Un Taxi pour Tobrouk (1960) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Denys de La Patellière
Avec Hardy Krüger, Lino Ventura et Maurice Biraud

Édité par Gaumont

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Le 30/10/2012
Critique

En octobre 1942, à Tobrouk, un commando français fait sauter des dépôts d’essence allemands. Quatre soldats parviennent à s’enfuir et se retrouvent bientôt perdus en plein désert. Après une journée de marche harassante, ils repèrent une auto-mitrailleuse allemande et ses cinq occupants.

Grand succès populaire de l’année 1961 avec près de 5 millions de spectateurs, Un Taxi pour Tobrouk est une oeuvre ouvertement antimilitariste - le réalisateur Denys de La Patellière a perdu deux frères durant la Seconde Guerre mondiale - adaptée du roman de René Havard et co-écrite et dialoguée (magnifiquement) par Michel Audiard, doublée d’une profonde réflexion sur le comportement humain en temps de guerre.

Les années 60 marquent la percée de Lino Ventura dans le monde du cinéma, époque à laquelle il tournera quelques-uns de ses plus célèbres films (Les Tontons Flingueurs, Cent Mille Dollars au Soleil). Le comédien ne partage pas l’affiche seul et se voit accompagné de fabuleux compagnons de route. Maurice Biraud incarne un personnage que le quotidien ennuie et qui croit que la vie est ainsi faite, Charles Aznavour est fascinant dans le rôle d’un médecin juif et impose sans mal sa personnalité face à l’ogre Ventura. Un Taxi pour Tobrouk est un sensationnel film d’aventure, chef d’oeuvre sur l’amitié, sur l’absurdité des conflits armés, sur les différences et les conflits entre les hommes qui s’effacent dans les situations extrêmes où chacun est égal face à la mort, le tout étant parsemé d’un humour particulièrement fin et d’une composition remarquable signée Aznavour et Garvarentz.

Présentation - 4,5 / 5

De la jaquette en passant par l’élégance des menus (le thème principal met immédiatement dans le bain) et la restauration du film lui-même, saluons le travail de l’éditeur qui n’a pas son pareil pour offrir au spectateur un bel objet à ranger dans sa collection Gaumont Classique.

Bonus - 4,0 / 5

Gaumont nous propose quelques interviews rétrospectives (24’) datant de 2005 sur Un Taxi pour Tobrouk, donnant la parole au cinéaste Denys de La Patellière, au comédien Charles Aznavour ainsi qu’à Pierre Granier-Deferre (mort en 2007) alors assistant-réalisateur sur le tournage. Les anecdotes s’enchainent, on en apprend beaucoup sur la genèse du film (destiné à mettre en relief l’absurdité des conflits armés), les prises de vue dans le désert d’Almería en Espagne, l’entente (excellente et bon enfant) entre les comédiens, ainsi que sur la collaboration du metteur en scène avec Michel Audiard, choix qui a d’ailleurs étonné la Gaumont puisque le dialoguiste-scénariste était catalogué dans le registre de la comédie. Dommage que tous ces propos soient autant entrecoupés d’extraits du film. Les photos de tournage sont en revanche rares et précieuses.

Ceux qui auront envie de réviser leur argot pourront compter sur un petit module (Le Petit Audiard illustré) expliquant de manière ironique via quelques animations rigolotes, les mots blot, bichant, balloche, gambilles, rideau et singe. Une analyse fine et délicate pour les besogneux du XXiè dirons-nous.

Les apophtegmes du petit cycliste (3’50”) servent en réalité de promotion pour les films scénarisés et dialogués par Michel Audiard puisque l’amitié entre hommes chère à ce dernier est évoquée à travers les extraits des plus grands classiques de Verneuil, Lautner, et de La Patellière.

Enfin, Gaumont nous propose un autre entretien avec Denys de La Patellière sur Michel Audiard (22’), réalisé dans le cadre du documentaire Michel Audiard et le mystère du triangle des Bermudes (2002), par ailleurs disponible en DVD (Michel Audiard : le DVD). Si les propos ne sont donc pas inédits, ils n’en demeurent pas moins passionnants, surtout quand notre interlocuteur évoque ses six collaborations avec Michel Audiard, la méthode de travail du « Petit cycliste », le tout étant illustré par des photos de tournage diverses et variées. Si certains propos font écho à ceux déjà entendus, la personnalité complexe de Michel Audiard est surtout abordée ici de manière franche et concise.

L’interactivité se clôt sur deux bandes-annonces, qu’il serait dommage de négliger puisque si la première demeure une curiosité en présentant la version anglaise du film, l’autre est un vrai morceau de bravoure de 6 minutes, concocté par Léon Zitrone qui présente le film en compagnie de l’auteur René Havard, du réalisateur Denys de la Patellière et de Michel Audiard.

Image - 4,5 / 5

Si certains risquent de rechigner sur le réducteur de bruit, force est de constater que nous n’avions jamais vu Un Taxi pour Tobrouk dans de telles conditions. Les contrastes affichent d’emblée une densité inédite, les noirs sont profonds, la palette de gris riche et les blancs lumineux. Si les arrière-plans fourmillent quelque peu et certains décrochages sur les fondus enchainés demeurent, le grain original est respecté, le piqué est ahurissant et les détails regorgent sur les visages des comédiens. Avec tout ça, on oublierait presque de parler de la restauration du film. Celle-ci se révèle extraordinaire, aucune scorie n’a survécu au scalpel numérique, l’encodage AVC consolide l’ensemble avec brio du début à la fin, y compris sur les séquences sombres et nocturnes, logées à la même enseigne que les lumineuses séquences diurnes. La photo du chef opérateur Marcel Grignon (Cent mille dollars au soleil) n’a jamais été aussi resplendissante et le cadre large, ici le Dyaliscope, brille de mille feux.

Son - 4,0 / 5

Le film de Denys de La Patellière bénéficie d’un écrin acoustique DTS-HD Master Audio 2.0 qui, sans surprise, met en valeur à la fois les magnifiques dialogues du film signés Michel Audiard ainsi que le splendide thème musical. Les effets sont précis à l’instar des explosions, aucun souffle n’est à déplorer et les plages de silence sont limpides. S’il fallait chipoter, nous dirons que certains dialogues paraissent plus étouffés que d’autres alors que d’autres visiblement repris en postsynchronisation (Marcel Bozzuffi prête sa voix à German Cobos) prennent un peu le dessus, mais ce serait vraiment chercher la petite bête. L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm