L'Homme de l'Ouest (1958) : le test complet du Blu-ray

Man of the West

Réalisé par Anthony Mann
Avec Gary Cooper, Julie London et Lee J. Cobb

Édité par Carlotta Films

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Le 03/11/2014
Critique

Link Jones a reçu mission des habitants de la petite ville de Good Hope d’aller à Fort Worth pour y recruter un instituteur. Il prend le train à Crosscuts où le sheriff est presque sûr de l’avoir vu, il y a longtemps, sous les ordres de Dock Tobin, un dangereux bandit. Après l’attaque du train, Link Jones, Billie Ellis, une chanteuse de saloon et un autre passager trouvent refuge dans une ferme abandonnée dans laquelle se cachent Dock Tobin et ses hommes de main…

Avec L’Homme de l’Ouest, Anthony Mann a réalisé le dernier d’une série de westerns mythiques, après Winchester ‘73, La Porte du diable, Les Affameurs (Bend of the River), L’Appât (The Naked Spur), Je suis un aventurier (The Far Country), L’Homme de la plaine (The Man from Laramie) et The Tin Star (Du sang dans le désert, qui attend toujours une sortie sur disque optique).

Il a réussi à attirer en tête d’affiche les meilleurs acteurs, Robert Taylor, Henry Fonda, James Stewart (dans cinq des films cités) et, pour L’Homme de l’Ouest, Gary Cooper.

Qualifié de « sur-western » par Jean-Luc Godard (qui proclame, dans la critique dithyrambique publiée dans les Cahiers du Cinéma en février 1959, n’avoir « rien vu de si neuf depuis Griffith »), L’Homme de l’Ouest tire d’abord sa force d’un scénario épuré et linéaire, mais enrichi par l’opposition entre le Link Jones d’aujourd’hui, un citoyen rangé et l’ancien dangereux criminel qu’on nous laisse deviner, sans nous donner aucun détail sur un passé refoulé, mais prêt à refaire surface.

La dimension énigmatique du personnage est accusée par la froideur du visage de son interprète, Gary Cooper, dont Jean-Luc Godard, dans l’article précité, dit qu’il appartenait « au règne minéral », en total contraste avec la violence paroxystique exprimée par Lee J. Cobb dans le rôle de Dock Tobin, peut-être le meilleur de sa carrière, en dépit ou en raison de ses excès. Dans des registres opposés, les deux acteurs entretiennent une tension créée par leurs relations ambiguës, jusqu’au duel final.

L’utilisation du format cinémascope par Anthony Mann et son chef opérateur Ernest Haller invite dans l’aventure un autre personnage important en toile de fond : l’impressionnant paysage du Mojave Desert et du Red Rock Canyon.

Présentation - 2,5 / 5

La musique originale de Leigh Harline, très westernienne, accompagne un menu fixe qui propose le choix entre la version originale (avec sous-titres français optionnels) et le doublage en français, tous deux au format DTS-HD Master Audio 1.0.

Bonus - 5,0 / 5

En supplément, écrit, lu et illustré par Nicolas Ripoche, Anthony Mann, un homme de l’Ouest (13’) rappelle la carrière du réalisateur, faisant à 16 ans à New York ses premiers pas d’acteur, puis de metteur en scène et directeur de troupe, avant de mettre un pied à Hollywood où David O. Selznick l’embauche comme directeur d’acteurs pour Autant en emporte le vent, Intermezzo et Rebecca. Il réalisera ensuite une quarantaine de films, westerns, films noirs et, en fin de carrière, deux oeuvres à grand spectacle, Le Cid et La Chute de l’Empire Romain.

Suit Super Mann, de Jean-Luc Godard (13’), une lecture par Bruno Putzulu de l’enthousiaste critique parue dans le numéro 92 des Cahiers du Cinéma en février 1959 qui voit dans L’Homme de l’Ouest « le film le plus intelligent ».

Ensuite, dans Rissient/Tavernier, propos sur Mann (21’), Pierre Rissient et Bertrand Tavernier nous donnent un intéressant éclairage sur L’Homme de l’Ouest et, plus généralement, sur le cinéma d’Anthony Mann, un des réalisateurs qui a le mieux réussi à faire s’identifier le spectateur aux héros, souvent fragiles, de ses films.

Ces suppléments (en 4/3) ont été tournés en 2004 avant la sortie de la première édition DVD par Carlotta.

Image - 4,5 / 5

L’image (2.35, 1080p, AVC), exempte de taches ou rayures, présente des couleurs fraîches et une excellente définition (spectaculaire dans les vastes plans de paysages) pour un film qui va gentiment vers sa soixantaine. Quelques défauts mineurs, principalement un fourmillement qui révèle sa présence discrète sur les fonds clairs et unis, le petit prix à payer pour la sauvegarde d’une agréable texture. Accessoirement, une tendance des tons de peau à se charger de gris dans les scènes les plus sombres.

Son - 3,5 / 5

Le son de la version originale donne une image sonore claire et assure un bon équilibre entre dialogues, ambiance et accompagnement musical. La version française, en revanche, souffre de saturations qui laissent supposer qu’elle n’a pas été restaurée. La VO s’impose donc.

Crédits images : © Carlotta Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm