Vous n'avez encore rien vu (2012) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Alain Resnais
Avec Mathieu Amalric, Pierre Arditi et Sabine Azéma

Édité par Studiocanal

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Le 19/03/2013
Critique

Antoine d’Anthac, célèbre auteur dramatique, convoque par-delà sa mort, tous les amis qui ont interprété sa pièce « Eurydice ». Ces comédiens ont pour mission de visionner une captation de cette oeuvre par une jeune troupe, la compagnie de la Colombe. L’amour, la vie, la mort, l’amour après la mort ont-ils encore leur place sur une scène de théâtre ? C’est à eux d’en décider. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises.

90 ans et près de 20 longs métrages à son actif, Alain Resnais ne prendra donc jamais sa retraite. Si Les Herbes folles avaient divisé le public en 2009, Vous n’avez encore rien vu risque de faire encore moins l’unanimité en raison de son dispositif expérimental.

Des comédiens dans leur propre rôle regardent une captation d’une pièce de théâtre (en réalité filmée par Bruno Podalydès) qu’ils ont eux-mêmes joué à un moment de leur vie, et se mettent à interpréter, ou plutôt à revivre la même pièce de leur côté. Parmi ces acteurs, onze ont déjà collaboré avec Alain Resnais (Sabine Azéma, Anny Duperey, Anne Consigny, Michel Piccoli, Michel Vuillermoz, Lambert Wilson, Mathieu Amalric…) et d’autres font leur incursion dans son univers pour la première fois à l’instar de Denis Podalydès, Hippolyte Girardot et le trop souvent oublié Michel Robin.

Avec Vous n’avez encore rien vu, Alain Resnais souhaite rendre hommage aux comédiens, à leurs inspirations, leurs capacités à se fondre dans leurs personnages et ce toute leur vie. Toutefois, si la photo d’Eric Gautier et la musique de Mark Snow demeurent superbes, les comédiens géniaux (en particulier Mathieu Amalric, sublime) et le premier quart d’heure plutôt jubilatoire, il faut bien admettre qu’on s’ennuie royalement et puis qu’est-ce que c’est long !

Nous avons beau y consacrer tout notre temps et notre concentration, rien n’y fait, Vous n’avez encore rien vu reste un supplice. On demeure stupéfait de voir ces comédiens se perdre dans une expérience pompeuse et redondante, sans intérêt ni émotions, déclamer des tirades adaptées de deux pièces de Jean Anouilh (Eurydice, Cher Antoine ou l’amour raté) dans un dispositif de mise en abyme sans âme où certains décors sont créés en images de synthèse (hideuses) à la Sin City, toutes proportions gardées bien évidemment.

Cette nouvelle oeuvre tape sur les nerfs, tout comme le jeu outrancier de Sabine Azéma dont la voix mal posée et grinçante vrille les tympans. Dernière chose pour rassurer les fans d’Anne Consigny, oui la comédienne pleure une fois de plus durant tout le film. Mais ça c’est une autre histoire, Vous n’avez encore rien vu est une oeuvre dite « testamentaire » malheureusement hermétique, étouffante, plombante et zZz zZz zZz…

Présentation - 4,0 / 5

La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Mention spéciale au très beau menu principal, animé et musical.

Bonus - 4,0 / 5

Comme pour l’édition DVD des Herbes folles, nous trouvons sur cette galette un documentaire centré sur le chef décorateur Jacques Saulnier et son travail pour Vous n’avez encore rien vu (22’). Avec plus de cinquante ans de carrière, Jacques Saulnier aura marqué le cinéma avec entre autre sa fructueuse collaboration avec Alain Resnais, commencée en 1961 avec L’Année dernière à Marienbad jusqu’à Vous n’avez encore rien vu. Lauréat de trois Césars des meilleurs décors pour Providence, Un amour de Swann et Smoking / No Smoking, Jacques Saulnier nous invite sur le plateau du film d’Alain Resnais et nous parle avec passion de ses créations, de sa collaboration avec le réalisateur, les couleurs, les matières. L’équipe de construction des décors et de la créations des images de synthèse (les acteurs étaient souvent filmés sur fonds verts) prennent ensuite la parole, tandis que des dessins préparatoires, maquettes et prévisualisations illustrent leurs propos.

Une excellente interview d’Hippolyte Girardot (8’) est également au programme. Ne manquez pas cet entretien passionnant durant lequel le comédien se souvient de la manière avec laquelle Alain Resnais lui a vendu le film. Se dessine également le portrait drôle et sincère du metteur en scène.

Enfin, c’est ici l’occasion d’écouter un entretien d’Alain Resnais par Michel Ciment, diffusé sur France Culture en octobre 2012 dans le cadre de l’émission Projection Privée (50’). Si l’on excepte le fait que le journaliste-critique couvre de lauriers le cinéaste pendant près d’une heure, cette interview permet d’en savoir un peu plus sur la genèse de Vous n’avez encore rien vu, sur la signification du titre, l’adaptation des deux pièces de Jean Anouilh, les partis-pris adoptés, le travail d’Alain Resnais avec les comédiens, la création des décors de Jacques Saulnier et la photographie d’Eric Gautier.

Image - 5,0 / 5

La sublime et ambitieuse photo du chef opérateur Eric Gautier, qui avait déjà officié pour Alain Resnais pour Coeurs et Les Herbes folles (mais aussi sur Into the Wild de Sean Penn ou Clean d’Olivier Assayas), est magnifiquement rendue à travers ce splendide transfert HD qui respecte en tous points les partis-pris esthétiques vus en salle avec un grain cinéma conservé et fort agréable.

La texture de l’image est sensiblement duveteuse tandis que la palette de couleurs est auréolée d’une délicate phosphorescence et les noirs sont d’une rare densité. La luminosité est parfois accrue, la colorimétrie brille de mille feux sur la moindre parcelle du cadre large. Notons au passage que les comédiens ont parfois été filmés sur fond vert pour que les décors créés en images de synthèse soient ensuite incrustés. Il n’est donc pas anodin que les visages ressortent étrangement de l’arrière-plan.

Nonobstant la complexité de la photographie, les détails ne sont pas en reste et les gros plans permettent d’apprécier chaque détail des visages des comédiens, à l’instar des tâches de rousseur de Sabine Azéma.

Grâce à une compression solide, l’éditeur livre une magnifique copie du film dont les volontés artistiques en auraient découragé plus d’un.

Son - 4,5 / 5

Comme pour Les Herbes folles, la bande-originale du film a été confiée au compositeur américain Mark Snow, connu dans le monde entier pour ses thèmes musicaux des séries X-Files et Smallville. Le mixage unique DTS-HD Master Audio 5.1 se révèle magistral du point de vue spatialisation, les basses sont parfois vibrantes et les latérales soutiennent en permanence les frontales en exsudant les accords épiques, tristes, féériques et énigmatiques de Mark Snow. Les dialogues sont d’une belle ardeur sur la centrale et se détachent sans mal des effets divers distillés par les frontales. Quelques séquences étonnent par leur dynamisme.

Extrêmement riche en détails, le mixage plonge assurément le spectateur dans l’ambiance du film. Enfin, ce mixage permet d’écouter l’extraordinaire chanson de Frank Sinatra, It Was a Very Good Year, servant de générique de fin, dans son intégralité et en DTS-HD Master Audio 5.1. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
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