Les Trois Mousquetaires - Milady (2023) : le test complet du 4K UHD

Une relecture du roman d’Alexandre Dumas, plus sombre et plus proche de la vérité historique que celle des précédentes adaptations.

Le jeune d’Artagnan quitte sa Gascogne natale pour se faire engager dans la prestigieuse compagnie des mousquetaires du roi. Le hasard met sur sa route trois mousquetaires, Athos, Porthos et Aramis avec lesquels il se lie d’amitié. Sous l’autorité du roi Louis XIII, la France est gouvernée par le cardinal de Richelieu. Le pays est menacé par une invasion de l’Angleterre pour soutenir les protestants qui ont fait de La Rochelle leur place forte…

Les Trois mousquetaires - Milady, sorti dans nos salles le 13 décembre 2023, est la suite de Les Trois Mousquetaires - D’Artagnan, distribué huit mois plus tôt, tous deux réalisés par Martin Bourboulon, après Papa ou maman (2014), Papa ou maman 2 (2016) une comédie familiale qui fit de bonnes entrées, suivis en 2021 par Eiffel (1,5 millions d’entrées) auquel la critique a, assez unanimement et justement, reproché la trop grande place donnée à la romance.

Alexandre Dumas est, avec Charles Dickens, l’écrivain du XIXème siècle qui a suscité le plus grand nombre d’adaptations de son oeuvre sur grand et petit écran. Plus de 300 rien que pour Les Trois mousquetaires, son roman le plus populaire avec ses suites, Vingt ans après et Le Vicomte de Bragelonne.

Parmi ces adaptations, j’ai surtout retenu, au cinéma, pour sa verve, sa truculence et sa distribution royale, celle de Richard Lester (The Three Musketeers, 1973) et, pour la télévision, la série d’Adrian Hodges, The Musketeers (30 épisodes, 2014-2016) dont j’avais apprécié la saison 1 (la troisième saison n’a jamais éditée en France). Deux réussites mitonnées de l’autre côté du Channel : « One for all and all for one! »

Martin Bourboulon, avec la complicité des scénaristes Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière (coauteurs du scénario et des dialogues du diptyque Papa ou maman) renouvelle l’adaptation du roman de Dumas en cherchant à être plus fidèle à la vérité historique. Richelieu n’est plus représenté comme un serviteur perfide de Louis XIII : tous deux sont soucieux des intérêts du royaume. Et le plus méchant de tous les personnages fictifs, Rochefort, a presque été jeté aux oubliettes !

Aux uniformes chamarrés des autres films, le réalisateur a préféré des tenues maronnasses, aux décors tape à l’oeil en studio, la salle de bal su château de Fontainebleau, le Louvre, le salon de l’hôtel de Lauzun sur l’Île Saint Louis et, pour la reconstitution du siège de La Rochelle, les remparts de cette ville et Saint-Malo. Il humanise également, surtout dans la deuxième partie, le personnage de Lady de Winter, dont Eva Green fait subtilement ressortir l’ambiguïté.

Alors que Les Trois mousquetaires - d’Artagnan était centré sur la récupération des ferrets que la reine avait donnés au duc de Buckingham, la recherche de Constance Bonacieux par d’Artagnan constitue l’intrigue principale du second volet, Les Trois mousquetaires - Milady.

L’approche nouvelle du roman, plus sombre et plus cohérente avec l’Histoire, fait l’originalité de cette énième adaptation de Martin Bourboulon, plus sombre que les précédentes et donnant plus d’épaisseur aux personnages. Un intérêt que tempère l’impression de frénésie générée par le temps trop long alloué aux scènes d’action, si bien chorégraphiées soient elles et filmées par des caméras portées au milieu de la mêlée, sous l’autorité du chef-opérateur québécois Nicolas Bolduc, celui de The North Water, le glaçant téléfilm réalisé en 2021 par Andrew Haigh. Un autre reproche tient à la multiplicité d’intrigues et de sous-intrigues, bien qu’on ne se noie jamais dans les méandres du scénario.

Eva Green, personnage principal de Les Trois mousquetaires - Milady, retrouve les partenaires de la première partie, François Civil, Romain Duris et Pio Marmaï sous les chapeaux emplumés de d’Artagnan, Aramis et Porthos, et Louis Garrel dans le rôle du roi. Athos, c’est Vincent Cassel, dont le père incarnait Louis XIII dans le film de Richard Lester. Constance Bonacieux est interprétée par Lyna Khoudri, révélée en 2017 par le Prix Orizzonti de la meilleure actrice qui lui fut décerné à la Mostra de Venise pour Les Bienheureux de Sofia Djama.

Les Trois mousquetaires - Milady se termine sur un cliffhanger qui ouvre la porte à une suite. À l’heure où j’écris ces lignes, rien n’a été dit sur la production d’un troisième volet que les bons scores des deux premiers, 3,3 et 2,6 millions d’entrées, doivent rendre envisageable. En attendant une réponse, on sait que Pathé, Chapter 2 et Disney+ ont mis en chantier Black Musketeer, une série dont le héros sera Hannibal, un des personnages du film de Martin Bourboulon, interprété par Ralph Amoussou.

Les Trois mousquetaires - Milady (114 minutes) tient sur un Blu-ray 4K UHD BD-100 et sur un Blu-ray BD-50 supportant aussi les suppléments (58 minutes). Il est proposé en UHD dans deux éditions, l’une en boîtier standard, l’autre en SteelBook.

Format du son : Dolby Atmos, core Dolby TrueHD 7.1.

Piste d’audiodescription DTS-HD Master Audio 2.0.

Sous-titres pour malentendants.

Deux autres éditions sont disponibles, l’une sur un Blu-ray BD-50, l’autre sur un DVD-9 et un DVD-5, avec les mêmes bonus.

Un coffret de collection à tirage limité sort le 17 avril rassemblant les deux parties, Les Trois Mousquetaires - D’Artagnan + Milady, avec les mêmes bonus que ceux des éditions séparées et quelques goodies.

La réalisation du film (29’, 1.78:1) : L’intention était de donner « une certaine forme de modernité au roman (…) pour le plus gros film européen de l’année ». Le choix des décors naturels est l’aboutissement de neuf mois de repérages avant tournage. Répétitions, cameramen au milieu des combats pour immerger le spectateur dans l’action…

Les Trois mousquetaires : analyse d’une adaptation filmique de l’oeuvre de Dumas (29’) par Julien Wylmart, auteur d’une thèse sur les mousquetaires du roi. Les Trois mousquetaires, le premier grand succès de Dumas, est inspiré des mémoires apocryphes écrites par Gatien Courtilz de Sandras (publiées en 1700 sous le titre Mémoires de M.r d’Artagnan, Capitaine Lieutenant de la premiere Compagnie des Mousquetaires du Roy, contenant quantité de choses particulieres et secrettes qui se sont passées sous le Regne de Louis le Grand). Alexandre Dumas s’est assuré la collaboration d’Auguste Maquet, ex-professeur d’histoire : il écrivit « le premier jet » du roman qui sera publié sous la forme de feuilleton dans le journal Le Siècle, entre mars et juillet 1844, avant d’être édité de sortir en librairie en décembre. La compagnie des mousquetaires du roi, créée au début du XVIIème siècle, fut dissoute en 1675 par Louis XVI, puis rétablie par Louis XVIII de 1814 à 1815. Elle symbolisait et démocratisait les « valeurs intemporelles » d’amitié et de bravoure, au temps du romantisme, un « terreau fertile » pour Alexandre Dumas. Et Les Trois mousquetaires sont restés populaires jusqu’aujourd’hui grâce au cinéma, avec plus d’une centaine d’adaptations de leurs aventures en 120 ans. « L’histoire est un clou auquel j’accroche mes romans » disait Dumas. Champion du roman historique avec l’Écossais Walter Scott, il insère des aventures purement fictionnelles « dans un écrin historique cohérent », mais en déformant les personnages de Louis XIII et du cardinal de Richelieu. Le film de Bourboulon reste un divertissement, mais est plus fidèle à la vérité historique, notamment en soulignant la rivalité entre Gaston d’Orléans et Louis XIII.

L’image numérique, captée par des caméras Arri Alexa LF, au ratio 2.39:1, encodée au standard 2160p HEVC, AVC, HDR 10, Dolby Vision, concilie un parfait piqué avec une délicate texture, appréciée sur les visages en gros plans, et assure le confort visuel des nombreuses scènes nocturnes. La palette de couleurs privilégie délibérément les demi-teintes, avec une dominante sépia. Un choix artistique qui, s’il n’exploite toute la richesse de la palette de couleurs offerte par le HDR et la Dolby Vision, s’accorde à la tonalité de l’adaptation.

Le son Dolby Atmos, testé sous le codec Dolby TrueHD 7.1, avec une bonne dynamique et une large ouverture de la bande passante, restitue clairement les dialogues, toujours correctement priorisés. Une répartition équilibrée du signal sur les sept canaux et le caisson de basses, immerge le spectateur dans l’action, le place en plein milieu des scènes de combat.

Crédits images : © Ben King - Julien Panie