L'Enfance d'Ivan (1962) : le test complet du DVD

Ivanovo detstvo

Réalisé par Andreï Tarkovski
Avec Nikolaï Bourliaev, Valentin Zoubkov et Evguéni Jarikov

Édité par Potemkine Films

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Le 19/04/2012
Critique

Orphelin depuis l’assassinat de sa famille par les nazis, Ivan, 12 ans, est devenu éclaireur au sein de l’armée russe. Contre l’aval de ses supérieurs, il accepte une dernière mission délicate.

Premier long-métrage du réalisateur Andreï Tarkovski, L’Enfance d’Ivan pose les jalons d’une oeuvre puissante et épurée. Avec ses plans séquences étourdissants, sa musique enivrante et la poésie qui se dégage de chaque cadre ou de chaque mouvement de caméra, L’Enfance d’Ivan subjugue dès la première séquence. Celle du rêve ensoleillé d’un enfant courant dans une nature paradisiaque, allant même jusqu’à s’envoler. Ayant fait des études à Moscou liées à la géologie, la musique, la peinture, Andreï Tarkovski mêle ses passions dans son premier long-métrage, récompensé à Venise en 1962 par le Lion d’Or.

Premier chef d’oeuvre du plus grand cinéaste soviétique, L’Enfance d’Ivan annonce les thèmes que Tarkovski ne cessera d’aborder et d’étudier à l’instar du huis-clos et de l’évasion par le rêve. Avec sa photo tantôt lumineuse et expressive (les séquences de rêves, l’innocence d’Ivan), tantôt crépusculaire et sombre (la triste réalité de la guerre, les champs de bataille, les marais fangeux), le film est une merveille visuelle, onirique, une véritable oeuvre d’art dans laquelle on plonge pour se laisser transporter dans un tourbillon d’émotions.

Pour son premier film, Tarkovski dessine le portrait d’un enfant qui a grandi d’un seul coup, un petit homme dans un corps de gamin, un petit monstre aux allures d’ange blond qui n’a plus qu’une idée en tête, venger sa famille, aller de l’avant, et qui a peur de s’endormir de peur de rêver au temps où il courait innocemment dans la nature. C’est à cela que se rattachait Tarkovski, préserver la pureté même à travers l’inconscient et le songe, autrement il n’y a plus aucune raison de croire en l’avenir de l’homme.

Présentation - 4,0 / 5

Exit le menu laid et sans âme du DVD MK2. Pour harmoniser l’intégrale Tarkovski, Potemkine livre un superbe DVD glissé dans un digipack slim, le menu principal étant cette fois attractif, soigné, animé et musical.

Bonus - 3,5 / 5

Les bonus sont moins nombreux que sur l’édition MK2 de L’Enfance d’Ivan. On perd en effet le documentaire passionnant et éprouvant de 20 minutes consacré aux Enfants de la guerre ainsi que le long entretien avec Viatcheslav Ovtchinnikov (le compositeur de la musique du film), les filmographies et la galerie photos.

L’éditeur propose une présentation concise de L’Enfance d’Ivan par la critique de cinéma Pierre Murat (Télérama). Notre interlocuteur replace le film dans la filmographie de Tarkovski, commente quelques scènes du film, développe les thèmes, s’intéresse de plus près au personnage de l’enfant éponyme (un monstre nous dit-il) et évoque l’accueil du film.

S’ensuivent deux longs entretiens avec le comédien Evgueni Jarikov (18 minutes) et le directeur de la photographie Vadim Ioussov (33 minutes), repris de l’édition MK2. Tous deux renseignent sur leur rencontre et leur collaboration respective avec le réalisateur. Le premier est peut-être moins prolixe que le second mais partage tout de même de nombreuses anecdotes liées au tournage de L’Enfance d’Ivan, le travail avec le petit Nikolaï Bourliaïev (Ivan), l’esthétique et l’accueil du film. De son côté, le chef opérateur Vadim Ioussov dresse un superbe et intime portrait de Tarkovski.

Image - 4,0 / 5

L’éditeur a visiblement repris le même master que pour l’édition MK2 et la copie demeure tout aussi impressionnante avec un N&B lumineux dès la première image et une propreté sidérante. Le master 1.37 - 4/3 est lisse, stable, aucune scorie ne vient perturber le visionnage, les clairs-obscurs et le ciel crépusculaire sont magnifiques, les blancs sont éclatants, les noirs denses et les gris riches, même si quelques séquences sombres semblent un poil plus altérées avec une compression parfois notable lors des déplacements de la caméra. Inhérents à l’âge du film, certains décrochages de l’étalonnage demeurent notables mais le constat est indéniable, ce master tient réellement du miracle. Seules les images d’archives de la fin du film demeurent évidemment griffées et tâchées.

Son - 4,0 / 5

Le choix d’une version russe Dolby Digital 5.1 peut d’abord étonner. Et puis finalement, on se rend compte que l’éditeur a voulu respecter les partis-pris originaux tout en offrant un confort d’écoute fort appréciable avec quelques effets latéraux saisissants même s’ils manquent évidemment de naturel. La musique est joliment spatialisée et quelques petites basses accompagnent le sublime thème principal de Viatcheslav Ovtchinnikov comme par exemple dans les séquences de rêves. Si quelques effets arrière ont visiblement été rajoutés pour créer quelques ambiances  » naturelles  » (la séquence de l’orage, le vent), les frontales sont en revanche dynamiques et les dialogues saisissants sur la centrale.

Une version française DD 5.1 est également au programme et se révèle grinçante, les voix sont souvent couvertes, l’ensemble manque cruellement de naturel et les effets latéraux semblent encore plus accentués que sur la version originale. Que les puristes se rassurent, une mono d’origine russe demeure disponible et a visiblement connu un dépoussiérage bienvenu. Ce mixage est peut-être moins ardent que la piste 5.1 mais la pureté acoustique est indéniable, propre et précise.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm