Dernier domicile connu (1969) : le test complet du Blu-ray

Digibook - Blu-ray + DVD + Livret

Réalisé par José Giovanni
Avec Lino Ventura, Marlène Jobert et Michel Constantin

Édité par Coin de Mire Cinéma

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Le 17/11/2021
Critique

Remarquable film noir policier français, au style pointilliste, à la violence graphique parfois inattendue.

Dernier domicile connu

France, Paris 1969 : l’inspecteur chevronné Marceau Léonetti, de la Brigade criminelle, est rétrogradé momentanément dans un commissariat du dix-huitième arrondissement à la suite de l’arrestation du fils ivre d’un avocat haut placé. On lui confie la reprise d’une enquête difficile où tous ses collègues échouent depuis cinq ans  : retrouver la trace d’un comptable témoin d’un meurtre commis par un dangereux gangster dont le procès aura lieu dans quelques jours. Sa hiérarchie lui adjoint Jeanne Dumas, une jeune assistante sociale novice en matière policière. Ils ignorent que le gang mène une enquête parallèle pour retrouver le comptable avant la police afin de le tuer. Lorsque Marceau s’en rend compte, l’affaire se corse.

Dernier domicile connu (Fr.-Ital. 1969) de José Giovanni (1923-2004), sorti au cinéma à Paris le 25 février 1970, est un des classiques du film noir policier français de la décade 1960-1970 et l’un des meilleurs de la filmographie de Giovanni réalisateur (une quinzaine de titres tournés de 1967 à 2001). Le scénario est une adaptation par Giovanni d’un roman au titre identique de Joseph Harrington (éditions Gallimard, collection Série noire) mais dont l’action se déroulait à New York. Sa réalisation et son montage sont très soignés, parfois sophistiqués (l’enquête sur les pigeons est un bon exemple d’un style à la fois élégant et dynamique). La mise en scène est parfois si claire et précise qu’elle peut se passer de dialogues (les arrestations violentes menées par Léonetti ou, encore elle, l’enquête sur les pigeons) devenant cinéma pur porté par la musique de François de Roubaix.

Son scénario repose sur un thème très classique du film noir américain, celui qui était illustré par l’admirable La Femme à abattre (The Enforcer, USA 1950) de Bretaigne Windust mais dont la mise en scène était revendiquée par Raoul Walsh. Il est ici très bien adapté à la société française de la fin des années 1960. S’y ajoute une séquence nocturne de violence graphique à la brutalité d’une intensité inattendue - sans doute une des plus brutales du film noir policier français du vingtième siècle - et qu’on n’oublie plus une fois qu’on l’a visionnée : c’est d’ailleurs le seul film où l’acteur Michel Constantin, souvent cantonné aux rôles comiques à cette époque, fasse peur. Lino Ventura en vedette compose un des meilleurs rôles de toute sa filmographie : casting par ailleurs varié, d’une bonne tenue.

Autre intérêt : Dernier domicile connu est filmé dans un Paris qui se métamorphose et dont la caméra d’Etienne Becker enregistre les changements d’une manière parfois presque documentaire. La porte du 22 rue des Couronnes s’ouvre sur un espace vide gigantesque qui ressemble à celui du « trou des Halles » que Le Tueur (Fr.-Ital.-RFA 1972) de Denys de la Patellière montrera bientôt. La Cité de la Glacière dans le treizième arrondissement est l’occasion de séquences presque sociologiques. Un regret cependant, et de taille : les cinémas parisiens où se déroulent les arrestations de maniaques attirés par l’actrice Marlène Jobert sont filmés d’une manière fragmentaire et abstraite : on ne profite ni de leur programmation affichée, ni de leur architecture intérieure ou extérieure. Le seul dont on aperçoit fugitivement le nom est Le Bikini.

Dernier domicile connu s’achève sur une citation littéraire du poète roumain Mihai Eminescu (1850-1889) mais certaines sources l’attribuent au poète roumain George Coșbuc (1866-1918).

Dernier domicile connu

Présentation - 5,0 / 5

1 digibook combo contenant 1 Blu-ray BD50 région B + 1 DVD9 + 1 livret et des photos, édité par Coin de Mire et Studio Canal le 10 septembre 2021. Image du film au format original 1.66 respecté compatible 16/9. Son DTS-HD Master Audio 2.0 mono sur Blu-ray et Dolby mono sur DVD en VF d’époque + VFSTF sourds et malentendants. Durée du film sur Blu-ray: 106 min., sur DVD : 101 min. environ. Documents imprimés : une dizaine de photos couleurs françaises d’exploitation (14,5 x 11,5 cm) réparties en deux fois 6 photos rangées dans deux étuis, une affiche française d’époque (23 x 29 cm), et dans le livret, outre des éléments appartenant au dossier de presse, le collectionneur trouvera les reproductions de quelques photos allemandes d’exploitation, de quelques affiches alternatives italienne, belge, yougoslave, d’un pochette du disque de la musique du film, des articles parus en 1970 dans diverses revues, une filmographie de la collection mentionnant les titres édités et ceux prévus, bio-filmographie de José Giovanni. Suppléments vidéo : présentation par Julien Comelli, entretien avec Zazi Giovanni, actualités Pathé d’époque, publicités d’époque, bandes-annonces de la collection.

Dernier domicile connu

Bonus - 3,0 / 5

Bonus vidéo sur Blu-ray et DVD : une séance cinéma de 1970 (optionnelle : on peut aussi visionner le film directement si on le souhaite) avec actualités Pathé et publicités Jean Mineur + quelques bandes-annonces de la collection, y compris celle du film de référence. Elles sont en état argentique variable de l’assez bon au très bon, toutes en VF.

Présentation par Julien Comelli (durée 20 min. environ) : assez pointilliste, s’attardant au détour sur des titres annexes, elle fourmille d’anecdotes et replace assez précisément le titre dans la filmographie de José Giovanni. Bonnes remarques sur la musique de François de Roubaix que Comelli a raison d’aimer mais je lui signale que la musique expérimentale adaptée au cinéma de genre date de bien avant Roubaix tout de même. Le tout est filmé par Erwan Le Gac dans un joli paysage du Valais suisse, région que Giovanni aimait. Ensemble souffrant de deux défauts : une élocution trop rapide du locuteur rend certaines phrases difficiles à saisir au vol ; de nombreux extraits du film qu’on vient en général de visionner sont intégrés au montage pour illustrer la présentation, ce qui rallonge très inutilement sa durée. Quelques affiches et photos illustrent l’ensemble. Je ne me plains pas, pour une fois, de l’absence d’une véritable galerie photo car l’édition prestige Coin de mire comporte 10 belles reproductions couleurs du jeu français original.

Entretien avec Zazie Giovanni (durée 52 min. env., uniquement sur le Blu-ray) : il ne concerne pas seulement Dernier domicile connu mais couvre amplement, dans l’ordre chronologique de production, la filmographie de José Giovanni en tant que scénariste puis réalisateur. Récit vivant de la première rencontre avec Giovanni écrivain dans les bureaux de l’éditeur Gallimard puis nombreuses anecdotes de première main : comment Lino Ventura approcha Giovanni pour jouer le rôle principal dans Classe tous risque (Fr.-Ital. 1960) de Claude Sautet, pourquoi Giovanni et le directeur de la photo Étienne Becker ne collaborèrent pas davantage après la réussite plastique de Dernier domicile connu et bien d’autres choses encore.

Dernier domicile connu

Image - 5,0 / 5

Format original 1.66 Eastmancolor respecté, compatible 16/9 sur Blu-ray en Full HD (1920x1080p 24 images / secondes) et 4/3 sur DVD (en 720x576p 25 images / secondes). Image argentique très bien restaurée à partir d’un scan 4K du négatif. Sur les 106 minutes que dure le titre en Blu-ray (sa durée cinéma réelle étant donnée la vitesse du défilement de l’image en Blu-ray), seul deux ou trois plans (un plan d’ensemble de la façade du ministère de l’éducation nationale, par exemple) ont une émulsion un peu instable : le reste est impeccable. Parfait équilibre entre préservation du grain et lissage numérique. Dorénavant l’édition de référence en Full HD.

Dernier domicile connu

Son - 5,0 / 5

VF d’époque en DTS-HD Master Audio 2.0. mono (sur Blu-ray) et Dolby mono (sur DVD) + VFSTF sous-titrage français pour sourd et malentendants très fidèle au dialogue + Audiodescription. Offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Son net, piste techniquement bien nettoyée, sans effet de souffle particulier. Musique parfois un peu expérimentale, parfois plus classique, signée François de Roubaix.

Crédits images : © Cite Films, Parme Productions, Rizzoli Films, Simar Films, Valoria Film

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
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francis moury
Le 18 novembre 2021
Remarquable film noir policier français, au style pointilliste, à la violence graphique parfois inattendue.

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