Les Griffes de la peur (1969) : le test complet du Blu-ray

Eye of the Cat

Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret

Réalisé par David Lowell Rich
Avec Michael Sarrazin, Gayle Hunnicutt et Eleanor Parker

Édité par Rimini Editions

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Le 29/06/2021
Critique

Intrigue criminelle débouchant sur une terreur fantastique, filmée d’une manière baroque et nerveuse.

Les Griffes de la peur

USA, San Francisco et Sausalito, 1969 : Wylie, neveu de la milliardaire Danny, condamnée par la médecine mais encore bien vivante et assez énergique, est retrouvé par l’avide manucure Kassia Lancaster qui lui expose la situation morale et sanitaire de sa parente. Elle lui propose dans la foulée un pacte criminel. Si Wylie accepte de revenir chez Danny et réussit à lui faire modifier son testament, Kassia la tuera puis ils partageront l’argent. Un seul détail pourrait compromettre ce plan diabolique : Danny vit entourée de dizaines de chats alors que Wylie nourrit une phobie infantile à leur égard. Et elle ne vit pas seule mais en compagnie de Luke, le frère de Wylie. Kassia juge ces obstacles surmontables : ils vont se révéler insurmontables.

Les Griffes de la peur (Eye of the Cat, USA 1969) de David Lowell Rich (1920-2001) est probablement le meilleur titre de sa filmographie cinéma et on peut aujourd’hui le considérer comme un classique du cinéma fantastique autant que comme un classique du cinéma policier de la période 1960-1970.

Les Griffes de la peur est brillant, intelligent, plastiquement inspiré, débouchant à plus d’une reprise sur la terreur, l’épouvante, le fantastique : rien d’étonnant puisque le scénariste est Joseph Stefano qui avait été, presque dix ans plus tôt, l’adaptateur talentueux pour Alfred Hitchcock du remarquable roman de Robert Bloch, Psychose. Le scénario est certes relativement artificiel et on ne croit guère à ses personnages caricaturaux qui n’auraient cependant pas dépareillé dans un film signé Robert Aldrich à la même époque. Mais cela n’a, en fin de compte, guère d’importance : son mérite est de permettre quelques séquences formellement remarquables. D’abord le générique d’ouverture, un des plus beaux et des mieux écrits du cinéma américain de la période 1960-1970 qui en compte pourtant beaucoup et, ensuite, ses ultimes séquences nocturnes, non moins brillantes en raison d’un montage particulièrement sophistiqué et soigné. Autre atout non négligeable : le casting féminin qui oppose l’érotisme de la jeune Gayle Hunnicutt à celui de la mûre Eleanor Parker tandis que le casting masculin est honnête mais un peu moins inspiré ; à noter en passant une séquence de bagarre féminine assez rude et un peu déshabillée entre Gayle Hunnicut et une jeune droguée au cours d’une soirée hippie sociologiquement caricaturale. Troisième atout : le décor principal de la riche villa de la milliardaire dont la décoration baroque et surchargée produit, en raison de son mauvais goût étouffant, un effet de malaise et de claustration, très bien exploité. Quatrième atout : une direction photo sophistiquée signée par rien moins que deux des meilleurs techniciens des années 1955-1970. Cinquième atout : une musique angoissante non moins sophistiquée, signée par Lalo Schifrin dont c’était alors l’âge d’or en matière d’inspiration.

Les Griffes de la peur

Reste que l’idée du (ou des) chat (s) vengeur (s) - qu’il s’agisse d’une obsession ou d’une réalité ou d’une oscillation entre les deux hypothèses, laissant naître l’angoisse du fantastique - n’est pas totalement originale : on la trouvait déjà exploitée dans le plastiquement beau (à condition de le visionner au format large original ce qui n’est hélas pas le cas en vidéo pour l’instant) Le Spectre du chat (GB 1961) de John Gilling. Elle est ici physiquement reprise mais intelligemment démultipliée d’une manière parfois plastiquement impressionnante. C’est un peu le même principe concernant le générique d’ouverture : alors que celui de La Rue chaude (Walk On the Wild Side, USA 1962) d’Edward Dmytrick montrait déjà un chat progresser en écran large N&B sur un montage remarquable, celui de Les Griffes de la peur démultiplie l’idée car Lowell Rich l’adapte avec brio au « split-screen », en écran cette fois-ci en couleurs et divisé en divers fragments se recomposant au gré des actions filmées à l’intérieur du cadre principal. L’Etrangleur de Boston (USA 1968) de Richard Fleischer venait d’utiliser le procédé l’année précédente et il était à la mode.

On le voit, David Lowell Rich était un cinéaste venu de la télévision mais qui allait de toute évidence régulièrement au cinéma examiner ce que faisaient ses confrères. Il s’avère en tout cas, en 1969, à la pointe de la technique cinématographique. Par la suite, Lowell Rich redevint surtout un « téléaste » autant qu’un cinéaste. Il dirigea notamment, pour le grand écran comme pour la TV, plusieurs films-catastrophes de séries A et B entre 1970 et 1979. Les Griffes de la peur fait assurément regretter qu’il n’ait pas poursuivi dans le genre fantastique au cinéma.

Les Griffes de la peur

Présentation - 4,0 / 5

1 édition collector combo 1 Blu-ray région B + 1 DVD9 + 1 livret sous étui, édités sous digipack par Rimini le 03 juin 2021. Illustration de l’étui reprenant l’illustration d’une des affiches originales. Durée du film sur Blu-ray : 102 min. environ, sur DVD : 98 min. env. Image Blu-ray en couleurs, Full HD 1080p au format original 1.85 respecté et compatible 16/9. Son DTS HD Master audio en 2.0 mono VF d’époque + VOSTF. Suppléments : entretien avec Gilles Gressard + fin alternative + bande-annonce. Livret 24 pages illustrées de Marc Toullec, pas reçu.

Bonus - 3,0 / 5

Présentation par Gilles Gressard  : (16/9, durée 22 min. environ) : présentation (tournée à distance pendant l’épidémie de Covid19) qui situe correctement le titre dans les filmographies du cinéaste et des acteurs principaux, dans l’histoire du cinéma policier et fantastique, et qui révèle quelques détails sur le dressage des chats, par le dresseur animalier Ray Berwick (1914-1990), ce même Berwick qui avait autrefois dressé Les Oiseaux (USA 1963) d’Alfred Hitchcock.

Fin alternative présentée par Gilles Gressard (16/9 puis 4/3, durée 13 min. environ) : il s’agit de la fin moins surnaturelle et graphiquement édulcorée, moins plastiquement sanglante, avec un seul chat au lieu de plusieurs dizaines attaquant Gayle Hunnicut ; elle fut tournée (simultanément à la version cinéma originale) pour permettre au film d’être programmé à la TV américaine au début des années 1970. Logiquement, on a droit ici à l’image TV de l’époque : magnétique, décolorée, en format 1.37 compatible 4/3 en VO sans STF.

Bande annonce originale (16/9, VO sans STF, durée 2 min. environ) : assez bien montée mais en état argentique et vidéo médiocre.

Édition spéciale honnête qui permet au spectateur de situer correctement le titre mais qui ne remplace cependant pas, sur le strict plan des suppléments, l’édition spéciale américaine de 2018 qui, elle, présentait une galerie photos et affiches comportant rien moins que 78 documents ainsi que l’intégralité vidéo de la version TV alternative.

Les Griffes de la peur

Image - 3,0 / 5

Full HD 1080p au format original 1.85 respecté, en Technicolor compatible 16/9. C’est exactement le même master que celui de l’édition américaine Blu-ray de Shout Factory de 2018. Image argentique bien définie, dénuée de rayures mais pas complètement restaurée par Universal (au catalogue duquel il appartient) car occasionnellement constellée, sur certains plans, de poussières négatives et positives, ainsi que de quelques saletés et brûlures fugitives. Excellent transfert vidéo sur le plan de la définition. Ceci compense cela et permet au final de découvrir ce titre devenu rare dans de bonnes conditions visuelles tout de même. Colorimétrie soignée et bon équilibre général entre respect du grain cinéma et lissage vidéo. Image signée Ellsworth Fredericks et Russell Metty, comptant tous deux parmi les directeurs photos les plus talentueux de la période américaine 1950-1970 concernant l’écran large.

Les Griffes de la peur

Son - 5,0 / 5

VOSTF et VF d’époque en DTS HD Master Audio 2.0 mono : choix nécessaire et suffisant pour le cinéphile francophone. La piste VOSTF est presque impeccablement nettoyée ; elle est dotée d’un rapport dialogues-musique-effets sonores meilleur que celui de la VF d’époque dramaturgiquement soignée. La VF modifie parfois un peu la VO : « Votre nom sonne comme un coup de fouet », dit la VF alors que la VO disait « Votre nom sonne comme une porte de prison qui se ferme ». Pas tout à fait la même comparaison : les exigences phonétiques et celles de la synchronisation du mouvement des lèvres ont suggéré une telle adaptation. Musique ample et impressionnante composée par Lalo Schifrin dont c’était alors l’âge d’or : on la considère comme une de ses meilleures partitions. Elle aussi était devenue difficile d’accès aux USA avant l’édition américaine Shout Factory de 2018 : cette édition Rimini française va permettre à de nombreux cinéphiles de la découvrir dans de bonnes conditions audiophiles.

Crédits images : © Joseph L. Schenck Enterprises

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
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francis moury
Le 30 juin 2021
Intrigue criminelle débouchant sur une terreur fantastique, filmée d’une manière baroque et nerveuse. Probablement le meilleur titre signé par le cinéaste David Lowell Rich, ici artisan inspiré.

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