Réalisé par Gareth Edwards
Avec
Aaron Taylor-Johnson, Bryan Cranston et Ken Watanabe
Édité par Warner Bros. Entertainment France
Joe Brody, un expert américain affecté à la surveillance de la centrale nucléaire japonaise de Janjira, est appelé en urgence : de violentes secousses ont été ressenties. Le phénomène, d’origine inexpliquée, redouble d’intensité et finit par détruire l’installation. La catastrophe emporte Sandra, l’épouse de Joe, qui ne croit pas à la version officielle attribuant l’incident à un séisme. Quinze ans plus tard, des phénomènes étranges se produisent à l’emplacement de l’ancienne centrale. Joe décide de pénétrer dans la zone interdite…
Godzilla, la créature imaginée par l’écrivain Shigeru Kayama, fit sa première entrée sur les écrans dans le film réalisé en 1954 par Ishirô Honda. Ce film a créé la bible de la créature, un gigantesque lézard mâtiné de stégosaure, doté d’une force redoutable, dangereux donc, mais qui dirige son agressivité à l’encontre d’autres énormes créatures menaçantes. Tous ces monstres ont été réveillés par l’effet de radiations nucléaires, neuf ans après Hiroshima.
Godzilla, plus connu au pays du soleil levant sous le nom de « Gojira » (contraction des mots gorille et baleine en japonais), s’est réveillé une bonne douzaine de fois en soixante ans pour des combats dantesques. Il a même appelé son rejeton à la rescousse en 1967 dans Son of Godzilla, réalisé par Jun Fukuda.
Ses ennemis jurés sont de gros insectes, comme Mothra et, dans le film qui nous occupe, celui réalisé en 2014 par Gareth Edwards, les Mutos (Massive Unidentified Terrestrial Organisms) deux créatures, un mâle et une femelle, apparemment issues du croisement d’une mante religieuse avec un ptérodactyle, rappelant étrangement les Kamakaras de Son of Godzilla.
Godzilla 2014 peine à captiver. Les personnages sont à peine esquissés. Passons sur Juliette Binoche, qui doit tenir là le rôle le plus court de sa carrière. Les quatre autres, Joe, alias Bryan Cranston (que les connaissances de chimie acquises au long du tournage de Breaking Bad désignait tout naturellement pour tenir un emploi de scientifique), son fils Ford, interprété par Aaron Taylor-Johnson, et sa bru, Elle, par Elizabeth Olsen et, pour finir, Ken Watanabe, incarnant le docteur Ishiro Serizawa, semblent cantonnés à jouer les utilités : placés en premier plan, ils sont néanmoins d’indispensables jalons permettant au spectateur d’apprécier la taille réelle (autour d’une centaine de mètres) des créatures virtuelles.
Le scénario nous trimballe du Mont Fuji à San Francisco, avec une escale à Honolulu, sans vraiment réussir, ni à éveiller notre intérêt, ni même à nous effrayer, ce qui est pourtant une louable finalité de ce genre de film. Peut-être parce que les effets spéciaux, affrontements entre monstres, tsunami… pourtant soignés, paraissent trop distants, trop en arrière-plan.
Quelques rares bons moments, par exemple, au début du film, avant qu’une lourde porte blindée ne se referme sur Juliette Binoche et ses compagnons d’infortune. Et les beaux décors de la scène où les spéléologues se retrouvent dans une immense carcasse fossilisée.
Ce qui ne fait pas le poids, en dépit de la taille des monstres, par ailleurs très peu présents sur l’écran tout au long des deux heures du film. Godzilla 2014 ne se hisse guère au-dessus du niveau du Godzilla 1998 réalisé par Roland Emmerich. Encore une peu de patience pour voir si Gareth Edwards, qui signait là son deuxième long métrage (après Monsters) fera mieux avec… Godzilla 2, annoncé pour 2018.
Sur la jaquette du traditionnel boîtier bleu, Godzilla, dans un environnement rouge, masque presque entièrement la ville de San Francisco dont la tour de la Bank of America trahit cependant la présence. Pas de fantaisie, pour le reste : sérigraphie minimale du disque (titre en blanc sur fond noir uni) et menu fixe à pictogrammes.
Un bon point sur le choix audio : version originale et doublage en français bénéficient du format DTS-HD Master Audio 7.1. Pour la version italienne : Dolby Digital 5.1, ici comme dans l’édition vendue là-bas. Sous-titres dans 10 langues, dont 2 pour malentendants, en anglais et italien (pour faire pardonner l’absence de son HD ?).
La liste des suppléments est assez longue :
Sous le titre Monarch déclassifié, trois courts chapitres : 1. Opération Lucky Dragon (3’) sur la révélation des événements de Janjira, gardés secrets pendant 15 ans. 2. Le dossier M.U.T.O. (4’) exposant la stratégie imaginée pour neutraliser les sales bêtes. 3. La révélation Godzilla (7’), une série d’extraits de journaux télévisés.
Sous un second titre, Le légendaire Godzilla, quatre documents : 1. Godzilla, une force de la nature (19’) où réalisateur, scénariste, producteur, responsables des effets spéciaux et acteurs sont invités à faire la promotion du film à grand renfort de superlatifs ; tout juste a-t-on le temps d’entrapercevoir quelques moments de tournage devant des écrans verts. 2. Un tout nouveau niveau de destruction (8’) montre le soin apporté à l’amoncellement de tout un bric à brac où se côtoient vrais objets et ersatz en polystyrène. 3. Saut dans le vide (5’), sur le saut en parachute au-dessus de San Francisco, spectaculaire sur l’écran, moins pendant le tournage, avec un écran vert à moins d’un mètre en dessous de la plateforme d’où s’élançaient les parachutistes ! 4. Vieux ennemis : les Mutos (7’), sur la conception des bestioles, avec la participation du l’ingénieur du son qui a mis au point le crépitement annonciateur de leur arrivée.
Tous ces suppléments, moyennement intéressants, sont en version originale sous-titrée et en HD pour l’image et le son.
L’image (2.35, 1080p, AVC) va du meilleur au pire. Les premières séquences, le survol en hélicoptère des alentours de la centrale, annoncent la perfection, avec un extraordinaire niveau de détail dans les arrière-plans. Mais les choses ne tardent pas à se gâter et on arrive au pire dans les scènes finales de l’affrontement des monstres, sombres, très peu contrastées et souffrant d’une résolution défaillante rendant certains arrière-plans très confus.
En revanche, le son 7.1 en jette ! Toutes les enceintes sont sollicitées et les deux voies arrière ne chôment pas. On est vraiment immergé dans une image sonore spectaculaire à défaut d’être toujours cohérente. Le spectre est largement ouvert, avec des aigus incisifs et des basses généreuses qu’on eût aimé plus fermes. Les dialogues sont clairs, dans la version originale comme dans le doublage français où ils sont trop en avant et trop mats.
Crédits images : © Warner Bros.