Le Péril jeune (1994) : le test complet du Blu-ray

L’évocation, sur un ton potache, de l’ambiance en terminale d’un lycée parisien en 1975, avec des réminiscences post-soixante-huitardes.

Dix ans après avoir quitté le lycée, Alain, Léon, Bruno et Maurice se retrouvent dans la salle d’attente de l’hôpital où va accoucher Sophie, la compagne de leur meilleur ami Tomasi, mort une semaine auparavant d’une overdose. Ils se souviennent de leur année de terminale au lycée Montesquieu…

Le Péril jeune, le deuxième long métrage de Cédric Klapisch, est l’élément majeur de Les Années lycée, une collection de quatre téléfilms commandés par Pierre Chevalier, directeur de la fiction de la chaîne La Sept-Arte (nouveau nom donné, de 1993 à 2000, à La Sept, née en 1986). Cette collection comprenait aussi Un air de liberté d’Éric Barbier, Attention, fragile de Manuel Poirier et Sa vie à elle de Romain Goupil. Elle suivait le succès de Tous les garçons et les filles de leur âge, une collection de neuf téléfilms français sur le thème de l’adolescence, diffusés au dernier trimestre 1994, dont trois furent sélectionnés à Cannes et sortirent en salles : Les Roseaux sauvages d’André Téchiné, Trop de bonheur de Cédric Kahn et L’Eau froide d’Olivier Assayas.

Le Péril jeune, Prix du public du Festival du film de Paris 1994 et FIPA d’or à Biarritz, attira l’attention de Gaumont qui assura sa distribution en salles en janvier 1995. Il attira 650 000 spectateurs, malgré l’accueil mitigé d’une critique qui lui reprochait d’être « encombré de clichés ». Cédric Klapisch, Alexis Galmot et Santiago Amigorena, coauteurs du scénario et des dialogues, n’aspiraient pourtant qu’à raviver le souvenir de leur dernière année au lycée Rodin, sur un ton délibérément potache, avec des dialogues emblématiques des années post-soixante-huitardes : « C’est vrai, on ne sait pas exactement ce qu’on veut, mais on commence à savoir ce qu’on ne veut pas. (…) Tiens, par exemple, le chômage : j’trouve ça marrant de pas bosser. Tout d’un coup, ça devient un problème ! »

Le Péril jeune était le deuxième long métrage de Cédric Klapisch après Riens du tout, une pochade sur les méthodes de management de personnel, révélant déjà son penchant pour la vivacité des dialogues. Ce film a été édité sur DVD en 2002, puis en 2006, avec ses deux premiers courts métrages, In transit (1987) et Ce qui me meut (1989), tous deux primés à Clermont-Ferrand.

Le Péril jeune a été entièrement tourné dans divers lieux de Paris, aux lycées Montaigne et Saint-Louis, aux Buttes Chaumont, à la Pitié-Salpêtrière, dans un squat…, caméra à l’épaule, fermement tenue par Dominique Colin, chef-opérateur de Riens du tout et des deux premiers courts-métrages, puis de L’Auberge espagnole et Les Poupées russes. On lui doit aussi, récemment, la délicate photographie de Monsieur, le premier film de fiction de Rohena Gera, sorti en 2018.

Le casting, étonnamment réussi, rassemble des acteurs débutants, dont certains allaient entamer une belle carrière, tels Romain Duris, Vincent Elbaz, Élodie Bouchez, Hélène de Fougerolles et Julie-Anne Roth. Conformément au cahier des charges de La Sept-Arte, l’illustration musicale est composée des morceaux des années 70, ici de Frank Zappa, Jimmy Hendrix… qui ancraient solidement l’histoire dans son époque.

Pour sa ressortie en salles en 2023, Le Péril jeune a été soigneusement restauré par VDM après scan 4K du négatif original Super 16mm.

Le Péril jeune (106 minutes) et ses suppléments (114 minutes) tiennent, dans cette édition combo, sur un Blu-ray BD-50, un DVD-9 et un DVD-5 clipsés dans les couvertures d’un Digipack à deux volets, logé dans un épais cartonnage, avec un livret et trois cartes postales de photos du film.

Le film, sorti à l’origine en mono, est proposé avec le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0 stéréo.

Sous-titres pour malentendants.

Le livret de 24 pages, illustré de photos du film et d’une photo de tournage, contient une interview de Cédric Klapisch par Marc Godin, critique et historien de cinéma, chef de la rubrique cinéma du magazine Technikart, auteur de plusieurs livres, notamment Gore, autopsie d’un cinéma (Éditions du Collectionneur, 2000), Clouzot cinéaste, coécrit avec José-Louis Bocquet (La Table Ronde, 2011), Histoires d’Emmanuelle (Huginn Muninn, 2019), Sur la route de Clint Eastwood, avec la contribution d’Aurélia Duflot Hadji-Lazaro (Éditions du Layeur, 2021). Le réalisateur évoque la genèse du film, le tournage limité à 25 jours, un défi avec des acteurs débutants, la surprise d’un bon accueil en salles après une diffusion sur les petits écrans, les bonnes ventes de VHS et DVD et la ressortie en 2023, marques d’une « résistance au temps », due à la sincérité du scénario. Le livret se referme sur le plan final du sourire de Romain Duris qui capte « quelque chose de la beauté et de l’insouciance de l’adolescence ».

Sur le Blu-ray et le DVD de bonus, des suppléments repris de l’édition DVD Gaumont de 2004 :

Le Péril jeune, ten years after : retrouvailles des acteurs (36’). Hélène de Fougerolles, Nicolas Koretzky, Julien Lambroschini, Joachim Lombard, Julie-Anne Roth, réunis autour de Cédric Klapisch, se souviennent de « la joyeuse ambiance de lycée » pendant tout le tournage et évoquent leur parcours depuis que leurs chemins se sont séparés. Romain Duris et Vincent Elbaz n’avaient aucune expérience d’acteur. Élodie Bouchez sortait du tournage de Les Roseaux sauvages qui n’était pas encore sorti.

Nous sommes jeunes et beaux : les essais des acteurs (38’), ceux de Julien Lambroschini, Nicolas Koretzky, Hélène de Fougerolles, Élodie Bouchez, Vincent Elbaz, Juile-Anne Roth, Romain Duris et Joachim Lombard.

Le Périple jeune : la genèse du film (30’). Pierre Chevalier, alors directeur de la fiction chez La Sept-Arte, se souvient que les projets Tous les garçons et les filles de leur âge et Les Années lycée avaient été initiés en 1991 par Éric Barbier qui proposa Cédric Klapisch aux producteurs Farid Lahouassa et Aïssa Djabri (Vertigo) et à Pierre-Ange Le Pogam (Gaumont Buena Vista), avec un petit budget (l’équivalent de 1,5 millions d’euros de 2024) et 25 jours de tournage. Selon le réalisateur, Le Péril jeune a mis en images « un scénario antihéroïque avec des banalités (…) sur l’adolescence, un temps d’imperfection ». C’est Bruno Lévy qui a découvert « dans la rue » les jeunes acteurs. Cédric Klapisch s’est battu pour imposer aux producteurs, le titre Le Péril jeune, « un film sincère », son préféré (en 2003).

L’Âge bête ne passera pas : entretien avec Cédric Klapisch, Santiago Amigorena et Alexis Galmot (9’). Les trois coscénaristes, avant d’écrire le scénario, se sont raconté « les choses qu’on n’ose pas se dire quand on a 17 ans » et ont eu du mal à « trouver la frontière entre déconner ensemble et travailler ».

Bande-annonce (1’47”).

L’image, au ratio d’origine de 1.66:1, encodée au standard 1080p AVC, d’une impeccable propreté, déploie des couleurs naturelles, délicatement saturées, soigneusement étalonnées. Avec une préservation du grain, la résolution est surprenante pour des images prises en Super 16.

Le son mono d’origine, très propre lui aussi, pratiquement sans souffle, est proposé au format DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo et dans un remixage multicanal 5.1, déjà présent dans les deux premières éditions DVD. Peu de différences toutefois entre les deux formats : l’image sonore restant centrée sur le plan frontal. Mais l’essentiel est assuré : la clarté des dialogues et l’aération de l’illustration musicale, sans saturations.

Crédits images : © Caméras Continentales, La Sept-Arte, Vertigo