Réalisé par Daisuke Nishio
Édité par Metropolitan Film & Video
Un potier japonais est recruté par un gang chinois, Les 108
dragons, pour devenir leur tueur solitaire, le Freeman. Mais
ce tueur romantique, de son vrai nom Yo Hinomura, porte en lui
une malediction : il verse une larme à chacun de ses contrats.
D’où son nom de scène : le Crying Freeman.
En fait, ce DVD regroupe six OAV, donc six courts de qualité
diverse. Si on apprécie le premier épisode Portrait d’un
assassin, ou que l’on s’amuse du deuxième Les ombres de
la mort, une catastrophe comme le quatrième épisode (Le
goût de la vengeance) a de quoi énerver et nous faire
rejoindre le clan des anti-japanimation.
Issu des deux courants en vogue dans les mangas de la fin des
années soixante-dix, à savoir les violentes histoires de
tueurs et les contes à l’eau de rose pour jeunes filles
esseulées, Crying Freeman fit l’objet d’un dessin animé, sorti
directement en vidéo. Porté par une liberté de ton, impossible
s’il avait été créé pour la télévision, les aventures du
Freeman tentent de ratisser large : débordements gore,
confusions des sentiments, assassins à la parole d’honneur et
jeunes amoureux transis qui profitent de la première occasion
pour faire vibrer leurs tatouages corporels au rythme de « Je
t’aime, moi non plus ».
Mais, à force de vouloir plaire à un grand nombre, « Crying
Freeman » manque d’homogénéité (à l’intérieur même de chaque
OAV, s’entend), on est loin du suspens de Patlabor 2 : The Movie,
ou de la violence mêlée de sexe d’Urotsukidoji - La légende du démon,
voire de la quête spirituelle de l’héroine de
Ghost in the Shell.
Bref, sans être un sommet de l’animation, « Crying Freeman » se
laisse voir sans déplaisir, même si le packaging concocté par
Seven7 est un peut trop luxueux pour le produit qu’il
contient.
Un superbe coffret Digipack couleur parchemin, illustré
d’idéogrammes et de représentations diaphanes des personnages
du manga. Les sérigraphies des deux disques s’inscrivent dans
le look général du packaging. Mais la touche définitivement
géniale qui en fait la réussite, est la texture granulée du
cartonnage, qui crée une relation immédiate avec le produit.
C’est très réussi.
Le menu, conçu dans la même optique, est un prolongement du
boîtier (rendant ainsi hommage au dessin animé et non au
film), illustré par des dessins qui se fondent les uns dans
les autres. Il benéficie aussi d’un accompagnement musical
agréable. Les transitions se font par des scrollings
horizontaux, qui font référence à certains tics de réalisation
de la japanimation (effets de balayage).
Bref, c’est simple et c’est beau. Comme quoi, il n’y a pas que
les animations 3D qui font mouche.
Dans les suppléments, c’est le commentaire audio de
Christophe Gans sur le premier épisode qui emporte la palme de
l’intérêt. Secondé par David Martinez, les deux hommes se
livrent à une véritable analyse du manga et du cinéma en
général. Chaque phrase est un plaisir pour les cinéphiles. A
ne pas louper.
Sur le deuxième disque, on trouvera une interview de
David Martinez, (Du manga au film), qui est, elle aussi, très
intéressante, car truffée de petits détails qui la rendent
plus vivante - saviez-vous que les premiers mangas étaient
des bandes dessinées de gare que les Japonais achetaient
lorsqu’ils prenaient le train et qu’ils jetaient une fois
arrivés à destination ? Cette entrevue présente toutefois
quelques redondances au vu du commentaire audio qui précède.
Viennent ensuite les (trop) courtes biographies des
deux créateurs, qu’on aurait souhaitées plus élaborées,
accompagnées, pourquoi pas, d’un aperçu de leurs précédentes
créations.
On y trouvera aussi une série d’illustrations, avec
accompagnement musical ; en fait, il s’agit d’un mélange des
images des OAV et de la bande dessinée.
Enfin, des liens Internet viennent clôturer la liste
des bonus disponibles.
Pour chipoter, on pourra regretter de ne pas trouver des
extraits du manga, un peu comme dans Krull, où la
bande-dessinée était présentée en bonus.
Les graphismes sont de qualité différente selon les épisodes. Et même si les masters sont dans un bon état, la compression pose parfois des problèmes (dans les panoramiques principalement) et la définition n’est pas toujours au top.
Selon les épisodes, la VF, restituée dans un surround pas très convaincant, est parfois préférable, bien qu’elle ait tendance à privilégier les voix. D’autres épisodes offriront une VO aux effets limpides pour du mono. Quoi qu’il en soit, le doublage français (composé du même casting de doubleurs que pour le film) est bien réalisé dans la plupart des épisodes et satisfera largement les spectateurs que nous sommes.