Quelle heure est-il (1989) : le test complet du Blu-ray

Che ora è?

Réalisé par Ettore Scola
Avec Marcello Mastroianni, Massimo Troisi et Anne Parillaud

Édité par Gaumont

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Le 15/12/2011
Critique

Après Splendor, le trio Mastroianni-Troisi-Scola se réunit à nouveau pour Quelle heure est-il (l’absence de point d’interrogation est un souhait du réalisateur), comédie dramatique universelle basée sur la relation entre un père vieillissant et son fils souhaitant mener une vie diamétralement opposée aux souhaits du premier.

Ettore Scola oppose deux générations à travers un long dialogue, parfois lourd mais toujours juste, croisant des thèmes qui lui sont chers et récurrents dans la dernière partie de son oeuvre comme les désillusions, l’échec, l’incommunicabilité, le temps qui passe, l’heure du bilan (l’heure du titre ?) et la vieillesse.

Il y a fort à parier que Scola a mis beaucoup de lui dans le personnage formidablement incarné par Marcello Mastroianni, dont le visage lourd et marqué par le poids des ans n’a jamais été autant effleuré par la caméra. La fatigue et l’usure se font ressentir chez ce personnage qui tente, maladroitement mais simplement, de se rapprocher d’un fils qu’il connaît finalement mal malgré les années passées à ses côtés. Le fils, c’est Massimo Troisi qui prête ses expressions mélancoliques et sa voix hésitante à ce personnage tiraillé entre l’envie de dire les choses franchement à son père, mais qui se retient finalement de peur de le blesser. Un héritier qui ne sait comment avouer à son père que la vie qu’il souhaite mener ne correspond en rien aux espoirs qu’il avait mis en lui.

Si Quelle heure est-il manque parfois d’émotion, demeure trop bavard (Ettore Scola aurait gagné à plus jouer sur les non-dits et les regards) et parfois froid dans son traitement, le sujet est suffisamment touchant pour que l’on se laisse porter et prendre par le jeu, l’immense talent et l’osmose des comédiens. Récompensés tous les deux par la Coupe Volpi du meilleur acteur en 1989, Massimo Troisi et Marcello Mastroianni sont parfaits. A la fois le coeur et l’âme de ce petit film trop méconnu d’Ettore Scola, de cette journée faite d’incompréhensions et d’affinités, ils sont la raison d’être de Quelle heure est-il.

Présentation - 4,0 / 5

Comme d’habitude chez Gaumont, le visuel est classe et soigné, le menu principal animé, sobre et musical.

Bonus - 4,0 / 5

L’interactivité du Blu-ray de Quelle heure est-il se compose de trois entretiens didactiques et passionnants avec Ettore Scola (en italien), le directeur de la photographie Luciano Tovoli (en français) et le réalisateur Michael Radford.

D’une durée moyenne de vingt minutes, chacune de ces interviews revient sur les thèmes du film (la relation entre un père et son fils, l’incommunicabilité), les anecdotes de tournage ne manquent pas et nos trois intervenants s’expriment sur Marcello Mastroianni et Massimo Troisi. Ettore Scola s’exprime sur l’amitié de ses deux comédiens rencontrés sur Splendor qui l’ont littéralement poussé à les réunir à l’écran pour Quelle heure est-il. Le metteur en scène revient également sur le tournage à Civitavecchia où le film a été tourné dans l’ordre chronologique. De son côté, Luciano Tovoli ne cache pas son admiration pour ce  » petit  » film d’Ettore Scola tout en se penchant sur le côté technique de Quelle heure est-il à travers de nombreux souvenirs racontés avec humour et maestria.

Exclusive à l’édition Blu-ray, l’interview du cinéaste britannique Michael Radford (dans un français parfait) dresse un portrait intime, émouvant et captivant de Massimo Troisi (1953-1994), acteur, réalisateur et scénariste qu’il avait mis en scène dans Le Facteur (Il Postino) qui allait être son dernier film. De son enfance dans la province de Naples en passant par son amour du théâtre, ses problèmes cardiaques dus à une fièvre rhumatique contractée enfant, ses succès comiques à la télévision italienne, jusqu’à son phrasé inimitable, sa mort prématurée et le succès posthume international du Facteur, cet hommage sincère et poignant s’avère indispensable.

L’interactivité se clôt sur les bandes-annonces des films d’Ettore Scola disponibles en Blu-ray chez Gaumont.

Image - 4,5 / 5

Fidèle à sa réputation, Gaumont livre une édition HD éclatante de Quelle heure est il. La douce et vaporeuse photographie de Luciano Tovoli trouve un nouvel écrin en Blu-ray, et malgré quelques pertes infimes de la définition dues à certains partis-pris esthétiques (beaucoup de fumée notamment), le transfert demeure vif, la colorimétrie admirable et le piqué acéré. Ce master français s’avère lisse, stable, immaculé, la restauration est comme d’habitude confondante et les séquences nocturnes denses.

Son - 4,0 / 5

Le hic de la version italienne provient de certains dialogues repris en postsynchronisation qui détonnent par rapport à ceux enregistrés en son direct. C’est surtout le cas pour Marcello Mastroianni dont quelques séquences réalisées en postproduction se détachent trop du reste. Cette hétérogénéité peut parfois être agaçante, surtout que le film repose sur l’échange entre le père et le fils. Certains diront que c’est un peu trop chipoter mais le fait est que ce mixage manque de fluidité, bien que l’ensemble soit plutôt dynamique et clair. La version française est tout aussi propre et distincte mais bien trop centrée sur les dialogues au détriment des ambiances annexes, comme sur le port ou dans les bars. Notons que Pierre Mondy prête sa voix à Marcello Mastroianni. Dans les deux cas, les notes de saxophone du thème principal d’Armando Trovajoli sont perçantes et joliment délivrées.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm