Miele (2013) : le test complet du DVD

Réalisé par Valeria Golino
Avec Jasmine Trinca, Carlo Cecchi et Libero De Rienzo

Édité par Jour2Fête

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Le 12/03/2014
Critique

Irène vit seule dans une maison au bord de la mer non loin de Rome. Son père et son amant la croient étudiante. En réalité, sous le nom de code Miele, elle aide clandestinement des personnes en phase terminale à mourir dignement en leur administrant un barbiturique puissant. Un jour elle procure une de ces doses mortelles à un nouveau « client », Monsieur Grimaldi. Elle découvre cependant qu’il est en parfaite santé mais qu’il veut mettre fin à ses jours, ayant perdu goût à la vie. Bien décidée à ne pas être responsable de ce suicide, elle va tout faire pour l’en empêcher.

Certains ont découvert la comédienne napolitaine Valeria Golino en 1987 dans Dernier été à Tanger d’Alexandre Arcady. D’autres, la plupart d’entre nous, dans Rain Man de Barry Levinson (1988) et surtout Hot Shots ! de Jim Abrahams dans lequel elle interprète la cultissime Ramada alias Wawatoukina « Cuit avec son ventre ». Depuis, Valeria Golino a fait de nombreuses apparitions dans des films aussi divers que variés comme Les Eaux printanières de Jerzy Skolimowski, The Indian Runner de Sean Penn, Leaving Las Vegas de Mike Figgis, Los Angeles 2013 de John Carpenter, Respiro d’Emanuele Crialese, 36 Quai des Orfèvres d’Olivier Marchal, Frida de Julie Taymor, A casa nostra de Francesca Comencini et Les Beaux Gosses de Riad Sattouf.

Autant d’univers contradictoires, disparates, multiples, qui ont nourri l’actrice jusqu’à lui donner l’envie de passer à la mise en scène. Après un premier court-métrage réalisé en 2010 (Armandino e il madre), Miele marque ses véritables débuts derrière la caméra et autant le dire d’emblée, ce premier long métrage fait preuve d’une maturité et d’une maîtrise indiscutables.

A l’instar de Quelques heures de printemps de Stéphane Brizé et La Belle endormie de Marco Bellocchio, Miele, adapté librement du roman Vi perdono d’Angela del Fabbro alias Mauro Covacich, romancier célèbre qui a usé d’un pseudonyme comme l’héroïne de son histoire. aborde le sujet sensible, tabou, polémique et épineux du droit de mourir dans la dignité, sans aucun pathos ni manichéisme.

La réalisatrice ne délivre pas de message sur l’euthanasie, ne défends aucune thèse et ne souhaite pas faire de ce film un manifeste, mais cherche à ouvrir le débat dans un pays très conservateur et religieux - avec le poids du Vatican et son héritage catholique - que cette pratique rebute au plus haut point, comme dans aucun autre pays européen.

A l’écran, Miele prend les traits magnétiques et mélancoliques de Jasmine Trinca, la comédienne la plus précieuse du cinéma italien, découverte en 2001 dans La Chambre du fils de Nanni Moretti et l’extraordinaire Nos meilleures années (La meglio gioventù) de Marco Tullio Giordana en 2003. Cheveux courts à la tomboy, amaigrie, regard sombre, vêtue de noir, Miele est une jeune trentenaire qui cherche à cacher son identité, un courant d’air, sans cesse en mouvement, qui passe d’un endroit à l’autre, qui cherche à échapper à quelque chose, tout en prenant le temps d’aider certaines personnes - souvent en phase terminale - qui ont besoin de ses services, pour leur administrer un barbiturique (pour chiens) acheté librement au Mexique afin qu’ils puissent mourir décemment, selon leurs désirs.

En contact permanent avec la mort et la douleur, Miele ne cesse d’aller et venir sans parvenir véritablement à se poser quelque part, en y laissant chaque fois quelques fragments d’âme. La seule manière de se « retrouver » est de s’épuiser physiquement en nageant dans une mer grise et agitée. Jusqu’à ce qu’elle fasse une rencontre qui va la bouleverser et lui donne finalement l’envie de vivre et de s’ouvrir aux autres.

Miele est un véritable uppercut dans le cinéma italien, aujourd’hui habituellement cantonné dans des comédies sans aucune saveur. Non seulement cette première oeuvre interpelle sur un sujet grave mais nécessaire, questionne et donne envie d’en discuter, mais en plus Miele est un film extrêmement soigné sur le plan visuel avec une superbe photographie signée Gergely Pohárnok, chef opérateur hongrois à qui l’on devait les superbes images de l’excellent Une vie tranquille de Claudio Cupellini.

On souhaite à Valeria Golino, actrice déjà hautement appréciable, de continuer dans cette voie délicate, courageuse et intense, qui lui sied à merveille.

Présentation - 3,0 / 5

Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est fixe et musical.

Bonus - 3,0 / 5

En plus de la bande-annonce, Jour2fête nous livre deux entretiens indispensables avec la comédienne Jasmine Trinca d’un côté (12’) et la réalisatrice Valeria Golino de l’autre (17’). Chacune s’exprime dans un français délicieux. Jasmine Trinca aborde la rencontre avec Valeria Golino, les essais (jugés peu concluants au départ) de la comédienne, leur travail en commun et surtout le cheminement pour créer le personnage de Miele, tant physiquement (la coupe de cheveux notamment) que psychologiquement. L’actrice partage quelques souvenirs de tournage, sur sa collaboration avec Carlo Cecchi surtout.

De son côté, Valeria Golino évoque les difficultés rencontrées pour monter son premier film en tant que réalisatrice. Elle nous parle de la genèse du projet, de l’adaptation du roman Vi perdono de Mauro Covacich (publié en 2009 sous le pseudonyme d’Angela Del Fabbro), les thèmes du film, le travail avec Jasmine Trinca, ses références dans le cinéma et la bande son.

Deux femmes, deux italiennes magnifiques que l’on écoute avec beaucoup d’intérêt.

Image - 3,5 / 5

Jour2Fête livre un master satisfaisant de Miele, même si la copie demeure marquée par les conditions de prises de vue d’origine et un budget vraisemblablement restreint. Quelques séquences sombres restent marquées par un grain aléatoire, de sensibles flous sporadiques, des noirs spongieux. Néanmoins, les partis pris esthétiques originaux sont respectés, les couleurs alternent entre le chaud et le froid, le piqué reste cependant émoussé, la clarté appuyée rendant certains blancs cassés. La copie présente également un léger bruit vidéo notable sur quelques plans rapprochés.

Son - 3,5 / 5

Seule la version originale est disponible. La piste Dolby Digital 5.1 sert essentiellement à spatialiser les quelques passages musicaux et les diverses ambiances naturelles sur les séquences en extérieur, mais les effets latéraux demeurent restreints. L’action est principalement canalisée sur les enceintes avant et les dialogues manquent souvent de punch sur la centrale. Le caisson de basses a de son côté de petites occasions de faire parler de lui, comme lors de la séquence en boite de nuit (18e minute).

L’éditeur joint également une stéréo aux dialogues plus vifs. Ce mixage se révèle plus riche et dynamique que son homologue 5.1 et instaure un bon confort acoustique. Les sous-titres français sont imposés, mais le changement d’une piste à l’autre peut se faire à la volée.

Crédits images : © Jour2Fête

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Franck Brissard
Le 9 mars 2014
Pas de commentaire.
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Sabrina Piazzi
Le 9 mars 2014
Pas de commentaire.

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