Réalisé par James Gray
Avec
Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow et Vinessa Shaw
Édité par Wild Side Video
Two lovers m’a semblé assez proche de Vicky Cristina Barcelona.
Le personnage de Leonard, inspiré du Mario des Notti bianche de
Luchino Visconti (qui n’est actuellement disponible qu’en
import US zone 1) dont le scénario est tiré des Nuits blanches
de Dostoïevsky, n’est pas si loin du personnage de Vicky qui,
presque à la veille de son mariage, se jette dans les bras du
peintre Juan Antonio. Les deux films sont une variation sur le
marivaudage, l’une assez sombre, filmée l’hiver à New York,
l’autre plus légère, filmée sous l’éclatant soleil estival de
Barcelone.
Leonard, Michelle et Sandra, interprétés avec une émotion vraie
par Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow et Vinessa Shaw sont plus
bouleversants que les Vicky, Cristina et Juan Antonio du film
de Woody Allen. Mais on reste, avec les deux récits, dans le
registre de la tragi-comédie, abordé dans chacun des deux films
sous deux angles différents, mais avec le même talent.
Joaquin Phoenix, fidèle à James Gray, depuis The Yards
(2000), puis La Nuit nous appartient, confirme film
après film qu’il est un grand acteur. On espère aussi revoir
bien vite Vinessa Shaw dans des rôles enfin à sa mesure.
Il est curieux, et regrettable, que James Gray, auteur complet
puisqu’il écrit les scénarios de ses films, n’ait pu réaliser
que cinq films en quinze ans, après un essai qui valait
pourtant un coup de maître, Little Odessa, à rééditer
d’urgence. Nous attendons avec impatience la sortie, en 2010,
du film encore en chantier, « The lost city of Z ».
Un beau film, simple, filmé par une caméra sage, avec une fin
ouverte comme on les aime, qui laisse au spectateur la
possibilité d’imaginer une suite heureuse… ou pas.
L’analyse a été faite à partir d’un disque test.
Rien de particulier à signaler : boîtier standard, menu simplissime.
Sous-titres français imposés sur la version originale, à cheval sur
la bande noire.
Les destinées du coeur : James Gray, filmé à l’Hôtel
Crillon, disserte essentiellement sur les personnages de
Leonard et de Michelle, dont il doute qu’ils aient le moindre
contrôle sur leur destinée qui les poussera inexorablement là
où ils sont condamnés à aller. Quelques extraits du film
illustrent ses propos.
Two lovers au festival de Cannes : James Gray, entouré
de Gwyneth Paltrow et de Vinessa Shaw, nous dit que, d’après
lui, une histoire d’amour ne peut qu’être une comédie, bien que
le récit commence par une plongée de Leonard dans l’eau glacée
de l’East River, référence au film de Federico Fellini « Les nuits
de Cabiria ». Le réalisateur se livre à une charge vigoureuse
contre Hollywood que l’obsession de plaire au plus grand nombre
conduit à une banalisation de la production comparable à la
diversité culinaire offerte par la restauration rapide.
Peut-être son esprit frondeur a-t-il rebuté les producteurs ?
Il reconnaît toutefois avoir joui d’une grande liberté pour la
réalisation de Two lovers.
James Gray, retour aux sources : devant une tasse de
café, à Manhattan, James Gray, qui a grandi dans le Queens,
nous confie que les premiers films qui l’ont marqué sont
Apocalypse now,
Raging Bull et la trilogie du Parrain.
Dans un hommage appuyé à Francis Ford Coppola et Martin
Scorsese, il nous dit comment ces films l’ont conduit à
d’autres et, de fil en aiguille, à découvrir le cinéma européen,
dont les auteurs français comme Jules Dassin, Jean Cocteau,
Jean Vigo et Jean Renoir. Suit une réflexion sur l’art et la
technique, indissociables dans la création artistique, en
particulier pour le cinéma.
Ces trois documents, qui ne contiennent que très peu de
redondances, nous permettre de faire amplement connaissance
avec un grand cinéaste. Ils sont tous en 16/9 avec une image
mpeg2, un son dts stéréo, en anglais avec sous-titres français
imposés.
Bande-annonce en français avec un doublage qui incitera
beaucoup à choisir la version originale.
Teasers de quatre Blu-ray édités par Wild Side Vidéo :
Sin City (en 4/3 !), Le Labyrinthe de Pan
(doublé en anglais !), L’Orphelinat et REC,
hommage mérité au cinéma espagnol pour les trois derniers.
La photo est belle, bien définie, dans des tons sombres et froids qui s’accordent avec l’ambiance du film et la saison du tournage.
Hormis la séquence en discothèque, à 31 minutes, qui stimule tous les canaux, y compris le caisson de basses, rien de spectaculaire, bien évidemment, pour un film intimiste à trois personnages. Mais une image sonore claire qui permet de suivre les dialogues sans le moindre effort.