François Truffaut - Les Aventures d'Antoine Doinel : le test complet du Blu-ray

Réalisé par François Truffaut
Avec Jean-Pierre Léaud, Albert Rémy et Claire Maurier

Édité par Carlotta Films

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Le 15/02/2024
Critique

Des fugues d’un adolescent parisien à l’ultime aventure d’Antoine Doinel. Truffaut et l’amour en 5 âges…

François Truffaut - Les Aventures d'Antoine Doinel

LES QUATRE CENTS COUPS

Paris 1959, quartier de la place Clichy : Antoine Doinel a quatorze ans. En classe, il est souvent puni par son maître d’école en raison de son indiscipline. À la maison, ses parents se montrent indifférents à son égard. Antoine fait l’école buissonnière avec son copain René. Il surprend un jour sa mère dans les bras de son amant. Il finit en maison de redressement mais réussit à s’en évader.

Les Quatre cent coups (France 1959) de François Truffaut est le premier volet (en partie autobiographique car Truffaut y a inséré certains de ses propres souvenirs d’enfance et d’adolescence) des aventures d’Antoine Doinel interprété par Jean-Pierre Léaud. Cette série cinématographique comporte au total cinq titres : Les Quatre cents coups (1959 long-métrage), Antoine et Colette (1962 moyen-métrage), Baisers volés (1968 long-métrage), Domicile conjugal (1970 long-métrage), L’Amour en fuite (1978 long-métrage). Sur le plan esthétique, on peut tout de suite noter que Truffaut bénéficia d’emblée d’un écran très large 2.35 en N&B pour les deux premiers titres de 1959 et 1962 puis se contenta d’un écran un peu moins large 1.66 mais en couleurs pour les titres suivants.

Ce premier long-métrage autobiographique de 1959, dédié à la mémoire du critique André Bazin mort au début du tournage, fut un succès critique (Prix de la mise en scène au Festival de Cannes, et Prix de l’Office catholique) et commercial. Il restituait avec sensibilité la vie quotidienne du Paris de l’époque, vue à travers le regard mi-innocent, mi-inquisiteur d’un adolescent. Autobiographique car Truffaut avait été, enfant et adolescent, un délinquant juvénile fasciné par l’image cinématographique. Le plan le plus célèbre du film demeure d’ailleurs pour toujours, aux yeux du cinéphile, celui où son jeune héros vole, sur la façade d’un cinéma parisien, une des photos d’exploitation montrant la belle actrice Gianna Maria Canale dans le magique péplum Théodora, impératrice de Byzance (Ital.-Fr. 1954) de Riccardo Freda. Lorsque les Cahiers du cinéma consacrèrent vers 1979 un numéro spécial hors-série aux photos de films, ils reproduisirent en couverture la photo de plateau de ce célèbre plan : image immobile sur laquelle on pouvait dorénavant nettement distinguer le titre du film dont l’une des photos d’exploitation était dérobée sous nos yeux. Cet hommage au péplum de Freda était mérité : aux yeux d’un adolescent d’une dizaine d’années (à qui les titres de films interdits aux moins de 16 ans et aux moins de 18 ans demeuraient inaccessibles), la société française de 1959 n’offrait pas grand chose de comparable, en matière de fascination-répulsion, d’attrait pour les plaisirs interdits de la mort et du désir, au péplum italien dont le second âge d’or parlant se profilait.

Excellente interprétation, portée par Jean-Pierre Léaud qui contribua à la construction de son personnage : ne pas négliger les comédiens adultes qui gravitent autour de lui et sont tous excellents, par exemple ses parents joués par Claire Maurier et Albert Rémy. Réalisme sociologique presque documentaire, contrebalancé par un discret lyrisme : sincère, émouvant, attachant et, aujourd’hui, assurément la source d’une infinie nostalgie.

François Truffaut - Les Aventures d'Antoine Doinel

BAISERS VOLÉS

Paris 1968 : Antoine Doinel a vingt-quatre ans. Enfermé derrière les barreaux d’une prison militaire, il attend d’être enfin réformé. Libéré, il va dîner chez les parents de Christine Darbon, la jeune fille dont il est amoureux mais qui le fascine moins que madame Tabard, fascinante femme mûre. Tour à tour veilleur de nuit, détective privé, employé dans un magasin de chaussures, réparateur de télévisions, Antoine Doinel s’avère un éternel instable. Jusqu’au jour où il comprend que Christine l’aime vraiment : le mariage est pour demain.

Baisers volés (France 1968) de François Truffaut est le troisième volet des aventures d’Antoine Doinel puisque, après Les Quatre cents coups (Fr. 1959) qui racontait son adolescence, Truffaut le montrait jeune homme devenu indépendant mais pauvre et amoureux de la belle Colette dans le moyen-métrage Antoine et Colette (Fr. 1962). Le titre de 1968 provient d’une chanson de Charles Trenet (Que reste-t-il de nos amours ?) et Truffaut le filme mi-mélancolique, mi-léger ; c’était la première fois qu’il se permettait une incursion dans le genre comique, à l’occasion de quelques séquences savoureuses. Au générique d’ouverture, le titre est dédié à la Cinémathèque française d’Henri Langlois qui avait, alors, maille à partir avec le ministère de la culture dirigé par André Malraux.

À partir de Baisers volés, l’ambition de Truffaut (et de ses co-scénaristes divers) se révèle franchement : sa tonalité devient autant sinon davantage balzacienne que flaubertienne. Ce n’est plus seulement un roman d’apprentissage filmé que cette vie d’Antoine Doinel fragmentée en chapitres-films, un peu comme l’aurait été par exemple une adaptation linéaire du roman d’apprentissage de Flaubert, L’Éducation sentimentale. Il s’agit dorénavant d’une vie filmée : à partir du moment où le héros devient adulte, le personnage d’Antoine Doinel fait vraiment sous nos yeux concurrence à l’état-civil au sens où Honoré de Balzac se vantait de l’avoir fait faire à ses personnages de La Comédie humaine. Il grandit, il mûrit, il accumule l’âge et les expériences tandis que son physique mûrit aussi, sous nos yeux, d’un film à l’autre parfois distant d’une période suffisamment longue pour que les modifications soient physiquement perceptibles. Même chose pour la Colette de 1962 qu’il croise brièvement dans la rue, mariée et mère de famille mais aussi belle et séduisante, dans ce nouveau registre, que six ans plus tôt : autour de Doinel, une constellation se constitue, évoluant donc elle aussi. C’est donc bien, mutatis mutandis, le principe de la création balzacienne de La Comédie humaine que Truffaut retrouve ici filmologiquement.

Truffaut reprend en effet, au fur-et-à-mesure qu’il vieillit, l’acteur Jean-Pierre Leaud qui contribua activement à l’élaboration du personnage : peu de cinéastes auront eu cette idée, pourtant simple. Plus près de nous, citons par exemple le cinéaste Francis Ford Coppola qui reprendra pour Le Parrain 3 (USA 1990) l’acteur Al Pacino pour incarner quinze ans plus tard le rôle-titre qu’il tenait déjà dans Le Parrain 2 (USA 1974). La comparaison s’arrête certes là mais, sur ce point précis, elle ne laisse pas de pointer une réalité esthétique partagée. Certains théoriciens du théâtre moderne avaient caressé, au cours du vingtième siècle, l’idée d’un spectacle total dans lequel acteurs et spectateurs pourraient « interagir » durant la représentation, abolissant ainsi momentanément la frontière entre fiction et réalité. Truffaut transpose d’une certaine manière l’idée en filmant le vieillissement réel d’un acteur d’une fiction à l’autre sur des dizaines d’années. Cette idée phénoménologique, presque ontologique au sens strict, permettant de conférer un degré de réalisme supplémentaire à la fiction, ne pouvait qu’enchanter le fantôme du critique cinématographique André Bazin qui, on le sait, avait été en partie à l’origine de la vocation cinématographique de Truffaut. Elle produit, avec le recul du temps, un effet toujours intact sur le spectateur, preuve de son haut degré de vérité dramaturgique.

Sur Baisers volés, il convient de préciser que cette comédie douce-amère, au réalisme soigneusement élaboré, a été tournée en 1968 mais que la psychologie et la sociologie des personnages (qu’il s’agisse de souvenirs autobiographiques ou de souvenirs de scénaristes collaborateurs ou de fictions plus ou moins inspirées de faits réels) s’appuie, de l’aveu même de Truffaut, sur des éléments appartenant davantage à la France des années 1955 qu’à celle de 1968 : le cinéma de Truffaut n’est pas contemporain (encore moins contestataire) et Truffaut l’a confirmé à plusieurs reprises ; seul, à la limite, l’acteur Jacques Robiolle (l’intellectuel qui fouille les poubelles en attendant que l’ORTF réponde à ses propositions d’émissions TV) ressemble physiquement à un contestataire de 1968 mais on ne fait que l’entrevoir et le personnage est pitoyable. La femme fatale fascinante jouée par Delphine Seyrig est ainsi une femme fatale qui n’est ni balzaciennne (Antoine la compare à l’héroïne du Lys dans la vallée mais elle récuse cette comparaison) ni vraiment une parisienne de 1968. Elle est une fascination érotique intemporelle : c’est d’ailleurs pour elle en priorité qu’il faut visionner le film. La forme est influencée par certains cinéastes que Truffaut admirait : Hitchcock (à qui il a consacré un célèbre livre d’entretiens) et Lubitsch par exemple. Un aspect de plus en plus évident à mesure que Truffaut tourne : son génie du casting. Le moindre rôle est inoubliable, semble pris sur le vif. Le naturel est ici le sommet de l’art.

François Truffaut - Les Aventures d'Antoine Doinel

DOMICILE CONJUGAL

Paris 1970 : Antoine Doinel épouse Christine et s’engage dans des métiers peu intéressants. Il s’embourgeoise tandis que naît son premier enfant. Hélas, la bonne entente du couple est incertaines puis franchement gâchée par la liaison qu’entame Antoine avec la belle japonaise Hiroko. Christine le quitte. Il tente de la reconquérir.

Domicile conjugal (France 1970) de François Truffaut est le quatrième volet des aventures d’Antoine Doinel, interprété par Jean-Pierre Léaud, après Les Quatre cents coups (1959), Antoine et Colette (1962 moyen métrage), Baisers volés (1968). Truffaut était revenu au personnage après le cruel échec financier de L’Enfant sauvage (Fr. 1969) et, aussi, à la demande express d’Henri Langlois qui, après avoir assisté à la projection en avant-première du film de 1968, avait dit à Truffaut, en substance : « - à présent, il faut absolument que tu le montres marié, vivant en famille » !

Sur le plan dramaturgique, Truffaut s’est longuement expliqué : les tenants et aboutissants du personnage de Doinel, synthèse entre Jean-Pierre Léaud et lui mais aussi réceptacle d’anecdotes vécues ou remémorées par d’autres, l’écriture pratiquement sociologique autant que mémorielle du scénario, avaient pour but d’accentuer le comique de la partie de l’intrigue pouvant relever de la comédie, d’accentuer le dramatique de la partie de l’intrigue pouvant relever du drame. Truffaut jugeait, en effet (à tort selon moi) que le film de 1968 n’avait pas vraiment réussi le dosage qu’il visait entre les deux éléments. Outre le personnage de Christine interprété à nouveau par Claude Jade, Truffaut et ses scénaristes font reparaître dans un rôle assez cruel l’acteur Jacques Robiolles, l’intellectuel famélique confinant, dans ses procédés, à l’escroc : il tournera la même année dans Le Frisson des vampires (Fr. 1970) de Jean Rollin. Sans oublier un très curieux et bref hommage au cinéaste et acteur Jacques Tati, à l’occasion d’une séquence tournée à la station de métro Barbès-Rochechouart, au sol d’une propreté immaculée qu’on ne reverra plus jamais ensuite ni au cinéma ni dans la vraie vie.

Le plus intéressant, aujourd’hui, dans Domicile conjugal me semble, outre la grande richesse de son casting et le grand soin apporté à sa direction artistique si réaliste, précisément son élément extra-conjugal, à savoir l’épisode de mademoiselle Hiroko : cette fascinante beauté japonaise était alors le mannequin vedette du couturier Pierre Cardin. Brusquement, Doinel se retrouve confronté à la fascination de l’exotisme alors que son univers semblait auparavant limité à la France… et aux Françaises. Ce n’était certes pas négligeable mais ici le renouvellement est bienvenu, surtout dans le cadre étriqué de sa vie de couple même si l’immeuble où vivent les personnages est une sorte de village presque anachronique. Sur le plan de l’histoire du cinéma, Truffaut pratiquait un cinéma bien plus proche, esthétiquement, du cinéma commercial classique des années 1950 qu’il avait dénoncé, que du cinéma de la Nouvelle vague à laquelle on l’avait identifié en 1959. Inévitablement, on le lui reprochait (à tort mais à cette époque, de tels reproches étaient assassins) et il s’en défendait très bien ainsi : « Je vois bien qu’Antoine Doinel n’est certainement pas un antisocial. Il est sûrement un asocial mais il n’est pas révolutionnaire à la façon d’aujourd’hui. À partir de ce constat, j’admets que mes films soient condamnés politiquement. Doinel n’est pas un type qui veut changer la société ; il se méfie d’elle, il s’en protège mais il est plein de bonne volonté et désireux, me semble-t-il, de se faire accepter ».

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L’AMOUR EN FUITE

Paris 1979 : h uit ans après leur mariage, Antoine et Christine divorcent par consentement mutuel, en bons termes et toujours liés par leur fils Alphonse. Devenu romancier, Antoine est amoureux de Sabine, une vendeuse de disques du quartier Maubert. Le hasard lui fait retrouver Colette, son premier amour, devenue avocate après un drame personnel : il oscille entre les deux femmes tandis que le souvenir de sa mère se rappelle à lui d’une manière inattendue.

L’Amour en fuite (France 1978) de François Truffaut, sorti en janvier 1979, est le cinquième et ultime volet des aventures d’Antoine Doinel, interprété par Jean-Pierre Léaud, après Les Quatre cents coups (1959), Antoine et Colette (1962 moyen métrage), Baisers volés (1968), Domicile conjugal (1970). Truffaut venait de tourner La Chambre verte (Fr. 1978) d’après une nouvelle d’Henry James dont le sujet était le culte des morts : il voulait changer d’atmosphère et retrouver la fraîcheur de la comédie. Il voulait aussi donner l’ultime coup d’archet à la série Antoine Doinel. Réfléchissant avec son vieux complice le cinéaste Jean Aurel, avec son assistante et occasionnellement scénariste Suzanne Schiffman et avec l’actrice Marie-France Pisier à un scénario, ils aboutirent à cet étrange film-somme, composé pour un bon tiers de souvenirs empruntés à des séquences des films antérieurs à la faveur d’une histoire assez sophistiquée.

L’Amour en fuite est placé sous le signe littéraire de la vingtaine de volumes du Journal littéraire de Paul Léautaud (1872-1956) dont la jeunesse avait été proche, affectivement et géographiquement, de celle de Truffaut et du personnage Doinel. Le hasard y ménage d’étranges rencontres permettant d’éclaircir le destin des personnages principaux. Le tragique y fait son intrusion, grâce au personnage de Marie-France Pisier qui voulut étoffer le sien en lui faisant rencontrer la mort à la fois dans son histoire familiale et dans sa vie professionnelle. D’une certaine manière, la séquence du cimetière Montmartre prolonge l’idée du culte personnel des morts : sans la rencontre avec Lucien, Antoine n’aurait jamais su que sa mère y était enterrée. Et c’est peut-être une idée qui semble un peu l’héritière de la sociologie d’Auguste Comte que celle qui règle le sens de cette histoire : le lien social, la valeur morale, le salut spirituel s’avèrent non pas masculins mais bien féminins. Antoine Doinel ne connaîtra de facto le repos, la paix spirituelle qu’une fois la tombe de cette mère repérée et honorée, et qu’une fois honoré l’ensemble des femmes ayant modifié son destin. En écrivant leur histoire (même déformée ou modifiée ou parfois inversée, comme dans le cas de Colette) dans ses romans, Antoine les élève au rang de figures tutélaires. La définition même que Doinel donne, au détour d’un dialogue, de l’écrivain Léautaud insiste sur l’aspect féminin constant de sa quête : la maternité et la féminité comme but ultime de l’humanité, là encore l’idée est profondément comtienne.

Truffaut définissait ainsi un autre aspect, celui-là plus psychologique que sociologique, du personnage : « Antoine Doinel n’est à l’aise que dans les situations extrêmes. Il est le contraire d’un personnage exceptionnel, le contraire d’un héros mais ce qui le distingue des personnes moyennes, c’est qu’il ne s’installe jamais dans les états moyens. Il est ou bien profondément déçu et désespéré au point qu’on peut éventuellement craindre pour lui, ou bien dans un état total d’exaltation et d’enthousiasme. C’est ce qui est amusant chez lui et qui le rend peu prévisible. »

Sur le plan de l’histoire du cinéma, notons d’abord que la séquence de dispute entre Liliane (jouée par la belle Dani) et Antoine provient en ligne droite de La Nuit américaine (Fr. 1973) de Truffaut qui n’appartient pas au cycle Doinel mais où ils jouaient tous les deux une scène similaire. Le titre (médiocre) du livre publié par Antoine (Les Salades de l’amour) provient d’ailleurs aussi du dialogue du film de 1973. Notons ensuite une vaste allusion plastique (à l’occasion des dessins de Christine et Liliane) au Perceval le Gallois (Fr. sorti en février 1979) d’Eric Rohmer : certains plans du film y sont représentés sous forme de dessins coloriés un peu naïfs. Notons enfin que, parmi les souvenirs montrés, les seuls originaux n’appartenant pas à une ancienne continuité sont les souvenirs de Colette concernant le drame qu’elle a vécu. Une erreur observée dans le script : la pierre tombale de la mère d’Antoine indique 1968 comme année de sa mort (ce qui correspond chronologiquement bien au début du film Baisers volés : Antoine étant encore détenu dans une prison militaire ne pouvait donc pas se rendre à l’enterrement) alors que Lucien lui assurait, cinq minutes avant qu’ils s’y rendent ensemble, qu’elle était morte en 1971.

Truffaut était-il satisfait du film ? Rien n’est moins sûr. Le public apprécia, pour sa part, de retrouver le personnage mais il apprécia moins la place envahissante tenue par les souvenirs empruntés aux films antérieurs : il avait inévitablement l’impression qu’on lui vendait un peu trop de vieux avec du neuf. Tel quel, L’Amour en fuite pouvait donc faire figure de facilité vugairement commerciale mais cette apparence ne doit pas aujourd’hui, avec le recul, induire en erreur : c’est un film plus ambitieux et secret qu’il n’y paraît ; c’est le plus récent mais pourtant, paradoxalement, le plus méconnu de la série.

François Truffaut - Les Aventures d'Antoine Doinel

Présentation - 4,0 / 5

LES QUATRE CENTS COUPS

1 Blu-ray 50 région B (film et suppléments) sous boîtier avec fourreau, édité par Carlotta films en un coffret de 4 Blu-rays, le 17 mai 2022. Existe aussi en édition Blu-ray UHD 4K et DVD. Image du film en N&B au format 2.35 compatible 16/9, encodé AVC 1080 / 23.98p Full HD. Son VF à la norme DTS HD Master Audio 1.0. Durée du film : 99 min. Audiodescription, VFSTF pour sourds et malentendants, activable à la volée. Suppléments répartis en bonus aux 4 Blu-ray du coffret puis sur les Blu-rays édités individuellement : 16 archives télévisées exclusives comportant des entretiens avec le cinéaste François Truffaut, les acteurs et des membres de l’équipe technique (107 min. au total), un entretien inédit de Robert Fisher avec deux scénaristes de Truffaut (45 min.), 6 présentations reprises des anciennes éditions DVD et Blu-ray de MK2 dont le logo est conservé (du court-métrage de 1957 et des cinq titres de la série, à savoir les quatre longs-métrages de 1959-1978 et le moyen-métrage de 1962), 6 commentaires audio (repris aussi des anciennes éditions DVD et Blu-ray de MK2), les essais des comédiens pour le titre de 1959, le spot de soutien à Henri Langlois, 4 bandes-annonces originales, la bande-annonce 2022 du coffret.

François Truffaut - Les Aventures d'Antoine Doinel

BAISERS VOLÉS

1 Blu-ray 50 région B (film et suppléments) sous boîtier avec fourreau, édité par Carlotta films, le 17 mai 2022. Existe aussi en édition simple Blu-ray UHD 4K et DVD. Image couleurs au format 1.66 compatible 16/9, encodé AVC 1080 / 23.98p Full HD. Son VF à la norme DTS HD Master Audio 1.0. Durée du film : 91 min. Audiodescription, VFSTF pour sourds et malentendants. Suppléments répartis en bonus aux 4 Blu-ray du coffret : 16 archives télévisées exclusives comportant des entretiens avec Truffaut, les acteurs, des membres de l’équipe technique (107 min. au total), un entretien inédit de Robert Fisher avec deux scénaristes de Truffaut (45 min.), 6 présentations provenant des anciennes éditions DVD MK2 de 2001 (d’un court-métrage et des cinq titres de la série, à savoir les quatre longs-métrages et le moyen-métrage), 6 commentaires audio provenant des anciennes éditions DVD MK2 de 2001 (idem), les essais des comédiens pour le titre de 1959, le spot de soutien à Henri Langlois, 4 bandes-annonces originales, la bande-annonce 2022 du coffret.

François Truffaut - Les Aventures d'Antoine Doinel

DOMICILE CONJUGAL

1 Blu-ray 50 région B (film et suppléments) sous boîtier avec fourreau, édité par Carlotta films, le 17 mai 2022. Existe aussi en édition simple Blu-ray UHD 4K et DVD. Image couleurs au format 1.66 compatible 16/9, encodé AVC 1080 / 23.98p Full HD. Son VF à la norme DTS HD Master Audio 1.0. Durée du film : 97 min. Audiodescription, VFSTF pour sourds et malentendants. Suppléments répartis en bonus aux 4 Blu-ray du coffret : 16 archives télévisées exclusives comportant des entretiens avec Truffaut, les acteurs, des membres de l’équipe technique (107 min. au total), un entretien inédit de Robert Fisher avec deux scénaristes de Truffaut (45 min.), 6 présentations (d’un court-métrage et des cinq titres de la série, à savoir les quatre longs-métrages et le moyen-métrage), 6 commentaires audio (idem), les essais des comédiens pour le titre de 1959, le spot de soutien à Henri Langlois, 4 bandes-annonces originales, la bande-annonce 2022 du coffret.

L’AMOUR EN FUITE

François Truffaut - Les Aventures d'Antoine Doinel

1 Blu-ray 50 région B (film et suppléments) sous boîtier avec fourreau, édité par Carlotta films, le 17 mai 2022. Existe aussi en édition simple Blu-ray UHD 4K et DVD. Image couleurs au format 1.66 compatible 16/9, encodé AVC 1080 / 23.98p Full HD. Son VF à la norme DTS HD Master Audio 1.0. Durée du film : 94 min. Audiodescription, VFSTF pour sourds et malentendants. Suppléments répartis en bonus aux 4 Blu-ray du coffret : 16 archives télévisées exclusives comportant des entretiens avec Truffaut, les acteurs, des membres de l’équipe technique (107 min. au total), un entretien inédit de Robert Fisher avec deux scénaristes de Truffaut (45 min.), 6 présentations (d’un court-métrage et des cinq titres de la série, à savoir les quatre longs-métrages et le moyen-métrage), 6 commentaires audio (idem), les essais des comédiens pour le titre de 1959, le spot de soutien à Henri Langlois, 4 bandes-annonces originales, la bande-annonce 2022 du coffret.

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Bonus - 4,0 / 5

LES QUATRE CENTS COUPS

Commentaire audio par Robert Lachenay et Serge Toubiana : Lachenay était assistant régisseur sur le premier long métrage de Truffaut mais, surtout, il avait été son condisciple écolier et une partie des aventures montrées ici, il les avait vécues en sa compagnie. Le témoignage est donc de première main : souvenirs (dans quel arrondissement furent tournées les séquences de l’école), précisions matérielles (Lachenay aurait préféré le Sacré-Coeur plutôt que la Tour Eiffel mais Truffaut aimait davantage la Tour Eiffel), relations avec André Bazin (qu’il considérait comme un concurrent qui lui volait l’amitié de Truffaut et qui mourut au début du tournage).

Présentation du film par Serge Toubiana (4’27”) : excellente et qui fournit toutes les clés historiques nécessaires à la situation filmographique du titre dans la carrière de Truffaut.

« Cinéastes, de notre temps : François Truffaut ou l’esprit critique » (1965, 4’35”) : quelques observations sur l’aspect mi-autobiographique, mi-objectif du film. Quelques remarques, aussi, sur la mise en scène.

« L’invité du dimanche : François Truffaut » (1969, 2’01”) : très léger mais confirme l’aspect mi-autobiographique, mi-objectif déjà révélé par le bonus précédent.

Les essais des comédiens (N&B, 6’44”) : on y verra ceux de Jean-Pierre Léaud (le fils de l’actrice Jacqueline Pierreux) et de deux autres garçons, interrogés ou improvisant, selon les demandes de Truffaut.

Les Mistons (Fr. 1957, N&B, 18 min. 35 sec.) de François Truffaut : si on veut suivre la chronologie de la filmographie de Truffaut, il faut commencer par visionner ce court-métrage ici présenté, tourné deux ans plus tôt. Il n’appartient pas à la série Antoine Doinel et ce n’est, à mon avis, nullement une réussite (son néo-réalisme est dénué de rigueur, son militantisme est parfois même rétrospectivement assez antipathique : on y déchire injustement l’affiche d’un film de Jean Delannoy que n’aimait pas Truffaut) mais, en raison du talent du couple d’acteurs principaux, on y sent ― au moins durant certains plans ― ce dont Truffaut directeur d’acteurs, sera plus tard capable. Autre élément intéressant : l’aspect érotique de l’histoire, la mort du héros, vécue de loin par les enfants puis méditées les années suivantes.

Présentation de « Les Mistons » par Serge Toubiana (1’49”) : utile et situant bien ce moyen-métrage dans la filmographie du cinéaste mais aussi dans celle des acteurs Gérard Blain et Bernadette Lafont.

Commentaire audio de « Les Mistons » par Claude de Givray et Serge Toubiana : Claude de Givray apporte de nombreuses précisions matérielles sur la genèse et les conditions du tournage à Nîmes et dans les environs, ainsi que sur ses rapports avec Truffaut. Nombreuses anecdotes de première main.

Bande-annonce originale de « Les Quatre cents coups » (3’57”, Scope N&B) : elle est en bon état argentique. Historiquement doublement intéressante puisqu’elle contient certains plans-clés du film mais aussi les jugements critiques portés par certains critiques de la presse cinéma de 1959 : Georges Sadoul par exemple.

Ensemble riche en informations utiles cependant mais il manque une galerie photos d’exploitation et affiches, ce qui fait baisser la note d’un cran.

François Truffaut - Les Aventures d'Antoine Doinel

BAISERS VOLÉS

Commentaire audio du film par Claude Jade, Claude de Givray et Serge Toubiana : une des actrices, un des scénaristes et un critique commentent le film. Ce bonus provient des anciennes éditions DVD (2001) puis Blu-ray éditées par MK2. Ils reviennent sur la genèse, la production, le tournage. On apprend beaucoup de choses sur le tournage, ses détails matériels (où se trouvait la maison parisienne des Darbon, par exemple), la manière dont Truffaut composait entre scénario « pense-bête » et improvisation.

Présentation du film par Serge Toubiana (3’32”) : même remarque, cette présentation date de 2001. Elle fournit les éléments historiques et critiques nécessaires (sinon suffisants) à une bonne situation du titre dans la filmographie de Truffaut.

« Le Carrousel aux images » (1968, 8’12”) : interviewé par un journaliste belge, Truffaut précise que tout n’est pas autobiographique dans son film : il distingue les différents apports qui ont contribué à la conception du personnage.

« Cinéastes de notre temps : dix ans, dix films » (1970, 9’) : retour un peu plus réflexif et ample du cinéaste sur la situation du titre dans sa filmographie : manière dont certains éléments scénaristiques sont éliminés ou conservés, aspect synthétique du personnage de Doinel (ni tout à fait Truffaut ni tout à fait Léaud : une synthèse donc), volonté de balancer comédie et drame.

« Cinéastes de notre temps : rushes » (7’58”) : Truffaut refuse qu’on distingue les films-souvenirs et les films-adaptations de livres dans sa filmographie : exemple avec le film de 1968 qui n’est, de toute évidence, presque pas autobiographique (souvenir de l’armée à part) puisque Truffaut n’a exercé aucune des métiers qu’on voit Doinel exercer successivement. Il explique aussi que le tournage du film de 1968 eut lieu alors qu’il était responsable de l’association de soutien à Langlois qui lui prenait un temps considérable mais il considère, avec le recul, que cette situation d’urgence a été bénéfique à l’inspiration et au rythme de la fiction.

Journal télévisé FR3 Auvergne (1975, 3’01”) : alors que Truffaut tourne L’Argent de poche (Fr. 1976) à Thiers, un journaliste de France 3 lui demande de revenir sur le film de 1968 diffusé le soir même sur la chaîne. Truffaut, avec encore davantage de recul, se prête volontiers à l’exercice, revenant à nouveau sur la dualité générique du film (comédie dramatique, douce-amère), sur son rapport au personnage principal, la manière dont il fut conçu, les apports de Léaud et ceux des scénaristes.

Spot de soutien à Henri Langlois (1968, N&B, 1’24”) : document bref mais savoureux puisqu’on y voit Truffaut et Jean-Luc Godard demander aux spectateurs de soutenir le fondateur de la Cinémathèque française en adhérant à une association. André Malraux, alors ministre de la culture du général de Gaulle, avait voulu écarter Langlois de la direction de la Cinémathèque française du Palais de Chaillot (sur les escaliers de laquelle certains plans du générique d’ouverture sont filmés) : Godard et Truffaut voulurent s’y opposer.

Bande-annonce originale (4’02”) : format 1.66 compatible 4/3, état argentique assez bon. Elle mentionne certains titres antérieurs de Truffaut, que c’est le premier film de l’actrice (de théâtre) Claude Jade, est très bien montée et fluide, en dépit de sa durée très longue. À l’image du film, on n’y voit pas le temps passer tant il est bien géré au montage.

Antoine et Colette (1962, image Scope 2.35 N&B, moyen-métrage durée 30’43”) : ce supplément était déjà inclus dans l’ancienne édition Blu-ray MK2 et il constitue une étape filmographique et esthétique indispensable des aventures du héros. Antoine Doinel a dix-sept ans, vie près de la place Clichy et de ses cinémas. Il travaille chez Philips dans la fabrication des disques 33T. Il tombe amoureux de Colette rencontrée lors d’un concert de musique classique, au point qu’il déménage à l’hôtel afin de vivre en face des fenêtres de l’appartement de l’aimée. Bientôt, en dépit de l’amitié qui lui portent les parents de Colette, il doit se rendre à l’évidence : non seulement elle ne l’aime pas autrement qu’en camarade mais encore un rival l’a supplanté.

Copie argentique bien restaurée par 4K par MK2 avec le soutien du CNC et de OCS, restauration technique effectuée par les laboratoires Eclair Classics, l’Imagine Ritrovata, Le Diapason. Non pas un film autonome mais un segment d’un film collectif, Antoine et Colette est une peinture tout à fait remarquable de vérité et de naturel de Paris en 1962 : son réalisme sociologique est tantôt drôle, tantôt doux, tantôt doux-amer, selon les séquences. Premier rôle de Marie-Franbce Pisier, beauté érotique à l’étrange diction et au timbres si remarquables : elle reprendra ce rôle de Colette en 1968 et en 1978 dans l’ultime titre des aventures d’Antoine Doinel. La musique classique tient une place importante dans le scénario comme dans la bande-sonore : dès la première séquence, une affiche de la Symphonie n°1 « Titan » de Gustav Malher, dirigée par Bruno Walter, indique ses goûts. Ensuite il rencontre Colette aux Jeunesses musicales de France à plusieurs reprises, notamment pendant une exécution de la Symphonie fantastique d’Hector Berlioz. S’y ajoutent quelques chansons françaises de Guy Béart, Georges Brassens, etc. Notez l’utilisation d’une séquence provenant de Les Quatre cents coups, lorsque les deux amis d’enfance se remémorent une soirée passée chez l’un d’eux. Le format et le procédé N&B étant identiques, seule une légère différence de définition permet de repérer la différence de continuité argentique.

Présentation du moyen-métrage de 1962 par Serge Toubiana : Toubiana rappelle que ce moyen-métrage de 1962 était un sketch du film collectif L’Amour à vingt ans, représentant la contribution française, à côté de contributions japonaises, polonaises, italiennes. Le générique du long-métrage est d’ailleurs visible au début de la section française. Ce supplément apparaît si on clique sur le titre du moyen-métrage de 1962 au menu.

Commentaire audio du moyen-métrage de 1962 par Marie-France Pisier et Serge Toubiana : on y apprend pas mal de choses. Par exemple Marie-France Pisier se souvient que Truffaut était navré d’avoir été limité à un court-métrage : il assurait avoir la matière pour un long-métrage. Ce supplément apparaît si on clique sur le titre du moyen-métrage de 1962 au menu.

François Truffaut - Les Aventures d'Antoine Doinel

DOMICILE CONJUGAL

Commentaire audio de Claude Jade, Claude de Givray et Serge Toubiana : provenant des anciennes éditions DVD (2001) puis des rééditions Blu-ray MK2, il est accessible dans la section « son » du menu mais je l’analyse ici par commodité car un commentaire audio est un bonus. Le critique Toubiana, l’actrice Claude Jade et le co-scénariste Claude de Givray situent bien le titre dans la filmographie de Truffaut. Ils en éclaircissent de nombreux aspects. Claude Jade confirme l’anecdote selon laquelle Henri Langlois, le fondateur de la Cinémathèque française, est à l’origine de cette « troisième aventure et demi » d’Antoine Doinel. Le scénario fut écrit sur une période de 5 ou 6 mois : les scénaristes de Truffaut se livrèrent à de véritables enquêtes journalistiques et sociologiques auprès de métiers variés (concierges, fleuristes, etc.) afin de collecter expressions et anecdotes vécues, matière première de Truffaut qui les préférait à la pure fiction.

Présentation du film par Serge Toubiana (3’33”) :excellente et couvrant les divers aspects thématiques et esthétiques du film, bien situé dans la filmographie de Truffaut. Les extraits du film qui l’illustrent sont en 1.66 compatible 4/3, état argentique et numérique moyen. Toubiana rappelle que l’acteur Jean-Pierre Léaud avait tourné auparavant pour des cinéastes tels que Pasolini et Glauber Rocha : son jeu avait mûri. Il évoque une possible inspiration par Jean Renoir, concernant la vie quotidienne foisonnante de la cour de l’immeuble, mais aussi celles de Leo McCarey, d’Ernst Lubitsch sans oublier Jacques Tati à qui un hommage explicite est rendu. Il revient aussi sur l’apolitisme revendiqué par Truffaut.

« Cinéastes, de notre temps : dix ans, dix films » (26 janvier 1970, ORTF, couleurs, 5’25”) : dans cette émission célèbre sur le cinéma (dirigée par André S. Labarthe et Janine Bazin), Truffaut et un de ses scénaristes (Bernard Revon) sont filmés en train de travailler au scénario puis en train de repérer l’intérieur et les extérieurs de l’appartement où vivra le couple. Truffaut explique les raisons pour lesquelles il préfère les décors réels au décors de studio.

« Variances » (06 février 1970, ORTF, N&B, 6’13”) : pendant les répétitions du tournage d’une scène de bistrot, Truffaut insiste sur le réalisme (il préfère les souvenirs aux fictions) et explique son embarras à l’idée de mêler politique et fiction.

« Midi Magazine » (23 mars 1970, ORTF, N&B, 3’46”) : Jean-Pierre Léaud et Jacques Jouanneau répètent une scène durant laquelle Truffaut donne la réplique à ce dernier. Il pense que ce film de 1970 pourrait être la dernière aventure d’Antoine Doinel (ce qui ne sera pas le cas) et assure qu’il a voulu, dans cette comédie dramatique, rendre davantage comique certains éléments, davantage dramatiques d’autres éléments. Philippe Léotard répète l’unique scène où il apparaît en homme ivre, cherchant la bagarre. Claude Jade confirme que le film lance sa carrière cinéma.

« Première-Magazine » (25 mars 1970, VRT, N&B, VF et VOSTF, 10’17”): interrogé par la télévision flamande, Truffaut répond à quelques questions déjà posées par les journalistes des précédents bonus puis dirige une scène parisienne (coupée au montage) avec Jean-Pierre Léaud et mademoiselle Hiroko, filmée au téléobjectif.

Biennale du salon de la radio et TV (13 septembre 1970, ORTF, N&B, 3’23”) : entretien, à l’occasion de la sortie du film en exclusivité au cinéma, du journaliste Bernard Franjin avec l’actrice Claude Jade qui signale l’évolution de son personnage, de 1968 à 1970.

« Nord Actualités » (10 octobre 1970, N&B, 4’04”) : à l’occasion de la sortie du film dans les cinémas de Lille, Truffaut revient une fois de plus sur le cycle Antoine Doinel, sur le personnage principal à cheval entre comédie et tristesse, assis à côté d’une belle affiche 120 x 160 cm du film. Il revient aussi sur le processus de création du scénario, l’écriture des dialogues.

« Bulletin d’information RTB » (15 octobre 1970, RTBF, N&B, 10’52”) : de passage à Bruxelles, Truffaut est interrogé sur son film et sur la sortie de son livre Les Aventures d’Antoine Doinel qui reprend une partie des scénarios de l’ensemble de la série à cette date. Il est donne son avis sur les rapports entre écriture et cinéma, sur le cinéma américain, sur les cinéastes qui l’ont influencé ou qu’il admire, sur le cinéma politique qu’il apprécie (il cite un titre de Costa-Gavras) mais qu’il n’a pas le désir de réaliser. On lui demande son avis sur les vidéocassettes, qui étaient déjà bien connues des milieux techniques du cinéma et de la TV (pas encore du grand public) et il y est très favorable, estimant que cela ne modifiera pas le rapport fondamental au film de cinéma mais augmentera sa connaissance historique.

« Travailler avec François Truffaut : entretien inédit avec Claude de Givray et Bernard Revon » (1986,couleurs, 45’06”) : filmé pour la télévision allemande en 1986 qui n’en avait utilisé que des fragments, l’intégralité fut retrouvée en 2003 et restauré en 2021. Les deux scénaristes favoris de Truffaut, ici réunis, reviennent sur l’ensemble la carrière du cinéaste, depuis son premier moyen-métrage de 1958 jusqu’à son ultime film. Très riche en anecdotes de première main : comment Truffaut recherchait l’inattendu dans la réel pour le transposer en fiction ; comment l’évolution de la technique des caméras et de la pellicule permirent, au détour des années 1955-1960, le tournage à frais réduits en extérieurs naturels ; quelle influence le cinéaste Ernst Lubitsch eut sur Truffaut… et bien d’autres choses encore.

Bande-annonce originale (3’16”, 1.66 compatible 4/3, couleurs) : état argentique et numérique moyen mais très bien montée et donnant une excellente idée du film.

Excellents bonus, très complets mais il manque encore une galerie affiches et photos françaises d’exploitation, ce qui diminue la note d’un cran.

François Truffaut - Les Aventures d'Antoine Doinel

L’AMOUR EN FUITE

Commentaire audio de Marie-France Pisier et Serge Toubiana : elle explique comment elle fut approchée par Truffaut pour la rédaction du scénario en collaboration, quelles étaient les idées directrices du script (bien qu’elle se soit limitée, pour sa part, à l’écriture des scènes concernant son personnage sans toucher à la structure générale), précise que le cinéaste Jean Aurel a probablement conseillé François Truffaut au sujet du dosage des insertions filmiques de souvenirs. Et bien d’autres choses.

Présentation du film par Serge Toubiana (2001, 4’05”) : elle est inégale car Toubiana ne mentionne pas certaines sources filmiques ni littéraires du titre. Il se contente de relater la structure d’ensemble, sa signification apparente, sa place dans la filmographie de Truffaut. Plus grave : il ne mentionne nullement l’évolution et la place des personnages féminins. Illustrée par des extraits au format 1.66 compatibles 4/3.

« Ciné-regards : le film de la semaine » (FR3 28 janvier 1979, 3’35”, couleurs + N&B) : l’actrice Marie Dubois présente le film, insiste sur son montage remarquable, sur la prestation dramaturgique de l’animatrice TV Dorothée, sur le regard empreint de tendresse de Truffaut pour ses personnages. Banalités et lieux communs sans intérêt.

« Salle des fêtes : cinéma » (Antenne 2 03 février 1979, 3’41”, couleurs) : entretien avec les trois actrices Marie-France Pisier, Claude Jade, Dorothée qui présentent leurs rôles respectifs, racontent comme Truffaut les a découvertes respectivement puisque c’est lui qui les a lancées cinématographiquement. L’ombre du micro est visible sur le mur pendant une bonne dizaine de plans : filmé à la va-vite par un amateur.

« Spécial Cinéma » (TSR 25 février 1979, 20’36”, couleurs) : interrogés par la Télévision Suisse Romande, l’actrice Marie-France Pisier, l’acteur Jean-Pierre Léaud, l’assistante-réalisatrice et scénariste Suzanne Schiffman répondent avec une certaine lassitude aux questions redondantes et attendues (à Léaud il demande quel effet cela fait de vieillir face à la caméra ?) de l’animateur de l’émission : terriblement long.

Bande-annonce originale (2’38”) : format 1.66 respecté compatible 4/3, état argentique moyen mais couleurs bien vives. Elle est d’une tonalité plus sombre que les BA des films antérieurs de la série, à cause du fait qu’elle se termine sur les hurlements de désespoir du personnage joué par Marie-France Pisier, confronté à la mort.

Bande-annonce de la saga « Les Aventures d’Antoine Doinel » (1’37”) : les formats des extraits de films respectent strictement les formats originaux, à partir de masters restaurés. Quelques slogans commerciaux rajoutés en vidéo sur certains plans.

Sérieux compléments qui restituent la vie du film au moment de sa sortie puis avec le recul critique du temps mais il manque une galerie affiche et photos françaises d’exploitation : l’édition française (mis à part Artus Films et Coin de mire) néglige trop souvent cet aspect de l’histoire de l’exploitation, pourtant fondamental à qui veut se mettre dans la situation phénoménologique de réception du film qui était celle de ses spectateurs contemporains au moment de sa sortie en exclusivité. D’autre part, s’agissant de films français, d’un éditeur français, d’un cinéaste connu, je ne vois pas d’obstacle majeur à sa restitution : les photographies de plateau et d’exploitation (et le reste de l’ensemble du matériel publicitaire) n’appartiennent pas au photographe qui les a signées mais au producteur et au distributeur original du film, en règle générale du moins. Les éditions collector américaines fournissent d’admirables galeries : les éditeurs français doivent s’en inspirer ! Une telle galerie est matériellement bien plus appréciable qu’un bavardage contemporain ou postérieur au sujet du film : c’est un élément plastique irremplaçable d’appréciation de la manière dont producteurs et distributeurs ont voulu le présenter au public. Sa présence confère une réelle valeur ajoutée et il faut l’exiger systématiquement.

François Truffaut - Les Aventures d'Antoine Doinel

Image - 5,0 / 5

LES QUATRE CENTS COUPS

Full HD 1080p au format original DyaliScope 2.35 respecté, en N&B compatible 16/9 sur Blu-ray. Copie argentique restaurée 4K par MK2 avec le soutien du CNC et de OCS, restauration technique effectuée par les laboratoires Eclair Classics, l’Imagine Ritrovata, Le Diapason. Excellente définition vidéo qui en fait, sans difficulté, l’édition française de référence : le travail du directeur de la photographie Henry Decae, assisté par Jean Rabier et Alain Levent, est admirablement restitué. Quelques prouesses techniques : quelques plans de Pigalle la nuit vu par l’enfant à travers la petite fenêtre grillagée de la camionnette de la police pendant qu’elle roule, sans oublier la curieuse attraction destinée à faire échapper à la pesanteur et filmée en vitesse réelle.

BAISERS VOLÉS

Full HD 1080p au format original 1.66 respecté, en couleurs et compatible 16/9 sur Blu-ray. Image restaurée 4K par MK2 avec le concours du CNC et de OCS. Copie argentique restaurée par le laboratoire Hiventy, au grain bien conservé, aux nuances colorimétriques soignées. Excellente définition vidéo qui en fait, sans difficulté, l’édition française de référence. Direction de la photographie signée Denys Clairval.

François Truffaut - Les Aventures d'Antoine Doinel

DOMICILE CONJUGAL

Full HD 1080p au format original 1.66 respecté, en couleurs et compatible 16/9 sur Blu-ray. Copie argentique restaurée par le laboratoire Hiventy, grain soigneusement préservé. Excellente définition vidéo qui en fait, sans difficulté, l’édition française de référence. Direction de la photographie signée Nestor Almendros. Quelques effets sophistiqués d’éclairage et de mise en scène (Claude Jade transformée en Japonaise) mais l’ensemble correspond à la syntaxe standard du cinéma français de qualité des années 1970.

L’AMOUR EN FUITE

Full HD 1080p au format original 1.66 respecté, en couleurs et compatible 16/9 sur Blu-ray. Copie argentique restaurée par le laboratoire Hiventy. Excellente définition vidéo qui en fait, sans difficulté, l’édition française de référence. Direction de la photo à nouveau signée Nestor Almendros. Concernant les extraits de Les Quatre cents coups et de Antoine et Colette insérés au montage 1978, ils sont recadrés de 2.35 DyaliScope en 1.66, ce qui déforme légèrement leur image : Carlotta n’est pas responsable du phénomène puisque c’est Truffaut et son directeur de la photo qui en sont responsables. Le même phénomène est constaté dans la bande-annonce de 1978 sur quelques plans provenant de ce long métrage de 1959 et de ce moyen métrage de 1962.

François Truffaut - Les Aventures d'Antoine Doinel

Son - 4,0 / 5

LES QUATRE CENTS COUPS

VF en DTS-HD Master Audio 1.0 : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Piste-son bien restaurée : curieusement, le niveau sonore est supérieur lorsqu’on visionne le film de 1959 avec son commentaire audio que sans lui. Sous-titrage pour sourds et malentendants assez intuitif et coloré de plusieurs couleurs. Le son du moyen-métrage de 1957 est plus erratique et inégal.

BAISERS VOLÉS

VF en DTS-HD Master Audio 1.0 : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Niveau d’enregistrement du son variable selon les séquences. VF pour sourds et malentendants dotée de STF colorés bien lisibles et répartis, intuitifs. Audiodescription disponible en appuyant sur la touche 5 de la télécommande. Musique d’Antoine Duhamel, parfois un peu expérimentale : la descente frénétique des escaliers de Doinel après le thé chez les Tabard, rythmée par une musique angoissante au suspense un peu mécanique, presque pléonastique.

François Truffaut - Les Aventures d'Antoine Doinel

DOMICILE CONJUGAL

VF en DTS-HD Master Audio 1.0 : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Niveau sonore variable selon les séquences mais ensemble bien nettoyé. Sous-titrage pour sourds et malentendants intuitif et coloré. Le commentaire audio est disponible dans cette rubrique du menu, pas dans la section bonus du disque. Musique d’Antoine Duhamel parfois un peu dodécaphonique.

L’AMOUR EN FUITE

VF en DTS-HD Master Audio 1.0 : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Impeccable restauration de la piste son originale. Célèbre chanson d’Alain Souchon au générique d’ouverture. Musique signée Georges Delerue, assez sobre mais parfois un peu lyrique.

François Truffaut - Les Aventures d'Antoine Doinel

Crédits images : © Droits réservés

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
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francis moury
Le 17 février 2024
Série cinématographique remarquable, aux scénarios dotés d'une ambition balzacienne, comportant cinq titres peignant l'évolution psychologique et sociale non seulement du héros mais de certains autres personnages.
Elle est constituée de 5 titres : Les Quatre cents coups (1959 long métrage), Antoine et Colette (1962 moyen métrage), Baisers volés (1968 long métrage), Domicile conjugal (1970 long métrage), L'Amour en fuite (1978 long métrage).
Le moyen métrage de 1962 est, ici, proposé en bonus au film de 1968 mais est néanmoins un jalon essentiel de la série.

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