Réalisé par Menahem Golan
Avec
Chuck Norris, Lee Marvin et Martin Balsam
Édité par 20th Century Fox
Delta Force est et restera ce qu’on appelle familièrement un gros nanar. Pourtant, après un prologue qui met dans le bain avec une intervention aussi explosive qu’hilarante (déflagration d’une maquette d’hélicoptère dans les trente premières secondes) de la Delta Force (l’unité des forces spéciales américaines appartenant à l’US Army), le film de Menahem Golan marche sur les traces des succès d’Airport ou 747 en péril. La première heure s’en sort honorablement puisque les interventions de l’ami Chuck Norris (moustachu pour situer le film dans le temps) sont limitées. Le cinéaste dépeint le détournement de l’avion et la prise d’otages par des terroristes islamistes, antisémites, antiaméricains violents et impitoyables mais qui prennent quand même soin d’une femme enceinte ou discutent poupée avec une petite fille (ce sont des êtres humains après tout).
Une pléiade de vedettes et même de stars défilent pour pouvoir payer les impôts sur le revenu de l’année 1986 : Shelley Winters, Martin Balsam, Robert Forster (le terroriste c’est lui !), Hanna Schygulla, Robert Vaughn (en uniforme cela va de soi) et enfin George Kennedy qui après Airport, 747 en péril, Les Naufragés du 747 et Airport 80 Concorde n’a décidément pas de chance quand il met les pieds dans un avion. Heureusement, ces passagers peuvent compter sur l’intervention de Chuck Norris et de sa moto à roquettes inépuisables et d’un Lee Marvin au bout du rouleau (ici dans son dernier film) qui représentent l’Amérique (« Nous sommes américains rendez-vous ! » dit Chuck lors d’un entrainement) donc les sauveurs de l’humanité.
Après une première heure plutôt sobre mais à la moralité franchement douteuse, Menahem Golan se lâche enfin sur les scènes d’action, fusillades, explosions et courses-poursuites ahurissantes où Chuck (barbu, quelques années après le prologue), énervé (gros plan de dix secondes à l’appui) et qui veut en découdre avec les palestiniens qui lui ont fait quitter son ranch où il coulait une paisible retraite, enfourche donc sa moto (qui roule souvent sur la roue arrière) où, avec l’aide de doublures qui changent toutes les dix secondes, il nous montre, ainsi qu’aux terroristes, ce dont il est capable de faire : détruire toute une armée révolutionnaire armée jusqu’aux dents, le tout sans jamais ciller en gardant le brushing intact.
Soutenu par la musique extraordinaire d’Alan Silvestri, qui entre Retour vers le futur et Predator a visiblement voulu prendre du bon temps et offrir ce qu’il y avait de plus ringard, Delta Force demeure un divertissement hilarant, complètement irresponsable, certes très long (2h10 quand même) mais diaboliquement jubilatoire. Culte.
Chuck Norris se suffit à lui-même et l’éditeur l’a bien compris. C’est sans doute pour cela qu’on ne trouve aucun menu principal et que le film démarre directement. Les langues, le chapitrage et la bande-annonce, seul supplément disponible, sont disponibles via le menu contextuel.
Il a sans doute fallu toute l’artillerie des Delta Force pour venir à bout de toutes les scories car le dépoussiérage de ce master HD se révèle très impressionnant. Rien de tel qu’une copie aussi bien restaurée pour apprécier le film à sa juste valeur, un nanar hilarant, restituant la pilosité de Chuck Norris au poil de barbe près sur les gros plans. L’apport HD demeure flagrant sur les séquences en extérieur (à tel point que les doublures de Chuck sont désormais bien visibles), la colorimétrie retrouve une nouvelle jeunesse, les ambiances nocturnes sont très belles, la stabilité est de mise et la clarté impressionne sur les scènes diurnes. Si quelques baisses de la définition, une ou deux rayures verticales et l’omniprésence des sous-titres anglais lors des dialogues en arabe sont à déplorer, l’ensemble demeure de fort bonne facture.
Seule la piste anglaise bénéficie d’une piste DTS-HD Master Audio Stéréo alors que la version française doit se contenter d’une DTS-HD Master Audio Mono. Si cette dernière ne parvient pas à rivaliser avec son homologue du point de vue dynamique et ardeur, elle s’en sort plutôt bien niveau homogénéité des effets, dialogues (le doublage est tordant) et musique. La version originale restitue avec brio la partition mythique d’Alan Silvestri, les explosions sont percutantes et la balance frontale très bien équilibrée.