Réalisé par Alfonso Arau
Avec
Marco Leonardi, Lumi Cavazos et Regina Torné
Édité par Marco Polo Production
Région du Rio Grande, à l’extrême nord du Mexique, en 1910, au début de la révolution. Pedro et Tita s’aiment. Mais Pedro est éconduit quand il demande la main de Tita. La benjamine doit respecter la tradition familiale : renoncer au mariage pour veiller sur les vieux jours de sa mère jusqu’à son dernier souffle. Pour se préparer à sa mission, Tita passe beaucoup de temps à la cuisine où elle apprend les recettes de la vielle servante indienne Nacha.
Les Épices de la passion, réalisé en 1993 par Alfonso Arau, est l’adaptation d’un roman de Laura Esquivel, alors l’épouse du réalisateur, dont le titre original, Como agua para chocolate, évoque l’eau brûlante qu’on verse sur le chocolat, une métaphore pour désigner l’ardeur sexuelle.
L’éditeur Marco Polo Production, très actif depuis son entrée fin 2014, ajoute heureusement à un catalogue déjà riche d’une soixantaine de films (parmi lesquels 26 éditions remasterisées des films de Claude Lelouch), Les Épices de la passion, jusque-là inédit en France sur disque optique.
Les Épices de la passion, oscillant entre réalisme et conte de fées, s’apparente au » réalisme magique » apparu dans la littérature et le cinéma d’Amérique Latine il y a une trentaine d’années.
Les recettes de Nacha sont magiques : les larmes que verse Tita sur la pâte du gâteau de mariage (Pedro épouse Rosaura, la soeur aînée, pour rester auprès de celle qu’il aime) ont un effet fantastique sur toute la noce. Et les cailles aux pétales des roses offertes par Pedro, sur lesquels sont tombées quelques gouttes du sang de Tita, mettent Gertrudis, la soeur cadette, dans un tel état que la douche dans laquelle elle tente de calmer le feu qui la dévore s’embrase !
À ranger, pour rester dans l’univers des films s’ouvrant sur les arts culinaires, aux côtés du Festin de Babette de Gabriel Axel, Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant de Peter Greenaway, Salé, sucré d’Ang Lee (quel éditeur le sortira-t-il enfin ?), Tampopo de Jûzô Itami…
» Una deliciosa historia de amor » pouvait-on lire au bas de l’affiche originale. Bien plus que cela, Les Épices de la passion est un film, original, poétique, onirique, avec des plans d’une grande beauté, composés comme des tableaux.
Test du Blu-ray effectué sur un check disc. Sur la jaquette du coffret, une belle composition graphique reprise sur le menu : une jeune femme à sa toilette de dos devant une clématite art nouveau aux fleurs écarlates, aux couleurs de la passion. Sort simultanément une édition DVD.
Le menu animé et musical propose la version originale du film (en espagnol et en anglais, avec sous-titres français imposés) et un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 5.1.
Le seul bonus est le commentaire du film (en VO sous-titrée), enregistré en 2015 par Alfonso Arau et les deux principaux interprètes, Lumi Cavazos (Tita) et Marco Leonardi (Pedro, qui fut aussi le jeune Salvatore dans Cinema Paradiso). Quelques passages intéressants noyés dans un flot ininterrompu de paroles qui ne sont que trop peu souvent reliées à ce qui se passe sur l’écran.
L’image au format d’origine (1.85:1, 1080p, AVC), aux couleurs chaudes, a bénéficié d’une restauration qui a préservé la texture argentique. Les scènes les plus sombres manquent un peu de piqué et sont occasionnellement affectées d’un léger fourmillement détectable sur les grands aplats.
Le son est, lui aussi, très propre, pratiquement sans souffle, avec une bonne dynamique. Le remixage 5.1 a été effectué avec toute la discrétion qui s’imposait. Quelques saturations, pas trop gênantes.
Crédits images : © Marco Polo