Le Chanteur de Jazz (1927) : le test complet du Blu-ray

The Jazz Singer

Édition Ultimate Blu-ray + DVD

Réalisé par Alan Crosland
Avec Al Jolson, May McAvoy et Warner Oland

Édité par Warner Bros. Entertainment France

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Le 11/04/2013
Critique

Rabinowitz, chantre d’une synagogue, compte sur son fils, Jackie, pour prendre sa succession. Mais ce dernier a un tout autre rêve en tête : devenir chanteur de jazz. Lorsque son père le surprend en train de chanter dans un bar, il le chasse du foyer familial. La liberté s’offre alors à Jackie, qui parvient quelques années plus tard à être engagé dans un night club où il se produit sous le nom de Jack Robin. Tandis que la carrière de Jackie explose sur les scènes de Broadway, un événement inattendu vient perturber le cours des choses. Jackie doit alors choisir entre ses origines et sa carrière…

Jusqu’en 1927, toutes les tentatives pour synchroniser l’image et le son au cinéma avaient échoué et s’étaient heurtées aux foudres des spectateurs. Alors que chaque essai se voyait hué dans les festivals, notamment à New York pendant deux décennies, l’industrie du film a été bouleversée avec la sortie du Chanteur de jazz. Ce film musical réalisé par Alan Crosland est considéré comme le premier film parlant de l’histoire du cinéma bien que ce long métrage soit loin d’être entièrement parlé, mais surtout chanté. Quelques dialogues sont certes insérés ici et là (280 mots au total pour être exact) mais principalement, Le Chanteur de jazz demeure muet à 70 % et les intertitres sont encore nombreux.

Ce n’est pas par son histoire banale et désuète que Le Chanteur de jazz est passé à la postérité. Par ailleurs, on pourrait même dire que le film n’est franchement pas une grande réussite mais reste une étape primordiale dans l’histoire du 7è Art puisqu’il dispose du procédé de cinéma sonore Vitaphone. Cette invention était jusqu’alors utilisé pour de nombreux courts-métrages produits par la Warner dès 1926, et ce jusqu’en 1930, pour les bruitages et autres effets. Commercialisé par les frères Warner, toujours en quête d’innovation pour rester les leaders sur le marché cinématographique, ce procédé acoustique a donc donné l’impression aux spectateurs de voir le chanteur et comédien Al Jolson, un des artistes les plus populaires de l’époque, comme s’il était sur scène et s’adressait directement à eux.

Certains éléments à l’instar du numéro d’Al Jolson se grimant en blackface, une forme théâtrale « populaire » à travers laquelle le comédien incarne une caricature stéréotypée de personne noire avec le visage passé au cirage et de grosses lèvres proéminentes dessinées se révèlent aujourd’hui franchement racistes et déplaisants. Le Chanteur de jazz apparaît plus comme une curiosité scientifique que cinématographique puisqu’en dehors de cela, le pathos y est gentiment appuyé, Al Jolson a le don d’irriter quelque peu, et la mise en scène reste plate.

Présentation - 4,0 / 5

Warner dégaine un énorme coffret métallique qui ne tient nulle part. Dans ce coffret, réside un livret ainsi qu’un digipack en trois volets comprenant le résumé du film à gauche, le Blu-ray au centre, le DVD du film et celui des suppléments à droite. Notons qu’il a fallu quelques minutes à l’auteure de ces mots pour comprendre comment les deux disques de droite étaient imbriqués et devaient se retirer sans rayer les galettes…Le menu principal du Blu-ray est fixe et musical.

Bonus - 4,5 / 5

Attention il y a de quoi faire et les bonus du Chanteur de jazz risquent de vous prendre de longues heures…

Sur le Blu-ray, comme sur le DVD du film nous trouvons tout d’abord un commentaire audio de l’historien du cinéma Ron Hutchinson et du chef d’orchestre Vince Giordano, malheureusement non sous-titré, tout comme l’adaptation radiophonique du film enregistrée le 2 juin 1947 au Lux Radio Theatre (58’).

Ce disque comporte également quelques courts-métrages réalisés avec le même procédé Vitaphone. C’est le cas de Al Jolson in a plantation Act (1926, 10’) dans lequel le chanteur, une fois de plus grimé en  » nègre journalier « , entonne quelques airs connus de son répertoire. Il s’agit du deuxième film du cinéma tourné avec le procédé phonique qui donnera l’idée aux frères Warner de se lancer le pari de mettre en scène un long métrage parlant.

Le dîner intime pour célèbrer le 25ème anniversaire de Warner Bros (11’) est une mise en scène destinée à cirer les pompes de la compagnie cinématographique. Un comédien interprète Jack Warner, qui avec l’aide d’une horripilante petite fille (qui s’appelle Vitaphone) remercient les convives prestigieux comme Edward G. Robinson et Douglas Fairbanks Jr.

Les plus jeunes pourront se délecter avec un charmant dessin animé tiré des célèbres Merrie Melodies, supervisé par un certain Tex Avery et animé par Charles Jones. I love to singa (1936, 8’) apparaît comme une petite parodie du Chanteur de jazz où un hibou professeur de chant, de piano et de violon, se désespère de voir son jeune fils chanter du jazz.

Enfin, cette galette comprend également deux courts-métrages insignifiants, mais toujours tournés avec le procédé Vitaphone, Hollywood handicap (1938, 10’ et réalisé par Buster Keaton) et A day at Santa Anita (1937, 18’, Technicolor) présentant comme particularité de se dérouler dans le Santa Anita Park, un hippodrome californien célèbre, et dans lesquels quelques vedettes et stars du studio Warner, Oliver Hardy, Mickey Rooney, Al Jolson, Edward G. Robinson, Bette Davis, Olivia de Havilland, font quelques caméos. Les histoires sont bon enfant et ne sont destinées qu’à promouvoir encore plus le procédé Vitaphone.

La bande-annonce du Chanteur de jazz (7’) est également disponible sur le Blu-ray. On y voit un présentateur s’adresser directement aux spectateurs en leur expliquant que le film qui va leur être présenté est une étape importante dans l’histoire du cinéma. Sur le DVD, cette bande-annonce se trouve complété par d’autres trailers des films avec Al Jolson (24’) dont The Singing Fool, Mammy, Wonder Bar ou The Singing Kid.

C’est là que rentre en scène le deuxième disque, le DVD de bonus comprenant quelques documentaires expliquant en long, en large et en travers le fameux procédé Vitaphone.

Tout d’abord, nous avons droit à quelques extraits du film Warner Bros de 1929, Gold Diggers of Broadway (15’), considéré aujourd’hui comme perdu. Nous y voyons quelques numéros de danse, mais également visuels et diverses acrobaties.

S’ensuit un petit montage intitulé Quand le son était jeune (1955, 20’) compilant les premières apparitions parlantes de certaines stars hollywoodiennes tels que James Cagney, Spencer Tracy, Bette Davis, Edward G. Robinson, Barbara Stanwyck et Clark Gable, sans sa célèbre moustache.

La Voix qui vient de l’écran (1926, 15’30), est un documentaire d’époque servant à expliquer de manière ludique le procédé Vitaphone aux spectateurs. Chaque étape de l’enregistrement du son, des dialogues et même de la musique sont présentés aux différents stades de la production.

Pour ceux qui n’auraient rien compris lors du segment précédent, qu’ils soient rassurés, tout y est résumé dans un court-métrage d’animation intitulé Trouver sa voix (2009, 11’), très bien fait, didactique, et très précis, qui voit s’affronter une bobine muette et l’autre parlante.

Afin de tout résumer ce qui a été dit à travers les autres modules, La Voix qui a ravi le monde (18’), mis en scène par Jean Negulesco (Comment épouser un millionnaire, Titanic version 1953), reconstitue les grandes étapes qui ont permis de synchroniser l’image avec le son au cinéma avec notamment les travaux de Thomas Edison et d’autres scientifiques moins connus mais qui ont tout autant apporté leur pierre à l’édifice. C’est aussi l’occasion de voir et revoir des extraits des balbutiements des premiers films bruités, jusqu’au Chanteur de jazz. Ce film se clôt sur la réalisation des films de propagande de guerre.

Histoire d’enfoncer le clou, le segment OK pour le son (1946, 20’) réalisé à l’occasion du 20è anniversaire de cette prouesse technologique et de la sortie du Chanteur de jazz sur les écrans, propose une nouvelle reconstitution des étapes ayant mené à la création du procédé Vitaphone. En dépit d’inévitables redondances, les images d’archives sont très belles et méritent le coup d’oeil.

Enfin, pour vous faire rentrer définitivement dans la tête tous les termes techniques, les noms à retenir, les dates clé, les essais scientifiques, les images cultes, Warner joint un documentaire d’1h25 (!) considéré comme l’un des films les plus complets résumant cette étape primordiale du 7è Art. L’Aube du son : comment le cinéma a appris à parler, réalisé en 2007, condense toutes les archives vues ici et là à travers cette interactivité, croisées avec de multiples propos de spécialistes, historiens, comédiens (dont Mickey Rooney), ainsi que de nouvelles images liées à la création du Vitaphone. Ce documentaire est chapitré.

Image - 4,5 / 5

Ce master Haute-Définition (encodage AVC) impose d’emblée une clarté élégante et une restauration quatre étoiles, la gestion des contrastes étant solide et fort enthousiasmante. Toutes les scories et accrocs (points blancs et noirs, rayures verticales) ont été éradiqués, la propreté de l’image demeure réellement impressionnante. Les blancs sont lumineux, les yeux des comédiens brillent avec un nouvel éclat, le N&B dense et stylisé, la palette de gris étant étendue tout du long jusqu’à la dernière bobine. Les quelques surimpressions ne perturbent jamais l’homogénéité du master, le piqué est aléatoire mais reste ferme, la copie est homogène et stable avec une belle assurance des arrière-plans, le grain cinéma est sauvegardé sans lissage excessif. Hormis quelques clignotements et décrochages dus à l’âge du film, la qualité technique apparaît ici optimale pour un film des années 20.

Son - 4,0 / 5

L’écrin acoustique DTS-HD Master Audio 1.0 participe à la pérennité du Chanteur de jazz4.5, même si les chansons et les quelques dialogues manquent souvent de fluidité, demeurent marqués par un souffle léger et des fluctuations au cours d’une même séquence. Il n’empêche que le reste de la partition s’étend confortablement et créé un vrai confort acoustique, tout juste marqué par quelques saturations. Une restauration totale du mixage aurait été inappropriée et aurait complètement dénaturé le long métrage original.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm