Les Flics ne dorment pas la nuit (1972) : le test complet du Blu-ray

The New Centurions

Réalisé par Richard Fleischer
Avec George C. Scott, Stacy Keach et Jane Alexander

Édité par Carlotta Films

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Le 09/11/2016
Critique

Les Flics ne dorment pas la nuit

Los Angeles, USA 1972. Roy Fehler, étudiant en droit criminel, marié et père d’une petite fille, s’engage dans la police pour subvenir aux besoins de sa famille en attendant d’obtenir son diplôme. Il fait équipe avec Kilvinski, un ancien expérimenté, brutal mais généreux. A mesure que Roy patrouille les rues la nuit, il y prend goût mais délaisse ses études et sa famille. Grièvement blessé par un couple de criminels, abandonné par son épouse incapable de supporter le danger auquel il est quotidiennement exposé, il perd son équipier qui prend sa retraite puis se suicide. Roy devient alors dépressif puis alcoolique. Il est sauvé par son amour pour une jeune infirmière noire qui se souvient de son courage au moment où elle l’avait soigné. Mais leur bonheur sera de courte durée…

Les Flics ne dorment pas la nuit (The New Centurions, USA 1972) de Richard Fleischer (1916-2006) est un de ses meilleurs films noirs policiers. Ignoblement méprisé par une partie de la critique française à sa sortie en exclusivité en 1972, il est juste qu’il bénéficie aujourd’hui d’une réhabilitation méritée. Il appartient à la section «  documentaire policier  » du genre. Sur le plan du scénario, il bénéficie d’un réalisme en effet remarquable puisque son scénario adapte le premier grand livre de Joseph Wambaugh qui fut policier à Los Angeles de nombreuses années. Wambaugh signa d’autres livres adaptés ensuite par Hollywood tels que l’assez bon Bande de flics (The Choirboys, 1977) de Robert Aldrich ou le bon Tueurs de flics (The Onion Field, 1979) de Harold Becker.

Les extérieurs furent tournés dans différents quartiers de la ville et les intérieurs du commissariat le furent dans un authentique bâtiment qui était désaffecté depuis 1965 mais qui avait été le premier commissariat de Los Angeles. Sur le plan technique, la direction de la photographie donna matière à des prouesses techniques qui avaient déjà fait l’objet d’articles dans la presses professionnelle de 1972. Sur le plan du casting, il réunit trois générations différentes d’acteurs qui sont tous remarquables. Enfin, non seulement c’est un des sommets du cinéma de la violence des années 1970-1980 mais encore c’est un film authentiquement tragique.

Les Flics ne dorment pas la nuit

On a dit de Hitchcock qu’il avait été audacieux en faisant périr la star (Janet Leigh) d’un de ses films (Psychose) en plein milieu de l’action : on peut dire de Fleischer la même chose concernant l’un de ses deux héros, en rajoutant que le héros en question se suicide, ce qui est encore plus ahurissant compte tenu des conventions en vigueur à Hollywood à cette époque. Certes, le désormais classique Règlement de comptes (The Big Heat, 1953) de Fritz Lang débutait par un suicide de policier, tout comme dans le roman de série noire qu’il adaptait, mais ce n’est pas la même chose de faire mourir quelqu’un dont le spectateur n’a pas vu et ne verra jamais le visage dans ce film de 1953, et le personnage haut en couleurs du film de 1972 de Fleischer dont le spectateur a partagé la vie et observé le visage durant presque une heure. Cette différence étant posée, il faut reconnaître que le thème majeur de Fleischer est pourtant strictement langien : la force du destin, sa puissance tragique.

C’est le thème majeur des meilleurs titres de sa filmographie, qu’il s’agisse du film noir policier, du western, du film d’aventures, du film fantastique ou du film de science-fiction qui sont autant de genres auxquels Fleischer a contribué. C’est ici que l’histoire du cinéma permet aussi de remettre les choses à leur place : si Les Flics ne dorment pas la nuit atteint à ce degré évident de pessimisme tragique, il le doit à la modification considérable du scénario, induite par la participation de George C. Scott. Le parallélisme tragique du destin des deux héros joués par Stacy Keach et par George C. Scott n’était pas dans le roman de Wambaugh. Il faut y voir la marque filmographique de Fleischer avant d’y voir celle des autres intervenants, qu’il s’agisse du scénariste Stirling Silliphant ou des producteurs. Cette veine tragique au sein du film noir policier sera à nouveau exploitée par Fleischer dans son non moins génial Don Angelo est mort (The Don is Dead, 1973) qui augmentera encore d’un cran la violence graphique à l’écran.

Les Flics ne dorment pas la nuit

Présentation - 4,0 / 5

Un Blu-ray BD 50, édité le 9 novembre 2016 par Carlotta Films en coffret ou à l’unité, disponible aussi en DVD. Durée du film : 103 minutes. Image au format respecté 2.35 couleurs, compatible 16/9. Son DTS HD Master Audio 1.0 en VOSTF ou VF d’époque, au choix. Le visuel de la jaquette reprend un fragment de plan utilisé par l’affiche originale. Suppléments : présentations du film par Nicolas Saada et du cinéaste par Nicolas Boukhrief, making of réalisé par Robert Fisher en 2016 avec entretiens montés en alternance ou sur des extraits du film de 1972, version Super 8mm raccourcie (uniquement sur Blu-ray), bande-annonce originale.

Bonus - 4,0 / 5

Une présentation du film par Nicolas Saada et une présentation du cinéaste Richard Fleischer par Nicolas Boukhrief inaugurent les suppléments. Toutes les deux contiennent des remarques intéressantes tant historiquement que techniquement et constituent deux honnêtes introductions à leurs sujets respectifs. Sur le plan informatif, c’est le making of (Cop Stories, durée 44 minutes environ, réalisé par Robert Fisher en 2016) qui est évidemment le plus riche : entretiens avec Joseph Wambaugh l’auteur du livre original, avec le premier assistant du directeur de la photographie, avec le policier partenaire de Wambaugh qui était conseiller technique sur le tournage, avec l’acteur Stacy Keach. Ces témoignages apportent d’abord une contribution directe à l’histoire du film noir policier américain, puis à la connaissance historique et esthétique du cinéma de Richard Fleischer, enfin à celle de la genèse et du tournage de ce titre précis de sa filmographie.

La version Super 8 raccourcie proposée ensuite (uniquement sur le Blu-ray : durée 17’ environ) est une curiosité d’histoire industrielle de l’exploitation dont, à mon avis, on aurait pu faire l’économie : l’image S8 est ignoblement recadrée par rapport au format Scope somptueux du film original, qui plus est (ou plutôt «  qui moins est  »). Enfin une bande-annonce originale complète cette très honorable édition spéciale qui aurait pu être nommée «  édition collector  » si on lui avait adjoint une solide galerie photos d’exploitation et affiches originales. Sony avait édité autrefois (en 2008 pour être précis) le film en DVD Zone 1 NTSC avec VOSTF, VF d’époque et, en guise de supplément, une simple bande-annonce dans une collection intitulée «  Martini Movies  » (sic). Inutile de dire que les cinéphiles américains avides de suppléments peuvent, dorénavant, la remplacer avantageusement par cette édition Carlotta, d’autant plus que Les Flics ne dorment pas la nuit est proposé en combo Blu-ray et DVD par Carlotta alors qu’aux USA, ce Fleischer demeure, aussi incroyable que cela puisse nous paraître, encore inédit en Blu-ray.

Les Flics ne dorment pas la nuit

Image - 5,0 / 5

Format Panavision 2.35 couleurs, compatible 16/9. C’est une copie avec générique anglo-saxon et titre américain qui a été utilisée pour le télécinéma : elle a été chimiquement et numériquement très bien restaurée. Ce Blu-ray Carlotta peut dorénavant servir d’étalon numérique HD à ce titre. Spécifications techniques : BD50 1080 / 23.98p. Direction de la photographie signée Ralph Woolsey dont c’est la contribution la plus connue au genre : le travelling sur le revolver de service S.&W. calibre 38 spécial tenu par Andy, la tentative de meurtre de Fehler par une demi-mondaine droguée au volant de sa voiture, figurent parmi les nombreuses prouesses techniques du film.

Son - 5,0 / 5

Son mono anglais d’origine en VOSTF ou VF d’époque, au choix : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Comme souvent, la dynamique et la précision des effets sonores sont supérieurs dans la VOSTF mais la VF d’époque est excellente du point de vue dramaturgique. Musique signée Quincy Jones : elle est modeste en apparence sur le plan de l’écriture mais admirablement montée avec les images, qu’il s’agisse d’une séquence très brève (les voitures sortant de nuit, filmées en deux ou trois plans d’ensemble, pour patrouiller L.A.) ou d’une bien plus longue (la montée du danger durant l’intervention dans la banque puis dans le parking de la banque).

Les Flics ne dorment pas la nuit

Crédits images : © Columbia Pictures

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Panasonic FullHD
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Sony
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p