Harlequin (1980) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Simon Wincer
Avec Robert Powell, David Hemmings et Carmen Duncan

Édité par Rimini Editions

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Le 28/09/2023
Critique

Le fantastique s’invite avec la magouille politicienne dans ce lfilm issu du catalogue australien du cinéma de genre des années 70 et 80.

Harlequin

Le sous-gouverneur Steele se noie dans des circonstances inexplicables sous les yeux de ses gardes du corps. Candidat à sa succession, le sénateur Nick Rast et son épouse Sandra se préparent à la mort de leur fils Alex, souffrant d’une leucémie en phase terminale. Une nuit d’orage, un mystérieux individu réussit à s’introduire dans leur villa en déjouant toutes les protections et leur annonce qu’il peut guérir Alex. L’enquête initiée par le sénateur révèle que l’homme, un magicien, serait mort il y a plus 20 ans…

Harlequin, sorti en Australie en 1980, dans nos salles en janvier 1981, est le deuxième long métrage de l’Australien Simon Wincer, après Snapshot (1979) et la réalisation d’épisodes d’une bonne vingtaine de séries entamée en 1972, un format qui lui vaudra un Primetime Emmy Award pour Lonesome Dove en 1989 et de réaliser, avec cinq autres téléastes, un des six épisodes de la remarquable minisérie sur les Amérindiens produite en 2005 par Steven Spielberg, Into the West. Il s’est rendu populaire dans les salles de cinéma par D.A.R.Y.L. (1985) et des films mettant en vedette des animaux, Sauvez Willy (Free Willy, 1993), Opération Dumbo Drop (1995), La Légende de l’étalon noir (The Young Black Stallion, 2003) et The Cup (2011), son dernier film.

Harlequin

Harlequin met en images un scénario original d’Everett De Roche, coscénariste de Snapshot, auteur ou coauteur d’une soixantaine de scénarios, notamment connu pour trois thrillers horrifiques assez bien ficelés, Razorback (Russell Mulcahy, 1984), Link (Richard Franklin, 1985), mettant en scène deux animaux dangereux, un sanglier et un chimpanzé, et Patrick (Richard Franklin, 1978), proposé par Rimini en édition combo Collector et, à partir du 3 octobre 2023, en édition Blu-ray single.

Le scénario, vaguement inspiré de l’histoire de Raspoutine, fait allusion, ce que confirme un carton, à la mystérieuse noyade du premier ministre australien Harold Holt dont le corps n’a jamais pu être retrouvé et dont la mort fut officiellement annoncée deux jours après. Aucune autre indication de l’origine géographique du film, tourné à Perth : le producteur, pour favoriser son exportation, a voulu masquer tout lien avec l’Australie, dont l’image dans le septième art laissait à désirer… tant bien que mal : les voitures avec le volant à droite roulent à droite !

Harlequin, dans un mélange assez adroit de plusieurs genres, le drame politique, le drame psychologique, l’action et le fantastique, tire un bel atout de la complicité entre Robert Powell et David Hemmings : Robert Powell fut en tête d’affiche de deux des six films réalisés par David Hemmings, Running Scared, en 1972, et Le Survivant d’un monde parallèle (The Survivor), en 1981. Un des rôles secondaires est tenu par le mythique Broderick Crawford, popularisé par Les Fous du Roi (All the King’s Men, Robert Rossen, 1949) et par la série Highway Patrol (1955-1959, 156 épisodes).

Harlequin

Présentation - 2,0 / 5

Harlequin (95 minutes) et ses suppléments (74 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier gris fumée.

Le menu propose le film dans sa langue originale, l’anglais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 mono.

Une édition combo Blu-ray/DVD avec un livret de 10 pages de Marc Toullec, sortie en 2020, toujours disponible.

Bonus - 3,0 / 5

Entretien avec Kim Newman, critique de cinéma (Destruction From Down Under, an Ozploitation Restrospective, 16’). Il passe en revue les films des années 70 au début des années 80 qui ont placé l’Australie aux avant-postes les « séries B de drive-in » : Alvin Purple, The Adventures of Barry McKenzie, des films d’horreur comme Patrick, Long Weekend, Harlequin, Razorback… D’un meilleur niveau, Wake in Fright et les films de Peter Weir, comme Pique-nique à Hanging Rock, La Dernière vague ou, encore, Walkabout du Britannique Nicolas Roeg décrivent l’Australie comme un endroit nauséabond, hanté. Puis Mad Max inaugura une suite de films d’action qui rendirent familiers les visages patibulaires de Bruce Spence et David Argue et diffusèrent la magie des étranges paysages de l’outback. Il a fallu quelque temps pour que soient appréciés à leur juste valeur des films de genre comme Harlequin qui joue sur plusieurs tableaux, le drame politique et le mysticisme, avec un flou qu’on retrouvera dans Le Survivant d’un monde parallèle (The Survivor) de David Hemmings. Un cinéma à part auquel Michael Powell avait ouvert la voie en 1966 avec La Conquête du bout du monde (They’re a Weird Mob). L’Australie, comme le Canada, est devenue une source active de production cinématographique anglophone et des Australiens ont fait une belle carrière à Hollywood, tels Hugh Jackman, Mel Gibson, Russell Crowe ou Guy Pearce… (un film de Naomi Holwill, monteuse et productrice de très nombreux documentaires sur le cinéma).

Harlequin

Entretien avec Robert Powell et David Hemmings (6’). La lecture du scénario a décidé Robert Powell à s’envoler pour Perth pour tenir le rôle-titre. David Hemmings a immédiatement accepté de jouer Rast, une anagramme de Tsar. Il souligne la dimension technique de l’art cinématographique qui le distingue du théâtre…

Interviews de Simon Wincer, Antony I. Ginnane, Everett De Roche et Gus Mercurio (50’). Une suite d’interviews conduits par Mark Hartley pour son documentaire Not Quite Holl²ywood: The Wild, Untold Story of Ozploitation!, réalisé en 2008. Simon Wincer rappelle qu’Antony Ginnane a soutenu la production de thrillers à dimension psychologique, des films commerciaux à budget serré répondant au goût d’un certain public à une époque où le cinéma australien était encore méprisé. Harlequin a pu bénéficier d’une belle distribution et des effets spéciaux de Conrad Rothmann. Antony I. Ginnane, le producteur, rappelle que Harlequin fut son plus grand succès commercial. Le producteur doit s’assurer, en analysant le scénario en proposant d’éventuels ajustements, des chances de recettes, en Australie comme à l’étranger. Il se souvient d’une scène dans laquelle Broderick Crawford, imprégné d’alcool, avait enfilé son pantalon à l’envers ! David Hemmings savait se contrôler : son penchant pour l’alcool n’affectait pas sa prestation. Après avoir envisagé David Bowie pour le rôle-titre, le producteur misa sur l’aura internationale gagnée en 1977 par Robert Powell avec la minisérie Jésus de Nazareth de Franco Zeffirelli. Le film, grâce à sa distribution et ses effets spéciaux fut bien accueilli en Europe : il fut sélectionné à Avoriaz et Robert Powell obtint le Prix d’interprétation masculine du Festival du film fantastique de Paris. Everett De Roche se souvient que la lecture d’un livre sur Raspoutine lui avait donné l’idée du scénario qu’il a écrit en pensant à David Bowie pour le rôle. Gus Mercurio, l’interprète de Mr. Bergier, le majordome du sénateur, cite quelques anecdotes du tournage et confie avoir coupé d’eau l’alcool consommé par Broderick Crawford.

Bande-annonce (1’38”).

Harlequin

Image - 4,5 / 5

L’image (1080p, AVC), au ratio originel de 2.39:1 (2.35:1 sur la jaquette), après une soigneuse restauration (probablement celle opérée à partir d’un négatif original en 2013 pour l’édition Scorpion), a été débarrassée des marques de dégradation de la pellicule. Les couleurs sont vives, bien étalonnées, avec des tons de peau naturels. La définition est à hauteur des attentes, sans dénaturation de la texture du 35 mm : un grain homogène, plutôt fin, plus grossier dans quelques séquences d’effets visuels.

Son - 4,0 / 5

Le son monophonique d’origine, réencodé au format DTS-HD Master Audio 2.0 mono, débarrassé des bruits parasites, presque sans souffle, assure la clarté des dialogues. Une bonne dynamique sert le réalisme de l’ambiance, notamment dans les scènes d’orage. L’accompagnement musical est occasionnellement au bord de la saturation.

Le doublage en français est affecté par un niveau sonore trop élevé, particulièrement celui des dialogues, avec quelques saturations.

Crédits images : © Ace Productions, Caidin Film, Australian Film Commission, Farlight Investments, Western Australian Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 30 septembre 2023
Un mélange insolite et assez adroit de plusieurs genres, le drame politique, le drame psychologique, l’action et le fantastique venu d’Australie. Une curiosité à découvrir.

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