soutiens. Mais aussi la corruption, l’influence des narcotrafiquants et les menées terroristes, dans le nord du pays, de l’EPP (Ejército del Pueblo Paraguayo).

Le plus frappant, notamment dans le deuxième film, est l’état d’impuissance auquel a été réduit Fernando Lugo, ex-évêque de San Pedro, dit « l’évêque des pauvres », incapable de faire voter par le parlement les mesures promises dans sa campagne électorale. La maladie, un lymphome, s’est même chargée de lui compliquer la tâche, comme la divulgation de l’existence de deux fils qu’il a eus, l’un à 48 ans d’une femme de 16 ans.

La Tierra sin mal et Pouvoir et impuissance sont, sans doute possible, des documents à charge contre le régime en place au Paraguay, ce qu’ils ne cherchent d’ailleurs pas à cacher. Tout n’est peut-être aujourd’hui pas aussi blanc et noir que l’impression laissée par leur visionnage. À chacun, pour s’en assurer de compléter son information par la lecture de nombreuses publications sur la situation politique d’un pays dont la légitimité de l’actuel gouvernement reste contestée par plusieurs nations, les irrégularités de la destitution de 2012 lui donnant l’allure d’un coup d’état. Et la démocratie apparente est étiqueté par beaucoup « démocrature ».

La Tierra sin mal et Pouvoir et impuissance (80 + 103 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé, comme tous les titres édités par Damned Films, dans un digipack de 7 mm. Un menu fixe et muet propose les deux documentaires dans leur version originale, au format Dolby Digital 2.0, avec le choix de quatre langues de sous-titres : français, anglais, italien ou espagnol.

Aucun bonus vidéo. Ce qu’on peut regretter : un court rappel de l’histoire récente du Paraguay, fût-ce par un texte, aurait été utile à ceux, certainement très nombreux, qui ne connaissent pas cette histoire.

L’image (4/3, 1.78:1 pour La Tierra sin mal - 16/9, 1.78:1 pour Pouvoir et impuissance) est plutôt bien définie pour toutes les séquences filmées par la réalisatrice, surtout dans le deuxième film en 16/9, avec des couleurs naturelles, bien étalonnées. La qualité technique des archives est variable.

Le son Dolby Digital 2.0, mono de La Tierra sin mal est assez propre, mais parfois un peu étriqué. Le son Dolby Digital stéréo du deuxième film offre une dynamique nettement supérieure et un spectre plus ouvert, donnant une belle présence à l’accompagnent musical.

Crédits images : © Damned Films