La Chute de la Maison Usher (1960) : le test complet du Blu-ray

House of Usher

Master haute définition

Réalisé par Roger Corman
Avec Vincent Price, Mark Damon et Myrna Fahey

Édité par Sidonis Calysta

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Le 18/03/2024
Critique

Adaptation d’un conte fantastique d’Edgar Poe par le cinéaste Roger Corman ; son succès inaugura la série Edgar Poe produite de 1960 à 1964.

La Chute de la maison Usher

La Chute de la maison Usher (The Fall of the House of Usher / House of Usher, USA 1960) co-produit et réalisé par Roger Corman tient, dans sa filmographie sélective américaine fantastique, la place que tient Frankenstein s’est échappé ! (The curse of Frankenstein, GB 1957) dans la filmographie sélective anglaise fantastique de Terence Fisher. Sans leurs succès respectifs, les titres suivants respectivement filmés par Fisher et Corman de chaque côté de l’Atlantique — aux scénarios indépendants mais à l’esthétique et à la thématique unifiées — n’auraient probablement pas existé. Bien sûr, il y avait déjà eu des adaptations de ce conte fantastique d’Edgar Poe (publié en première édition américaine en 1839, traduit en français par Charles Baudelaire en 1855) dans l’histoire du cinéma mondial, notamment celle de Jean Epstein (France 1928), et il y en aura d’autres par la suite, par exemple l’intéressant téléfilm d’Alexandre Astruc (France 1981) mais celle de Corman se signala immédiatement par son originalité.

D’abord le scénario de Richard Matheson conserve la structure de l’histoire de Poe mais il la modifie et l’étoffe par divers ressorts narratifs : ce n ‘est plus un ami d’enfance de Roderick Usher mais le fiancé de sa soeur Madeline qui frappe à la porte du manoir ; le domestique devient un authentique personnage alors qu’aucune ligne de dialogue ne lui est accordée dans l’histoire de Poe ; certaines idées plastiques et dramatiques (l’effrayante galerie de portraits et le cauchemar les faisant intervenir, les quasi-agressions de la maison à l’encontre du fiancé de Madeline) augmentent le suspense et l’épouvante de l’intrigue native de Poe. Le thème de la névrose familiale demeure cependant le thème central et Richard Matheson s’avère le digne héritier d’Edgar Poe qui s’était inspiré, concernant les portraits, sinon physiques au moins psychologiques, de Roderick et Madeline, des très réels James et Agnes Usher, membres par alliance de sa famille maternelle.(*)

Ensuite, sans doute afin de compenser ces modifications peut-être excessives aux yeux du lecteur cultivé de Poe, une fidélité plastique à l’atmosphère du conte fut nativement obtenue grâce à la direction artistique surchargée de Daniel Haller et grâce à une direction de la photo en Scope-couleurs oscillant entre classicisme glacé et baroque obsédant, signée par Floyd Crosby. La première séquence cauchemardesque (la découverte du manoir environné d’arbres morts surgis du brouillard) montre déjà comment Corman renouvelle la donne : il filme une colline qui avait été réellement incendiée et y rajoute un brouillard artificiel qui en faisait un paysage à la fois réel et cauchemardesque, comme à la fin il filme un incendie réel habilement intégré au montage. Cette oscillation poétique, c’est la visualisation pure du génie d’Edgar Allan Poe.

La Chute de la maison Usher

Le casting fut un coup de maître en raison du choix de l’acteur Vincent Price. Certes Price était connu du public depuis les années 1945 pour ses seconds rôles dans des productions de catégorie A et pour ses premiers rôles dans des productions de catégorie B. Il avait déjà incarné le premier rôle dans quelques productions fantastiques de série B, par exemple dans L’Homme au masque de cire (House of Wax, USA 1953) d’André DeToth, une variation du classique de 1933 signé par Michael Curtiz. Mais le rôle de Roderick Usher fut assurément le rôle déterminant de sa carrière : il tourna dans 7 des 8 adaptations de Poe par Corman de 1960 à 1964. Vincent Price fut aussi iconique, relativement à cette série américaine Corman / Edgar Poe que l’étaient à la même époque Christopher Lee et Peter Cushing dans les séries anglaises Dracula et Frankenstein de la Hammer Films. Le reste du casting, à commencer par Mark Damon, était honorable ; à partir de 1961, Price sera de mieux en mieux entouré, en raison de budgets progressivement supérieurs de production.

Sur le plan de l’exploitation, notez la divergence entre le générique argentique et certains matériels publicitaires : la société de production-distribution AIP (à laquelle Corman était alors associé) avait volontairement fourni des copies argentiques munies de deux titres distincts : The Fall of the House of Usher et House of Usher. Ce qui explique qu’il existe un jeu de 8 lobby cards (photos américaines d’exploitation) intitulées de la seconde manière alors que tous les génériques d’ouverture connus en France sont munis du premier titre.

(*) Cf. Edgar Allan Poe, Oeuvres en prose, traduction Charles Baudelaire, avec notices et notes d’Y. G. Le Dantec, Bibliothèque de la Pléiade-NRF, éditions Gallimard, Paris 1951 / tirage 1979, page 1088.

La Chute de la maison Usher

Présentation - 3,0 / 5

1 Blu-ray BD-50 région B, édité par Sidonis Calysta le 05 mars 2024. La Chute de la maison Usher (première cinéma juin 1960, durée film 79’) Images couleurs Full HD 1080p AVC au format original 2.35 respecté et compatible 16/9. Son DTS-HD Master Audio 2.0 mono VOSTF + VF d’époque. Suppléments : Présentation par Christophe Gans (2022, durée 46’43”) + Entretien avec Vincent Price (1986, durée 11’13”, VOSTF) + Bande-annonce originale (1960, durée 2’31”, VO): Belle illustration de jaquette qui reprend les visuels des affiches originales.

Bonus - 3,0 / 5

Présentation par Christophe Gans (2022, 46’43”) : riche et précise, elle couvre la situation de Corman au moment du tournage, la genèse de la production, le tournage (anecdote de la grange), le rapport scénario – oeuvre originale de Poe, la mise en scène, la direction de la photo de Floyd Crosby (ses dominantes rouges, ici), les décors de Daniel Haller, les peintures montrées dans le film, l’acteur Vincent Price. Pour les cinéphiles un peu plus pointus, intéressantes remarques sur les versions muettes de 1928 et sur de possibles allusions à Poe dans Un Baquet de sang (USA 1959) de Roger Corman. Un bémol concernant l’analyse de la mise en scène : il y a des recadrages assez fréquents dans les dialogues et la mise en scène, certes correspondante aux exigences techniques du Scope 2.35, comporte néanmoins un découpage plus complexe que ce que Gans décrit.

Entretien avec Vincent Price (1986, 11’13”, VOSTF) : Claude Ventura et Philippe Garnier rencontrent la star à Malibu mais, mis à part de savoureuses anecdotes dites avec une bonne humeur roborative (une relative à un film de James Whale, une autre aux acteurs Basil Rathbone, Peter Lorre et Boris Karloff sur les deux films fantastiques de 1962 et 1963 appartenant à la série Edgar Poe) on n’apprend pratiquement rien, mis à part le fait que Price appréciait les tournages rapides de Corman.

Bande-annonce originale (2’31”, VO): au format Scope 2.35 respecté mais en état argentique moyen ; elle prélève de nombreux plans au célèbre cauchemar de Philip Winthrop.

Bel ensemble mais pourquoi ne pas avoir ajouté en VOSTF, pour les cinéphiles francophones, le commentaire audio du producteur-réalisateur Roger Corman, proposé depuis 2013 (en VO mais sans STF) aux cinéphiles américains sur l’édition Blu-ray de Shout Factory faisant partie de la collection Vincent Price ?

La Chute de la maison Usher

Image - 5,0 / 5

Full HD 1080p AVC, au format original 2.35 respecté et compatible 16/9, en Scope-couleurs. Sur le plan argentique, copie restaurée en très bon état : une seule poussière blanche fugitive relevée, par exemple, sur un unique plan de La Chute de la maison Usher. Étant donné que le titre a 64 ans cette année, c’est tout de même une belle performance. Sur le plan vidéo, le transfert Full HD rehausse la beauté plastique native, rafraîchit la vivacité des couleurs, restitue le travail sophistiqué de Floyd Crosby qui signe la direction photo des premiers films de la série de 1960 à 1963.

La Chute de la maison Usher

Son - 5,0 / 5

DTS-HD Master Audio 2.0 Mono VOSTF + VF d’époque : offre complète, nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. La VOSTF est techniquement plus satisfaisantes que la VF, comme souvent. Elle comporte moins de souffle, dispose d’un relief sonore supérieur. La VF d’époque est soignée, la voix française de Vincent Price est honorable.

Crédits images : © AIP

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
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francis moury
Le 19 mars 2024
Adaptation d’un conte fantastique d’Edgar Poe par le cinéaste Roger Corman ; son succès inaugura la série Edgar Poe produite de 1960 à 1964.

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