Réalisé par John Carpenter
Avec
Kurt Russell, Wilford Brimley et T.K. Carter
Édité par Universal Pictures France
Présenté en 1982, une année exceptionnelle, « The Thing » eut
maille à partir avec les autres films sortis à la même
période, et qui sont devenus des classiques du fantastique eux
aussi : « E.T. », « Conan le barbare », « Videodrome »,
Mad Max 2 : Le Défi, Blade Runner, « Tron », « Evil Dead »,
« Le loup-garou de Londres » et Poltergeist. Le film
ne trouva pas, hélas, son public tout de suite, et signifia le
début de la marginalisation de Carpenter, qui ne retrouva
jamais le succès de New York 1997.
Mais, aujourd’hui encore, « The Thing » continue de marquer les
esprits. Même après plusieurs visionnages, les scènes d’effets
spéciaux n’ont rien perdu de leur impact. Simplement parce que
le cinéaste profite de ces scènes pour solliciter d’avantage
l’imagination du spectateur. C’est le principe de la porte
fermée, chère a Stephen King dans son « Anatomie de l’horreur ».
Imaginez une porte derrière laquelle on sait qu’un monstre est
tapis, on l’entend grogner, faire crisser ses griffes sur la
porte. Notre imagination prend le relais, fantasmant les pires
chimères, si bien que lorsque la porte s’ouvre, on se sent
soulagé : certes le monstre est horrible, mais nous l’avions
imaginé encore plus horrible. Quoi que nous montrent les
images, cela n’a rien à voir avec ce que notre imagination en
roue libre avait redouté.
Or, s’appuyant sur une idée géniale de Rob Bottin (le créateur
des monstres), qui prévoyait que, à chacune de ses
transformations la chose laisserait apparaître des éléments de
créatures qu’elle avait assimilées sur d’autres mondes,
Carpenter n’ouvrira jamais la porte, il l’entrebâillera juste,
laissant entrapercevoir ce à quoi la chose pourrait
ressembler. Avec ces morceaux de puzzle, notre imagination
essayera de se la représenter. S’abreuvant des images,
apocalyptiques, des corps calcinés et déformés, elle
empreintera le sentier tortueux et encaissé de la terreur.
Finalement, ce qui nous effraie le plus dans ce film, ce sont
nos propres peurs inconscientes.
Une belle jaquette avec la mention « collector » mais qui pêche
par excès d’optimisme en annonçant un « 16/9 compatible 4/3 »,
alors que le film est « 4/3 compatible 4/3 ».
Un livret d’information, bien illustré, comprenant aussi la
liste des chapitres, se trouve à l’intérieur du boîtier. Le
disque n’est pas sérigraphié, et c’est dommage. Le menu fixe
est sonorisé (musique) pour la page principale et les pages
bonus. Les curseurs de navigation sont en forme de boutons, un
design typiquement Universal de la première génération, qui
enlève à l’édition DVD toute particularité.
Pour parfaire le tout, le menu ainsi que les différentes notes
de production sont uniquement en anglais, aucun moyen de les
commuter en français.
Une vraie édition collector, et sur un seul disque qui plus
est (mais on aurait volontiers accepté deux disques en échange
d’une image 16/9 anamorphique) :
La terreur prend forme est un palpitant documentaire
(VOSTF et chapitré) sur le film (1 h 20). Toute la conception
du film et surtout le fabuleux travail de Rob Bottin sur la
chose y sont décortiqués.
Commentaires audio de John Carpenter et Kurt Russell,
dont vous ne pourrez profiter que si vous êtes anglophones.
Vient ensuite toute une série de notes et de photos sur
le film, classées en plusieurs chapitres :
- préproduction, avec des photos du film de Hawks et Nyby ;
- casting ;
- dessins préparatoires : story-boards et les premiers croquis
de la créature ;
- repérages : avec les croquis de la base polaire et la
construction du décor ;
- tournage : des photos et des croquis du tournage en studio
et en extérieur ;
- postproduction : des photos d’Ennio Morricone, qui composa
la musique, des photos de l’avant-première (où l’on aperçoit
la fameuse Elvira) et les concepts d’affiche.
On trouve ensuite : les scènes coupées (VOSTF) qui
n’apportent pas grand chose au déroulement de l’histoire. La
fin alternative (un happy end) n’y figure pas. Les habituelles
notes de production sont redondantes au vu de ce qui
précède. La bande-annonce (VOSTF) est très bien conçue,
son introduction terrifiante. Le DVD contient aussi les
filmographies de John Carpenter et de Kurt Russell. Enfin, les
liens Internet clôturent cette édition bien fournie.
Avec cette profusion de suppléments, on aurait aimé une
localisation totalement en français. Dommage que toutes les
notes ne soient qu’en anglais.
Gros regret : pas de 16/9 anamorphique. Sur une TV à écran
large on est obligé de zoomer, ce qui dévoile quelque peu le
lignage. Heureusement, le master d’origine est assez bon pour
que cela ne soit pas trop préjudiciable (en effet les lignes
ne sont pas trop visibles, malgré le décor blanc de la neige).
En revanche, ça devient vraiment énervant pour les sous-
titres, car ils sont oblitérés en partie par le zoom (ce qui
empêche de profiter de la VO 5.1).
La pellicule est un peu abîmée au début du film (la scène de
l’hélico), mais présente une bonne tenue par la suite. Enfin,
la compression est excellente, et ce, malgré les nombreuses
scènes sombres.
La remastérisation 5.1 de la VO fait merveille, sans toutefois
atteindre la richesse des bandes-son actuelles. Elle nous
gratifie tout de même de quelques beaux effets surrounds, et
d’une ampleur qui fait paraître plus grande la pièce dans
laquelle vous vous trouvez. L’image stéréo y est la plus
détaillée.
La VF, surround, s’en tire honorablement, bien que d’un niveau
inférieur. La version italienne souffre d’une mise en avant
trop prononcée des dialogues, défaut qu’elle partage avec la
version (mono) espagnole.