Les Hauts de Hurlevent (2011) : le test complet du DVD

Wuthering Heights

Réalisé par Andrea Arnold
Avec Kaya Scodelario, James Howson et Solomon Glave

Édité par Diaphana

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Le 31/05/2013
Critique

Angleterre - XIXème siècle. Heathcliff, un enfant vagabond, est recueilli par M. Earnshaw qui vit seul avec ses deux enfants, Hindley et Cathy, dans une ferme isolée. Heathcliff est bientôt confronté aux violences de Hindley, jaloux de l’attention de son père pour cet étranger. Le jeune garçon devient le protégé de Cathy. A la mort de M. Earnshaw, Cathy est courtisée par le fils de riches voisins, laissant peu à peu Heathcliff à la merci de Hindley. À l’annonce du prochain mariage de Cathy, Heathcliff s’enfuit. L’attachement fraternel qu’il vouait à Cathy se transforme alors en un amour obsessionnel.

Publié en 1847, Les Hauts de Hurlevent, publié sous le pseudonyme d’Ellis Bell, est l’unique roman d’Emily Brontë. Ce classique de la littérature britannique est l’un des plus lus au monde mais également l’un des écrits ayant connu le plus d’adaptation au théâtre, à la télévision, à l’opéra et bien évidemment au cinéma (avec plus d’une dizaine de transposition), dont la première remonte d’ailleurs à 1920 par le cinéaste britannique Albert Victor Bramble. Après William Wyler, Luis Buñuel, l’excellente réalisatrice Andrea Arnold (Red Road, Fish Tank) se penche donc à son tour sur cette oeuvre mythique avec toute la singularité qui caractérise son cinéma…et un Heathcliff noir.

Pour ce faire, la cinéaste cible le côté gothique du roman d’Emiliy Brontë, livre une vision très sombre et pourtant authentique de l’oeuvre originale loin des versions mélodramatiques et romanesques habituelles, et surtout loin de tout académisme poussiéreux. L’obsession, le désespoir et le destin tragique des personnages (des acteurs remarquables) plongés dans des paysages désolés, dans une nature sauvage omniprésente - avec laquelle le caractère des protagonistes s’accorde…à moins que cela ne soit le contraire - magnifiquement filmée (la photo est splendide, le cadre 1.33 atypique) et restituée grâce à un gargantuesque travail acoustique (la pluie qui martèle, le vent qui souffle en rafale), épuré, sans aucune musique, aux dialogues rares, sont donc au centre du quatrième, sensoriel, minéral, organique et superbe long métrage d’Andrea Arnold.

Édition - 6 / 10

Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est animé et musical. Le plus rageant est de ne trouver qu’un lot de bandes-annonces en guise d’interactivité alors que le film d’Andrea Arnold méritait beaucoup plus…

À l’instar de Fish Tank, Andrea Arnold a opté cette fois encore pour le format 1.33. L’image 4/3 du DVD édité par Diaphana est vraiment superbe, respecte les partis-pris esthétiques bruts du directeur de la photographie Robbie Ryan (Red Road, La Part des anges) avec une colorimétrie froide voire glacée, cotonneuse et éthérée. L’ensemble est très propre, le piqué souvent étonnant de précision (voir les gros plans), les flous inhérents aux conditions de tournage, les contrastes riches, un très léger grain donne une patine agréable et les séquences sombres, le plus souvent éclairées à la bougie, sont belles et élégantes. Un très beau master.

Contrairement à ce qu’indique le dossier de presse qui nous a été communiqué, seule une piste anglaise Stéréo est disponible. Cela est d’autant plus regrettable quand on sait l’importance accordée au son par Andrea Arnold. Malgré tout, le mixage 2.0 proposé est plutôt remarquable. Le vent qui souffle constamment sur la plaine, la pluie diluvienne s’abattant sur les longues étendues, les pieds des personnages s’enfonçant dans la boue, la respiration des protagonistes, les animaux errant, les coups de fouet, les pleurs, tout y est parfaitement limpide, d’autant plus qu’aucune partition musicale ne vient parasiter l’ambiance sèche et épurée voulue par la cinéaste. Finalement, on oublie rapidement l’absence d’une piste Dolby 5.1 puisque le confort phonique est amplement suffisant.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
6 / 10
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P. de Melun
Le 27 février 2021
Zéro glamour, zéro flonflon romantique, mais un mélodrame cru et âpre, d'une intensité sauvage et sensuelle. L'approche d'Andrea Arnold fait souffler un vent nouveau sur ce classique de la littérature anglaise. Principale innovation par rapport au roman : Heathcliff est noir. Ce qui introduit une dimension sociale nouvelle, renforce la marginalisation du personnage et les difficultés d'un amour avec Cathy. Le scénario avive ainsi les tensions, les heurts. Pour le reste, il taille dans le roman, le dépouille de dialogues pour se concentrer de manière sensitive sur l'enracinement d'une obsession amoureuse dans un contexte rude et tourmenté. Le contexte humain, c'est un tissu de relations violentes, nourries de passion, de cruauté, de jalousie. Le contexte naturel, c'est un univers de boue et de vent, d'herbes folles noyées dans les brumes. Une caméra vibrante (souvent à l'épaule), propose des points de vue subjectifs, alternent des gros plans frémissants de vie (sur les hommes, les animaux, la végétation) et des plans larges plus froids mais saisissants de beauté (paysages, ciels). Dans le même temps se fait entendre une multitude de sons qui donnent encore plus de réalité, et d'épaisseur à l'environnement. Un environnement que l'on ressent grâce à une remarquable poétique des éléments avec une prédominance ici de la terre, de l'eau et de l'air. Le drame plonge ainsi dans une vraie matière élémentaire. Il y trouve son corps, son âme, son souffle. Et ça c'est rare. Quelques petites faiblesses empêchent toutefois de s'emballer complètement pour ce film. Au niveau de la narration, il y a un léger déséquilibre entre la partie sur l'enfance des personnages qui s'étire dans le temps avec un minimum d'actions, et la seconde partie, à l'âge adulte, plus ramassée et davantage concentrée en rebondissements qui auraient mérité un peu plus de développements pour un meilleur impact. L'ellipse temporelle met par ailleurs en évidence une mauvaise gestion de l'évolution des personnages : les actrices interprétant Cathy enfant et Cathy adulte sont assez différentes physiquement pour que la transition soit crédible. Cette nouvelle version des « Hauts de Hurlevent » n'en demeure pas moins très inspirée, singulière, consistante et puissante.
La version de ce DVD (en anglais, sous-titré en français) donne une dimension universelle à l’histoire.

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