Réalisé par Louis Feuillade
Avec
René Navarre, Edmond Bréon et Renée Carl
Édité par Gaumont
Tiré des romans à succès de Pierre Souvestre et de Marcel
Allain, « Fantômas », les films de Louis Feuillade connurent un
succès international gigantesque. C’était à une époque où la
diffusion d’un film ne connaissait pas le barrage de la
langue.
Ce coffret regroupe cinq films ayant pour vedette ce premier
super bandit français, opposé au journaliste Fandor et au
commissaire Juve. Bien loin de l’adaptation d’Hunnebelle, avec
Louis De Funès et Jean Marais, ce Fantômas-là, à l’aube de la
Première Guerre mondiale, est un criminel dangereux.
Déguisements, crimes, vols, trahisons, passages secrets, gants
de peau, apaches (malfrats) au programme de ces cinq heures de
visionnage.
On est en droit d’avoir une petite appréhension quant à
l’intérêt que l’on pourra porter à un film muet de 1915.
Appréhension d’autant plus aiguisée par les premières minutes,
avec ces plans fixes, ces acteurs qui surjouent, cette musique
classique un peu décalée ; amateurs d’Armageddon,
passez outre !
Mais très vite, et bien malgré nous, on se laisse happer par
le rythme hypnotique de ces images d’un autre temps, on se
prend à apprécier le jeu des acteurs, on écarquille les yeux
lorsque la caméra de Feuillade filme le Paris du début du
siècle : véritablement un autre monde. Et les cinq épisodes
passent comme un rêve.
Force est de constater que nous avons entre les mains plus
qu’un DVD : c’est un objet de collection.
Tout d’abord, le boîtier numéroté du coffret, du
type Fight Club, réalisé en carton dur avec l’affiche
du premier livre en présentation. Résumé et notes techniques
pour le recto.
Les DVD sérigraphiés sont présentés dans deux pochettes
cartons à trois volets, qui se referment pour pouvoir être
insérés dans le boîtier. Il reste encore de la place pour y
rajouter un livret de trente-deux pages plein d’anecdotes et
de considérations un peu ardues sur le style de Feuillade.
Les pochettes de chaque DVD son sérigraphiées avec les
affiches des films : « Fantômas, à l’ombre de la guillotine »,
« Juve contre Fantômas » et « le mort qui tue » pour le
premier ; et celles de « Fantômas contre Fantômas » et « le
faux magistrat » pour le second. De plus, pour chaque DVD il
y a des reproductions de placards publicitaires d’époque. Les
disques sont retenus à la partie centrale, logotypée Gaumont,
par des supports en mousse qui ne risquent pas de casser les
DVD, comme ce fut le cas pour Men in Black.
Toutes les images sont reproduites avec soin, toujours dans le
même état d’esprit très début du siècle.
Graphiquement, c’est une réussite.
L’ergonomie du menu est aussi une réussite : un couloir avec
la possibilité d’entrer dans plusieurs pièces, chaque pièce
correspondant à chaque film. Dans ces pièces les objets sur
lesquels on clique permettent de visionner des suppléments ou
le film. On s’amusera également à chercher les bonus cachés.
CGHTV s’est donné les moyens de sortir un coffret inégalé
tant par la diversité que par la rareté des suppléments qui
englobent tout l’univers de Fantômas, que ce soient les
livres, les films, ou bien l’image que Fantômas a pu laisser
dans l’inconscient collectif.
Le DVD s’ouvre sur une citation de Jacques Prévert, suivie du
choix des bonus : Morphing des mille visages de Fantômas,
plusieurs sections de photos des films, des faits divers
d’époque qui ont peu ou prou inspiré les auteurs, des
représentations des timbres-poste à l’effigie des héros de
romans de l’époque, toutes les couvertures des « Fantômas »
écrits par Allain et Souvestre et illustrés par Gino Starace,
deux interviews de Marcel Allain, les affiches des films de
Feuillade, deux tableaux inspirés de Fantômas, des extraits
des romans récités par un comédien, un arrêté préfectoral
réglementant les séances de cinéma, enfin des suppléments
DVD-Rom… On respire !
Prenez une petite semaine pour tout explorer en détail.
Chaque restauration de film est toujours à accueillir avec le
plus grand respect. Ici, on reste ebahis face à l’ampleur du
travail accompli : c’est bien simple, la quasi-totalité des
gros défauts de pellicule ont été gommés, le film est presque
comme neuf. On constatera, avec tristesse, la presence de très
gros accidents que les magiciens des restaurations, aussi
doués soient-ils, ne pourront jamais réparer.
Les différentes ambiances sont rendues avec justesse (des
filtres de différentes couleurs simulent les ambiances des
scènes) et la compression est rarement prise à défaut.
Sans être un DVD de démo, c’est un coffret exemplaire.
La jaquette donne des indications sur un « mono dolby
digital » , mais, en fait, le son est Dolby Surround, très
armonieux même si très ample.
Au début, la musique nous fait tiquer : elle semble « too
much » par rapport à l’intimité du format 4/3, mais les
morceaux choisis (il ne s’agit pas d’une partition originale,
mais d’extraits du répertoire classique) savent se fondre dans
l’ambiance sans monopoliser l’attention.