Une race d’extraterrestres redoutables, les Drejs, apprennent
que les Terriens ont inventé le TITAN, un vaisseau-machine
capable de créer des mondes. Se sentant menacés, ils
pulvérisent la Terre pour éliminer l’humanité, qui entrait dès
lors dans le cercle des peuples les plus puissants de
l’univers.
Les humains survivants seront parqués dans des bidonvilles
spatiaux, sans culture, sans point d’attache et dispersés aux
quatre coins de l’univers en une diaspora cosmique. Mais la
rumeur court : le TITAN n’a pas été détruit, son concepteur
l’a caché quelque part dans l’espace. L’espoir renaît. Grâce à
lui, les hommes pourront se construire une nouvelle planète,
une terre d’accueil. A la recherche du vaisseau imaginé par
son père, Cale et ses compagnons devront déjouer les pièges
que leur tendent les Drejs et trouver le moyen de faire
fonctionner le vaisseau.
Le flop de ce film au box-office obligea la Fox à se séparer
de sa filiale Animation, ainsi que de Bill Mechanic, son PDG
(qui avait déjà joué son poste avec les dépassements de budget
de Titanic, comme quoi, tout ce qui commence par
titan ne rapporte pas à tous les coups). Voilà donc le
marché américain de l’animation laissé à Disney (le pire et le
meilleur) et à Dreamworks (que du bon, mais un secteur
Animation aux reins fragiles). De temps en temps, on assiste à
une surprise Warner, comme Le Géant de fer. Un studio en
moins, c’est une émulation moins forte, et une baisse de la
qualité à craindre.
Et des qualités, Titan A.E. - A.E. pour After Earth
(après la Terre) - n’en manque pas : pas de chansons qui
ralentissent le rythme, ni de petit animal de compagnie malin
et espiègle, ni de scènes d’action toutes les cinq minutes et,
pour finir, un univers plutôt sombre qui lorgne vers « Les
maîtres du temps », de René Laloux.
Le gros défaut du film tient dans le caractère peu abouti des
personnages : les revirements successifs du capitaine Korso
donnent le tournis tant ils sont irrationnels, et le problème
relationnel qu’entretient Cale avec le souvenir de son père
trouve une conclusion bâclée.
Le mélange d’animations traditionnelles et d’images de
synthèse (95% du film) a été aussi beaucoup critiqué : d’un
point de vue du budget, pour les dépassements que cela a
entraînés, et du point de vue artistique aussi, les deux
images ne se mariant pas toujours à la perfection.
N’oublions pas que « La guerre des étoiles » avait souffert de
critiques similaires lors de sa sortie en 1977. L’avenir nous
dira si Don Bluth fait figure de précurseur avec cette uvre
hybride ou s’il a tout simplement fait le plus mauvais choix
artistique de sa carrière.
A notre avis, il y a dans ce film assez d’action et de scènes
d’anthologie (les cristaux de glace) pour ne pas bouder son
plaisir. Alors, invitez vos voisins, éteignez la lumière et
montez le son, un grand rollercoaster cosmique vous attend.
Le boîtier est original, puisqu’il s’ouvre comme une boîte à
chaussures ; le couvercle encadre un cello, où sont
représentés deux personnages et deux vaisseaux ; le reste est
transparent, laissant apparaître un feuillet avec d’un côté le
décor du cello, et de l’autre le chapitrage ; le boîtier
cartonné, très soigné, propose toutes les informations
nécessaires ; les couleurs sont bien mariées : le packaging
est une réussite.
En revanche, les menus manquent d’originalité. Passé le menu
principal, animé et sonorisé façon jeux-vidéos, le reste est
statique et sombre ; dommage que Fox vidéo n’en ait pas fait
un produit DVD plus abouti, comme ce fut le cas pour
X-Men.
D’avance on salive devant la liste des suppléments, mais on
déchante assez vite.
Les scènes supplémentaires ne sont que des versions
alternatives de celles déjà présentes dans le film ; seuls les
angles de prise de vue et leur rythme semblent changer.
Le making of de vingt-deux minutes produit par Fox Kid
est tout sauf intéressant, à l’exception du travail du
designer du son ; il explique comment il a procédé pour
bruiter les cristaux de glace et la façon dont il leur avait
donné une personnalité propre.
Les spots TV et bandes-annonces : on appréciera sur
l’une des bandes-annonces un accompagnement musical qui ne
figure ni dans le film ni dans la BO. A noter aussi dans l’une
des bandes-annonces le slogan « If you can’t stand the heat,
get out of the universe » (« si vous ne supportez pas la
pression, tirez-vous de l’univers »), emprunté au calamiteux
Supernova, ce qui aurait dû mettre les producteurs en
garde.
Le clip « Over my head « , du groupe « Lit « , est un
mélange des images du film et de prises de vue réelles avec
les membres du groupe mis en situation. Rien de transcendant
dans cette musique prémâchée pour adolescents.
Avec les photos de production on arrive aux suppléments
intéressants. Les croquis préparatoires de cette galerie nous
donnent un aperçu de l’ampleur de la création sur un projet
pareil. Ainsi, les véhicules agricoles qui apparaissent
quelques fractions de secondes au début du film font l’objet
de dessins de préparation superbes et très détaillés.
Les commentaires audio des deux réalisateurs, Don Bluth
et Gary Goldman, ont parfois des airs de mea culpa (« si on
avait eu plus de temps, on aurait pu mieux intégrer les images
de synthèse pour qu’elles passent inaperçues »), mais réservent
leur lot de surprises (« On a voulu la musique un peu rétro,
années quatre-vingt, pour qu’elle ne puisse être datée
lorsqu’on ressortira Titan A.E. dans dix ans »).
En un mot : merveilleuse. Les scènes d’animations classiques
sont restituées en un bouquet de couleurs vives, vos rétines
vont se régaler. Le bleu électrique des Drejs et la mer rouge
de la lune brisée de Sesharrim sont incroyables de stabilité.
Une telle qualité d’image agrandit d’autant plus le fossé qui
sépare l’animation (couleurs vives) de l’image de synthèse
(couleurs moins saturées), ce qui n’améliore pas les qualités
artistiques du film.
Le maximum des possibilités sonores a été tiré du film, avec
une VO et une VF identiques en dynamisme et en effets surround
et stéréo en tous genres ; les enceintes arrières sont
sollicitées en permanence.
La scène des cristaux de glace est un must qu’on a envie de
savourer en boucle : le craquement des cristaux qui
s’entrechoquent est suivi d’un scintillement fabuleux, qui se
propage loin sur vos enceintes arrières. Toute la séquence
justifierait presque à elle seule l’achat d’un système 5.1.
L’aspect moins lisse des voix originales donne un cachet
supplémentaire au film : on privilégiera donc la VO. La
version hollandaise, en Dolby Surround 2.0, même si elle
n’offre pas la même richesse et la même ampleur que ses deux
grandes soeurs 5.1, se défend plutôt bien : elle propose de
bons effets arrières et une ambiance enveloppante à souhait.