Réalisé par Andrea Arnold
Avec
Kaya Scodelario, James Howson et Solomon Glave
Édité par Diaphana
Angleterre - XIXème siècle. Heathcliff, un enfant vagabond, est recueilli par M. Earnshaw qui vit seul avec ses deux enfants, Hindley et Cathy, dans une ferme isolée. Heathcliff est bientôt confronté aux violences de Hindley, jaloux de l’attention de son père pour cet étranger. Le jeune garçon devient le protégé de Cathy. A la mort de M. Earnshaw, Cathy est courtisée par le fils de riches voisins, laissant peu à peu Heathcliff à la merci de Hindley. À l’annonce du prochain mariage de Cathy, Heathcliff s’enfuit. L’attachement fraternel qu’il vouait à Cathy se transforme alors en un amour obsessionnel.
Publié en 1847, Les Hauts de Hurlevent, publié sous le pseudonyme d’Ellis Bell, est l’unique roman d’Emily Brontë. Ce classique de la littérature britannique est l’un des plus lus au monde mais également l’un des écrits ayant connu le plus d’adaptation au théâtre, à la télévision, à l’opéra et bien évidemment au cinéma (avec plus d’une dizaine de transposition), dont la première remonte d’ailleurs à 1920 par le cinéaste britannique Albert Victor Bramble. Après William Wyler, Luis Buñuel, l’excellente réalisatrice Andrea Arnold (Red Road, Fish Tank) se penche donc à son tour sur cette oeuvre mythique avec toute la singularité qui caractérise son cinéma…et un Heathcliff noir.
Pour ce faire, la cinéaste cible le côté gothique du roman d’Emiliy Brontë, livre une vision très sombre et pourtant authentique de l’oeuvre originale loin des versions mélodramatiques et romanesques habituelles, et surtout loin de tout académisme poussiéreux. L’obsession, le désespoir et le destin tragique des personnages (des acteurs remarquables) plongés dans des paysages désolés, dans une nature sauvage omniprésente - avec laquelle le caractère des protagonistes s’accorde…à moins que cela ne soit le contraire - magnifiquement filmée (la photo est splendide, le cadre 1.33 atypique) et restituée grâce à un gargantuesque travail acoustique (la pluie qui martèle, le vent qui souffle en rafale), épuré, sans aucune musique, aux dialogues rares, sont donc au centre du quatrième, sensoriel, minéral, organique et superbe long métrage d’Andrea Arnold.
Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est animé et musical. Le plus rageant est de ne trouver qu’un lot de bandes-annonces en guise d’interactivité alors que le film d’Andrea Arnold méritait beaucoup plus…
À l’instar de Fish Tank, Andrea Arnold a opté cette fois encore pour le format 1.33. L’image 4/3 du DVD édité par Diaphana est vraiment superbe, respecte les partis-pris esthétiques bruts du directeur de la photographie Robbie Ryan (Red Road, La Part des anges) avec une colorimétrie froide voire glacée, cotonneuse et éthérée. L’ensemble est très propre, le piqué souvent étonnant de précision (voir les gros plans), les flous inhérents aux conditions de tournage, les contrastes riches, un très léger grain donne une patine agréable et les séquences sombres, le plus souvent éclairées à la bougie, sont belles et élégantes. Un très beau master.
Contrairement à ce qu’indique le dossier de presse qui nous a été communiqué, seule une piste anglaise Stéréo est disponible. Cela est d’autant plus regrettable quand on sait l’importance accordée au son par Andrea Arnold. Malgré tout, le mixage 2.0 proposé est plutôt remarquable. Le vent qui souffle constamment sur la plaine, la pluie diluvienne s’abattant sur les longues étendues, les pieds des personnages s’enfonçant dans la boue, la respiration des protagonistes, les animaux errant, les coups de fouet, les pleurs, tout y est parfaitement limpide, d’autant plus qu’aucune partition musicale ne vient parasiter l’ambiance sèche et épurée voulue par la cinéaste. Finalement, on oublie rapidement l’absence d’une piste Dolby 5.1 puisque le confort phonique est amplement suffisant.