Fenêtre sur Pacifique (1990) : le test complet du Blu-ray

Pacific Heights

Combo Blu-ray + DVD - Édition Limitée

Réalisé par John Schlesinger
Avec Melanie Griffith, Matthew Modine et Michael Keaton

Édité par ESC Editions

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Le 15/02/2024
Critique

Excellent film noir policier dont le réalisme méticuleux vire au cauchemar et au fantastique.

Fenêtre sur Pacifique

San Francisco, USA 1990. Patty et Drake achètent et restaurent une demeure victorienne dans le quartier le plus chic de la ville, Pacific Heighs. ils louent deux appartements indépendants au rez-de-chaussé afin de rembourser plus rapidement l’important emprunt qu’ils ont souscrit. Un couple japonais leur donne toute satisfaction concernant le premier mais Drake se laisse manipuler par Carter Hayes qui emménage dans le second appartement. Ce psychopathe prédateur va bientôt mettre en danger non seulement leurs finances mais aussi leurs vies.

Fenêtre sur Pacifique(Pacific Heighs, USA 1990) de John Schlesinger (1926-2003) est dorénavant un classique du film noir policier. Il est très représentatif d’un courant que les historiens américains du genre nomment tantôt « eviction thriller » (car l’argument est souvent celui d’un couple soigneusement dépeint dont la relation puis la vie est menacée par l’irruption d’un psychopathe) tantôt, plus simplement mais un peu trop largement, « film policier psychologique ».

Durant son âge d’or 1966-1976, Schlesinger avait filmé des scénarios ambitieux : adaptation romanesque d’un roman de Thomas Hardy, drames psychologiques réalistes contemporains situés à New York et à Londres à la fin des années 1960, mise en abyme critique du Hollywood des années 1930. Il servit par la suite, ponctuellement mais remarquablement, des genres tels que l’espionnage et le fantastique.

Fenêtre sur Pacifique

Fenêtre sur Pacifique est le dernier titre vraiment intéressant de sa filmographie, son chant stylistique du cygne à tous points de vue ; il travailla ensuite davantage pour la télévision que pour le cinéma. Sur le plan purement plastique, on est proche de la perfection formelle et cela, dès le générique d’ouverture qui instaure simultanément une ambivalence et une violence impressionnante. L’hommage au cinéaste Alfred Hitchcock est patent (emploi de l’actrice Tippi Hedren - la mère de l’actrice Melanie Griffith - dans un rôle secondaire, brève apparition du cinéaste John Schlesinger lui-même durant un plan). Le scénario est doté d’un suspense intense servi par un casting de haut vol parfaitement exploité. Sur le plan strictement documentaire, signalons que la maison existe réellement mais qu’elle n’est pas située dans le quartier qui donne son titre au film. Concernant l’aspect juridique de la première partie du scénario (les propriétaires, la police, le juge sont d’abord incapables puis capables d’expulser un locataire s’avérant un escroc), les cinéphiles américains juristes ou membres des forces de l’ordre ont discuté de sa pertinence au plan national, fédéral, et bien sûr local mais l’agument repose sur une expérience personnelle du scénariste Daniel Pyne qui avait vécu une situation similaire. L’un des plans les plus étonnants du film, surtout pour un spectateur français, est ce panoramique circulaire sournois qui révèle les attributions juridiques en même temps que la décoration du bureau de l’avocat du trust familial qui gère les dépenses du psychopathe.

Du réalisme, Fenêtre sur Pacifique vire régulièrement au cauchemar, oscillant finalement in-extremis entre film policier et film d’épouvante : oscillation qui apparaissait déjà durant le générique d’ouverture. La boucle est ainsi parfaitement bouclée. Cette progressive transformation filmique, fond comme forme, était alors très appréciée du public : les cinéastes Adrian Lyne (1987), Philip Noyce (1989), Joseph Ruben (1991), Jonathan Kaplan (1992), Barbet Schroeder (1992) l’illustrèrent très bien. Il ne faudrait d’ailleurs pas la réduire à cette période du genre ni à cette structure scénaristique ponctuelle des années 1990 : elle lui est consubstantielle.

Fenêtre sur Pacifique

Présentation - 2,5 / 5

Edition combo ESC du 06 mars 2024, contenant, sous boîtier digipack, 1 DVD-9 PAL zone 2 + 1 Blu-ray 50 région B. Durée du film : 102 min. environ (sur Blu-ray). Format 1.85 original respecté, en Full HD 1080pAVC, en couleurs, compatible 16/9. Son DTS HD Master Audio DTS HD Master Audio en VOSTF 5.1. + VF d’époque 2 0. Suppléments : entretien avec Samuel Blumenfeld (22’).

Bonus - 2,5 / 5

Entretien autour du film avec Samuel Blumenfeld ( 22’ environ) : il replace bien le titre dans l’histoire du genre (le film policier américain des années 1990), dans la bio-filmographie de son réalisateur John Schlesinger puis il examine attentivement son casting, le découpage de son scénario et sa mise en scène. Excellentes remarques sur l’influence d’Alfred Hitchcok et sur l’homosexualité dans le cinéma de Schlesinger. Une erreur (le thème du titre anglais de 1970 avec Glenda Jackson n’est pas tant l’homosexualité que la bisexualité, sujet encore plus brûlant à l’époque) et une lacune (rien sur l’aspect juridique assez irréaliste en ce qui concerne les modalités d’expulsion des locataires ne réglant pas leur loyer à San Francisco). Illustré par de nombreux extraits vidéo du film, quelques photos de production (« production stills ») en N&B et quelques photos couleurs de tournage.

Fenêtre sur Pacifique

Image - 4,0 / 5

Format respecté large 1.85 en Full HD 1080pAVC, en couleurs et compatible 16/9. L’image est identique à celle du master vidéo Full HD édité aux USA par Sony en 2019. La copie positive argentique est assez propre, mises à part quelques rares brûlures blanches visibles sur environ une dizaine de plans. Le transfert vidéo respecte assez bien le grain, le gain de définition est appréciable tandis que les couleurs sont correctement étalonnées mais elles manquent de vivacité et de fraîcheur. On aurait pu obtenir mieux à partir d’une copie neuve retirée du négatif : ce n’est visiblement pas le cas. Reste que c’est tout de même, pour l’instant, la meilleure image disponible en édition vidéo : ne pas lâcher la proie pour l’ombre, donc, car le film le mérite amplement.

Fenêtre sur Pacifique

Son - 5,0 / 5

DTS HD Master Audio DTS HD Master Audio en VOSTF 5.1. + 2.0 en VF d’époque  : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Musique signée Hans Zimmer, remarquable dès le générique d’ouverture, par sa belle ampleur et ses ruptures concertées de ton. Il a existé en 1990 une version THX exploitée dans certains cinémas lors de la sortie même si le son était majoritairement exploité en Dolby Stéréo (voir générique de fin concernant ces deux mentions). La VF d’époque est certes correcte techniquement et dramaturgiquement mais les effets sonores de la piste VOSTF sont mieux restitués. Etant donné qu’ils sont souvent sophistiqués, voire élément moteur du suspense de plusieurs séquences importantes, je recommande d’écouter de préférence cette piste VOSTF.

Crédits images : © Morgan Creek Entertainment

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis

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francis moury
Le 16 février 2024
Excellent film noir policier américain de 1990 dont le réalisme méticuleux vire au cauchemar et au fantastique. Un des plus représentatifs de la catégorie "eviction thriller" qui connaissait alors un grand succès.

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Fenêtre sur Pacifique
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