La Lettre inachevée

La Lettre inachevée (1960) : le test complet du Blu-ray

Neotpravlennoe pismo

Réalisé par Mikhail Kalatozov
Avec Innokentiy Smoktunovskiy, Tatiana Samoilova et Vasiliy Livanov

Édité par Potemkine Films

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Le 04/07/2022
Critique

Le moins connu des trois chefs-d’oeuvre créés par le réalisateur Mikhail Kalatozov et le chef-opérateur Sergey Urusevskiy. À découvrir !

La Lettre inachevée

Quatre géologues partent en expédition au coeur des forêts de Sibérie, à la recherche d’un gisement de diamants. Le petit groupe explore sans relâche terres et rivières. L’automne arrive et les vivres commencent à manquer : il leur faut rentrer. Mais au moment du retour, les éléments se déchaînent et ils doivent affronter les pires difficultés.

La Lettre inachevée (Neotpravlennoe pismo) fut réalisé par Mikhail Kalatozov en 1960, entre ses deux chefs-d’oeuvre, Quand passent les cigognes (Letyat zhuravli, 1957) et Soy Cuba (Ya Kuba, 1964). Commandé par le pouvoir en hommage aux pionniers qui ont fait de la Yakoutie, dans le Nord-Est de la Sibérie, la terre d’extraction de diamants bruts de l’URSS, le film reste pourtant à l’écart des canons de l’académisme soviétique, grâce au talent et à l’esprit d’indépendance du réalisateur et du chef-opérateur Sergey Urusevskiy.

La Lettre inachevée, tourné pendant neuf mois dans des conditions éprouvantes pour les équipes et les acteurs, communique avec un grand réalisme l’idée dominante (pas très écolo) d’un affrontement avec la nature dont les hommes doivent, pour le bien commun, sortir victorieux en relevant tous les défis, parfois au péril de leur vie.

La Lettre inachevée

La Lettre inachevée, comme les deux autres films réalisés par le tandem Kalatozov-Urusevskiy, surprend, visionnage après visionnage, par l’inventivité de sa réalisation, par l’étrangeté des angles de prises de vue, la virtuosité des mouvements de caméra, l’utilisation de la lumière, des superpositions à la fois belles et signifiantes, par la création de décors insolites… L’apport de la postproduction est également à souligner, avec un montage au soutien constant de la tension dramatique, la création de subtils décalages entre l’image et le son…

La Lettre inachevée doit aussi beaucoup aux quatre acteurs, Vasiliy Livanov, Innokentiy Smoktunovskiy, un des grands acteurs de la période du dégel, primé à Venise pour le rôle-titre de Hamlet I (Gamlet, Grigoriy Kozintsev, 1964), Evgeniy Urbanskiy, révélé par La Ballade du soldat (Ballada o soldate, Grigori Tchoukhraï, 1959), mort accidentellement à 33 ans, et Tatyana Samoylova, célèbre mondialement depuis 1957 après sa prestation dans Quand passent les cigognes.

Les trois chefs-d’oeuvre réalisés par Mikhail Kalatozov avec le chef-opérateur Sergey Urusevskiy, sortis en 2014 par Potemkine Films dans un coffret aujourd’hui épuisé, sont à nouveau disponibles, après restauration, pour la première fois en haute définition, dans des éditions enrichies de bonus : Quand passent les cigognes est sorti en octobre 2020 et Soy Cubaa été salué Meilleur DVD/Blu-ray de patrimoine 2020 par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma et des films de télévision.

La Lettre inachevée

Présentation - 4,0 / 5

La Lettre inachevée (96 minutes) et son supplément (25 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50, logé dans un digipack glissé dans un étui.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en russe, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

À l’intérieur de l’étui, un livret de 60 pages, comme celui qui accompagnait l’édition de Soy Cuba, recueille des témoignages de l’époque du tournage. Le premier est celui du documentariste lituanien Gunars Piesis. Alors étudiant du VGIK, envoyé en stage dans l’équipe du tournage de La Lettre inachevée, il donne ses impressions sur le scénario, relate des échanges entre Kalatozov et Urusevskiy. Suivent des extraits d’un journal de tournage tenu par un membre anonyme de l’équipe, rappelant certains moments de l’aventure éprouvante vécue par elle et les acteurs, parfois dans des lieux uniquement accessibles après de longues heures de marche. Et, pour finir, les souvenirs de David Vinitsky, extraits de son ouvrage publié en 1980, Journal d’un directeur artistique. Il relate la création dans la taïga de paysages correspondant à l’image qu’avaient en tête Kalatozov et Urusevskiy.

Une édition DVD est disponible, sans le livret.

La Lettre inachevée

Bonus - 3,5 / 5

La Lettre inachevée, un diamant noir (25’, 2022), une analyse du film par Eugénie Zvonkine. La Lettre inachevée, le moins connu des trois films réalisés par Mikhail Kalatozov avec le chef-opérateur Sergey Urusevskiy, est une oeuvre très originale, faite avec les ingrédients de l’académisme soviétique transformés par le talent de l’équipe et l’intervention dans l’écriture du scénario de Kalatozov et d’Urusevskiy. Ce qui vaudra l’accueil tiède du public et des autorités réservé à un film expérimental dans lequel les deux créateurs « mettent leur imagination avant le réel ». Le choix des lieux de tournage a été guidé par des esquisses improvisées par le directeur artistique David Vinitsky : des arbres morts seront coupés et disposés pour créer une forêt imaginaire, pour faire de la nature un personnage du film « qu’il faut dompter ». L’inventivité de la mise en scène est illustrée dans deux séquences « racontant le désir », violent dans la découverte d’un diamant, doux avec la superposition des deux visages quand Konstantin écrit sa lettre à Véra. Cet entretien, bien construit, puise une large part de son contenu dans le livret.

La Lettre inachevée

Image - 4,0 / 5

L’image (1.37:1, 1080p, AVC), restaurée par Mosfilm après numérisation 4K, débarrassée de toute marque de détérioration de la pellicule, stable, lumineuse, fermement contrastée avec des noirs denses, affiche une étonnante résolution obtenue par un lissage du grain qui altère sensiblement la texture du 35 mm.

La Lettre inachevée

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 mono, très propre, avec un effacement du souffle dans la plupart des séquences, restitue les dialogues avec un timbre naturel et délivre assez finement le bel accompagnement musical de Nikolai Kryukov, toutefois affecté par des saturations dans les passages forte.

Crédits images : © Mosfilm

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 5 juillet 2022
Trois films ont démontré la puissance de l’association du réalisateur Mikhail Kalotozov et du chef-opérateur Sergey Urusevskiy. La lettre inachevée est l’un des trois, moins connu que Quand passent les cigognes et Soy Cuba, mais d’une aussi remarquable beauté.

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