À nous la liberté (1931) : le test complet du Blu-ray

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par René Clair
Avec Henri Marchand, Raymond Cordy et Rolla France

Édité par Tamasa Diffusion

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Le 26/03/2024
Critique

Sur le ton de la farce, René Clair, dans son deuxième film parlant, vante la joie du farniente.

À nous la liberté

Louis et Émile, compagnons de cellule, ont préparé leur évasion. Mais Louis est le seul à passer de l’autre côté du mur. Quelques années plus tard, Louis est devenu patron d’une usine de fabrication de phonographe. Émile, libéré, est resté vagabond…

À nous la liberté, sorti en 1931, écrit et réalisé par René Clair, est une fable légèrement anarchiste vantant les mérites de l’oisiveté, épinglant la vanité de la course à la richesse.

Mon vieux copain, la vie est belle, Quand on connaît la liberté ! Partout on peut aimer et boire, À nous, à nous la liberté !

À cette chanson, entonnée par les prisonniers et reprise par Émile et Louis, répond celle enseignée, sur le même air : « Le travail, c’est obligatoire, car le travail, c’est la liberté ! » aux écoliers pour les préparer à entrer dans le moule d’une société dominée par des personnages caricaturaux, vielles barbes coincées et rombières facilement offusquées.

Le parallèle entre la prison et l’usine est appuyé : les prisonniers qui assemblent et décorent des jouets, ou prennent leur repas, sont présentés dans les mêmes cadrages que les ouvriers employés à l’assemblage de phonographes ou à la cantine, sous la surveillance des gardiens de prison ou de contremaîtres aux moustaches prussiennes, en uniforme, eux aussi. Le discours pompeux d’un ministre donne une chute utopique à la fable : « Si la machine peut remplacer la main de l’homme, elle peut aussi remplacer son cerveau ». René Clair serait-il le premier à avoir imaginé l’intelligence artificielle ?

À nous la liberté

La scène d’À nous la liberté où le flux de la chaîne de montage est chamboulé par un moment d’inattention d’Émile a probablement inspiré celle que Charles Chaplin réalisera, cinq ans plus tard, pour Les Temps modernes. Un prêté pour un rendu : le plan final des deux vagabonds s’éloignant sur la route à la rencontre de leur destin est un emprunt chaplinesque évident.

À nous la liberté, combinant romance, farce et comédie musicale, est plus proche du cinéma muet que ne l’était Sous les toits de Paris, son premier film parlant, sorti un an plus tôt. Il accorde une large place au slapstick, avec chutes en effet domino, courses-poursuites et coups de pieds dans l’arrière-train et réduit encore la place réservée aux dialogues.

René Clair réalise À nous la liberté avec l’équipe de Sous les toits de Paris. On retrouve Lazare Meerson, directeur artistique de Feu Mathias Pascal et L’Argent (Marcel L’Herbier, 1925 et 1928), de Le Grand jeu (Jacques Feyder, 1934), de La Citadelle (The Citadel) de King Vidor, sorti en 1938, l’année où il fut emporté à 38 ans par une méningite. Bien que son nom n’apparaisse pas au générique, il est toujours assisté par Alexandre Trauner, un des plus grands décorateurs et directeurs artistiques, celui de tant de chefs-d’oeuvre, parmi lesquels Les Enfants du Paradis (Marcel Carné, 1945). Il sera oscarisé en 1961 pour La Garçonnière (The Apartment, Billy Wider). Mais, à la chaleur des décors foisonnants du capharnaüm d’une petite rue de Paris, succèdent la froideur des murs dépouillés et la rigueur des lignes géométriques de la prison et de l’usine.

À nous la liberté

On retrouve aussi derrière la caméra le chef-opérateur Georges Périnal qui recevra en 1941 l’Oscar de la meilleure photo pour l’inoubliable Le Voleur de Bagdad (The Thief of Bagdad), le chef-d’oeuvre collectif de Ludwig Berger, Michael Powell, Tim Whelan, Alexander et Zoltan Korda.

À nous la liberté accorde également une large place à la musique, celle de Georges Auric qui venait de composer pour Jean Cocteau l’accompagnement de Le Sang d’un poète (1930) et allait, en 1946 signer celle de La Belle et la Bête. On lui doit l’accompagnement de plus de 100 films en France et un fort un rayonnement à l’étranger avec, par exemple, Au coeur de la nuit (Dead of Night, Basil Dearden, Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Robert Hamer, 1945), Vacances romaines (Roman Holiday, William Wyler, 1963)…

Un carton indique que le film a été restauré en 2020 par le laboratoire Hiventy après scan 4K du négatif nitrate, image et son.

À nous la liberté est ressorti en salles en décembre 2022, en même temps que Sous les toits de Paris, Le Million, À nous la liberté et Quatorze juillet. Ils avaient été coédités en octobre 2023 par Tamasa Diffusion et TF1 Studio dans le coffret Blu-ray/DVD René Clair l’enchanteur, toujours disponible, avant d’être réédités séparément en mars 2024.

À nous la liberté

Présentation - 2,0 / 5

À nous la liberté (84 minutes) et ses maigres suppléments (15 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-25 logé, dans cette édition combo, en compagnie d’un DVD-9, dans un Digipack à deux volets.

Le film est proposé au format audio Dolby Digital 2.0 mono.

Sous-titres pour malentendants.

Piste d’audiodescription Dolby Digital 2.0.

Bonus - 1,0 / 5

Prologue (6’) Les acteurs invitent le public à venir voir le film.

Scènes coupées (7’).

Bande-annonce (1’35”) un teaser du coffret René Clair l’enchanteur, édité par Tamasa Diffusion en octobre 2023.

À nous la liberté

Image - 4,0 / 5

L’image, au ratio d’origine de 1.20:1 (celui des premiers films parlants avec une piste sonore qui grignotait le cadre de l’image, avant que ne se généralise le « format académique » de 1.37:1), donné pour 1.37:1 au dos du Digipack, a été encodée au standard 1080p, AVC. Elle est, dans l’ensemble, de bonne qualité, assez bien stabilisée, débarrassée des plus grosses marques de dégradation de la pellicule et offre une fermeté des contrastes et un agréable dégradé de gris assuré par un sérieux étalonnage. Le niveau de qualité, en particulier du traitement du grain, dépasse d’un cran celui atteint pour Sous les toits de Paris.

Son - 4,0 / 5

Le son Dolby Digital 2.0 mono a, lui aussi, été nettoyé. Peu de bruits parasites, et un souffle assez discret. Dialogues et passages musicaux sont restitués avec une estimable clarté, dans une bande passante inévitablement étroite et avec peu de saturations.

Crédits images : © Films Sonores Tobis

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 26 mars 2024
Retour attendu dans nos catalogues, après restauration, d’un pamphlet gentiment anarchiste, doublé d’une comédie farfelue. Un grand coup de chapeau de René Clair au cinéma muet et à Charles Chaplin !

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