Réalisé par Matthew Gordon
Avec
William Ruffin, Patrick Rutherford et John Alex Nunnery
Édité par KMBO
Robbie, un adolescent de 14 ans, nourrit secrètement l’espoir de réunir la famille qu’il n’a jamais connue. Délaissé par sa mère et de père inconnu, il veille au quotidien sur Fess son jeune demi-frère. Ensemble, ils passent le temps en trainant entre les champs de coton ensoleillés et le distributeur de sodas de la vieille station essence de leur petite ville du Mississippi.
Un jour, leur grand frère Lucas est de retour à la maison. Le rêve de Robbie de reconstruire une famille se dessine enfin…
Il y a des premiers longs métrages qui imposent d’emblée un univers, une immense sensibilité, une virtuosité. Summertime de Matthew Gordon est de ceux-là. Réalisateur de documentaires pour la télévision, remarqué pour ses reportages sur le terrain, Matthew Gordon commence à se tourner vers la fiction après avoir filmé en 2000 un documentaire sur la vie de jeunes serbes durant la guerre avec la Bosnie-Herzégovine. Son premier court-métrage de fiction, The Honeyfields (2005) contient déjà la pudique sève de Summertime.
Summertime est composé exclusivement de comédiens non professionnels, et néanmoins exceptionnels, recrutés le long du Mississippi. Pourquoi Matthew Gordon a jeté son dévolu sur cette région en particulier ? Berceau d’une culture et région la plus désoeuvrée des Etats-Unis, le Mississippi est emblématique de l’anti-rêve américain. Le récit de Summertime est réaliste, authentique, ancré dans le monde actuel. Les jeunes personnages, quasiment livrés à eux-mêmes mais dignes, sont obligés de travailler, de plus en plus dur, pour pouvoir s’en sortir, et doivent renoncer à leurs rêves et désirs pour réussir à vivre.
Sans aucun pathos, avec une réelle maîtrise du langage cinématographique, de la conduite du récit (initiatique) et de la psychologie des protagonistes, Summertime séduit à plus d’un titre, tout en flattant l’oeil grâce à la sublime photographie plongeant les adolescents dans les champs immenses éclairés par la lumière ambrée et moite du soleil. Récompensé par le Prix du Jury au Festival du Cinéma Américain de Deauville en 2011 et le prix de la Meilleure première oeuvre au Durban International Film Festival, Summertime est un très beau cadeau pour les cinéphiles.
Le DVD repose dans un superbe boitier slim digipack à volet et aux couleurs attractives. Le menu principal est fixe et bruité.
On commence par une remarquable et indispensable interview du réalisateur Matthew Gordon (18’). La genèse de Summertime, les thèmes abordés, la création des personnages, les partis-pris adoptés, le casting, les influences (Godard, Antonioni, Cassavetes, Malick) tout y est finement analysé.
S’ensuit un petit making of de 13 minutes, proposant quelques instantanés de tournage (en juillet 2009), permettant de voir les comédiens et le reste de l’équipe sur le plateau, en pleine préparation du tournage ou lors de petits entretiens. Notons que ce module n’est pas sous-titré.
Les suppléments se poursuivent avec le superbe court-métrage réalisé par Matthew Gordon en 2005, The Honeyfields (23’). Tout ce qui fait la beauté de Summertime est déjà résumé dans ce petit film, qui peut d’ailleurs se voir comme un prélude au premier long métrage du cinéaste. Ici, deux frères vivent dans la campagne pauvre californienne. Elevés par leur grand-mère qui vit de manière isolée, les deux frères n’ont qu’un seul plaisir : jouer aux batailles imaginaires dans les champs de blé des environs. Un jour, la vie de ces deux garçons change quand le frère aîné tombe amoureux d’une fille du quartier.
Nous retrouvons ensuite des images du casting (1’30), qui nous permettent de voir la spontanéité et le naturel des deux jeunes comédiens principaux.
L’interactivité se clôt sur une sélection des meilleures critiques de la presse française sur Summertime, une galerie de projets d’affiches, et une autre constituée de photos tirées du film.
La qualité du master est telle que nous n’hésitons pas à attribuer la belle note de 4,5/5. La magnifique photographie chatoyante du chef opérateur Jeffrey Waldron (Rhum Express) est excellemment restituée, les détails abondent, la clarté est de mise, le piqué vif et le relief omniprésent. Hormis quelques légers artefacts de la compression, la gestion des contrastes est solide, les couleurs saturées à souhait. A ce titre, la palette s’assombrit à mesure que les deux frères se trouvent de plus en plus séparés. Les séquences nocturnes sont également bien loties, les plans très rapprochés sont aussi bien définis que le reste, les noirs sont concis. Pour résumé, la copie est éclatante.
Nous disposons d’un mixage Stéréo dynamique et souvent percutant, même si les dialogues manquent parfois de détachement par rapport aux effets et ambiances annexes. Seule la version originale est proposée, mais qui s’en plaindra ? L’enivrante composition de Casey Immoor possède beaucoup de coffre, la balance frontale est riche et le confort acoustique largement assuré. Notons également que les sous-titres français ne sont pas imposés.