Persée l'invincible (1962) : le test complet du Blu-ray

Perseo l'invincibile

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Alberto De Martino
Avec Richard Harrison, Anna Ranalli et Arturo Dominici

Édité par Artus Films

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Le 16/02/2024
Critique

Remarquable péplum fantastique signé par le bon cinéaste Alberto de Martino.

Persée l'invincible

Antiquité grecque mythologique : le héros Persée conquiert l’amour de la princesse Andromède et sauve les royaumes de Sériphos et d’Argos, en venant à bout d’usurpateurs tyranniques, d’un dragon et, surtout, de la terrible Gorgone Méduse.

Persée l’invincible(Ital.-Esp. 1962) d’Alberto de Martino est son péplum le plus célèbre auprès des cinéphiles, parmi la demi-douzaine qu’il a co-réalisés ou réalisés à part entière. On savait moins que le cinéaste espagnol Amando de Ossorio - connu en France essentiellement pour ses films fantastiques d’horreur et d’épouvante des années 1970 sur des Templiers morts-vivants - avait collaboré aux effets spéciaux de la version espagnole, ajoutés aux plans du dragon construit par l’italien Carlo Rambaldi. Le scénario (auquel Alberto de Martino, Ernesto Gastaldi et Luciano Martino avaient notamment collaboré) est inspiré par divers aspects de la mythologie grecque antique. Certains de ses tenants et aboutissants sont mentionnés mais pas tous car il y a bien des variantes et des relations complexes entre elles : si on veut en savoir davantage, il faut lire, par exemple, Pierre Grimal (*) et Francis Pasche (**).

L’aspect du mythe de Persée (***) le plus spectaculaire et le plus poétique demeure évidemment celui de la Gorgone nommée Méduse qui règne sur une armée de morts pétrifiés par son regard. Les deux séquences où elle apparaît sont les meilleures du film : la seconde (le combat contre Méduse et la résurrection des morts pétrifiés) est probablement son sommet plastique. Je suis donc, à ce sujet, d’un avis différent de celui de Claude Beylie qui avouait sa préférence pour la première des deux séquences dans le n°8 de Midi-Minuit Fantastique (janvier 1964, page 322-323 du tome 2 de la nouvelle édition Rouge Profond de 2015, revue et augmentée par Michel Caen et Nicolas Stanzick) : il aimait cependant assez ce titre dans son ensemble pour encourager le cinéaste à persévérer dans la voie fantastique.

Alberto de Martino a servi, durant son âge d’or 1960-1980, les grands genres du cinéma-bis populaire (western italien, film noir policier, film d’espionnage, film fantastique, péplums, films d’aventures) avec un égal talent plastique. Sa mise en scène est, dans Persée l’invincible , tout aussi dynamique et ample dans la partie historique (tournée à Rome) que dans la partie mythologique (en partie tournée en Espagne) en dépit de la relative modicité des moyens néanmoins ici employés au maximum de leur puissance plastique. Associée à la musique de Carlo Franci si souvent entendue - notamment dans l’admirable Maciste en enfer (Ital. 1962) de Riccardo Freda - car parfaitement adaptée au genre, sa réalisation confère à certaines séquences (par exemples les si belles cavalcades de l’armée à l’assaut de Sériphos) le cachet d’un véritable poème symphonique encore augmenté sur les plans spatial et temporel : gageons qu’un tel film aurait, au moins concernant certains de ses moments, été apprécié par Richard Wagner. Casting solide, belle direction photo notamment des scènes de forêts, montage souple et nerveux, bonne utilisation des trucages et des effets spéciaux, par exemples les surimpressions en fondus, et les transparences. Notez la présence au générique italien d’Eugenio Bava (1886-1966), père du cinéaste Mario Bava (1914-1980), comme conseiller technique. Eugenio Bava avait été rien moins que le directeur photo duQuo Vadis ? (Ital. 1913) d’Enrico Guazzoni et du Cabiria (Ital. 1914) de Giovanni Pastrone.

Il y a deux veines dans le péplum italien, qu’il s’agisse de son premier âge d’or muet (celui où s’illustra le père de Mario Bava) ou de son second âge d’or parlant (celui auquel appartient ce titre d’Alberto de Martino) : la veine historique et la veine fantastique. Le péplum américain, quantitativement moins fourni mais qualitativement souvent si remarquable, comporte aussi cette distinction thématique. Il arrive qu’un même titre ressorte des deux veines simultanément : ce n’est pas le cas de Persée l’invincible qui ressort exclusivement de la veine mythologique. Il est assez exemplaire de la beauté native de cette catégorie du genre, un des plus beaux de l’histoire du cinéma mondial.

NOTES

(*) Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, éditions Presses Universitaires de France, Paris 1951 et rééditions ultérieures.

(**) Francis Pasche, Le bouclier de Persée ou psychose et réalité, in Revue Française de Psychanalyse, éditions Presses Universitaires de France, Paris 1971, article repris in recueil Le sens de la psychanalyse, éditions Presses Universitaires de France, Paris 1988, pp. 27-43.

(***) Il ne faut évidemment pas confondre le Persée mythologique avec quelques autres Persée historiques, tels que le Persée fils aîné de Philippe V, roi de Macédoine, qui régna de 178 à 169 avant Jésus-Christ. Il fut défait militairement par le général romain Paul-Emile et ramené comme esclave à Rome. Cf. Plutarque, Vies parallèles , section Timoléon et Paul-Emile, traduction Bernard Latzarus, éditions Classiques Garnier, tome III, Paris 1950.

Persée l'invincible

Présentation - 4,0 / 5

Edition collector Artus du 06 février 2024, contenant, sous boîtier digipack avec étui, 1 DVD-9 PAL zone 2 + 1 Blu-ray 50 région B + 1 livret illustré de 32 pages. Durée du film : 95 min. environ (sur Blu-ray). Format 2.35 TotalScope original respecté, en couleurs Eastmancolor, compatible 16/9. Son Linear PCM VOSTF italienne + espagnole + VF d’époque mono (en Dolby Digital sur DVD, en Linear PCM sur Blu-ray). Suppléments (sur Blu-ray et sur DVD) : montage italien (1080i sur Blu-ray, 86’06”, VF / VOSTF) + montage espagnol (1080p sur Blu-ray, 82’39”, VOSTF) + le livret « Persée, Méduse et Andromède » par Michel Eloy (32 pages) + présentation par Curt Ridel + diaporama affiches et photos. L’illustration de l’étui est le visuel de l’affiche espagnole tandis que le digipack est décoré par deux affiches italiennes.

Livret 32 pages illustrées par Michel Eloy.

Sympathique travail en quatre parties : les mythes et légendes utilisés par le scénario (ensemble un peu touffu mais assez précis même si sa précision, en quelques pages, demeure inévitablement sommaire : il faut, si on veut davantage, relire Pierre Grimal, Georges Dumézil et quelques autres), la représentation de la Gorgone Méduse dans l’histoire du cinéma, fiche et remarques historiques bio-filmographiques sur le film de 1962, sa fiche technique. Ensemble illustré de reproductions de tableaux, affiches et photos. Notons une belle affiche cinéma reproduite pleine page du remarquable La Gorgone (GB, Hammer Film, 1964) de Terence Fisher. Syntaxe et style parfois un peu relâchés (exemple page 5 « … Persée…se voit en concurrence avec le règne des Atrides…. »). La fiche technique des pages 30-31 ne mentionne pas la présence au générique italien du directeur photo Eugenio Bava (1886-1966), père du cinéaste Mario Bava (1914-1980), comme conseiller technique. Eugenio Bava fut rien moins que le directeur photo du Cabiria (Ital. 1914) de Giovanni Pastrone !

Persée l'invincible

Bonus - 4,0 / 5

Versions italienne et espagnole : métrages un peu différents ( par exemple à cause du pré-générique espagnol) mais assez proches à quelques minutes près. Version espagnole contenant les fameux effets spéciaux d’Amando de Ossorio, surajoutés au dragon de Rambaldi. La version française était un peu moins complète que la version italienne car amputée de quelques plans, ici heureusement rajoutés en VITSF à la continuité du montage sonore de la VF.

Présentation par Curd Ridel(2023, 25’ environ) : elle évoque avec précision (et quelques jugements critiques rapides sur les films) la bio-filmographie du cinéaste Alberto de Martino, des acteurs Richard Harrison et Leo Anchoriz. Nombreuses affiches mais souvent reproduites en trop petite taille, à côté de la tête du locuteur qui occupe la moitié de l’écran. Il faudrait qu’elles occupent tout l’écran lorsqu’elles apparaîssent. J’attendais au moins une remarque sur la présence du cinéaste Eugenio Bava, le père du cinéaste Mario Bava, comme conseiller technique. Il est vrai que Michel Eloy fait, lui aussi, l’impasse dessus dans son livret. Savoureuse anecdote sur la « contribution » la plus importante de Harrison à l’histoire du cinéma selon Harrison lui-même.

Diaporama d’affiches et photos(1’25”) : une dizaine de documents (affiches et photos) mais aucune photos d’exploitation (ou alors elles sont détourées, amputées de leurs lettrines). J’ai cru reconnaître certaines photos allemandes en raison de leur colorimétrie particulière et de leur contraste prononcé. Ensemble honnête mais décevant : Artus nous avait habitué à mieux. J’attendais, sinon un jeu complet, au moins quelques photos d’exploitation non détourées italiennes ou françaises ou espagnoles.

Persée l'invincible

Image - 5,0 / 5

Format 2.35 respecté, couleurs et compatible 16/9, en Full HD sur Blu-ray. Copie argentique restaurée (qu’il s’agisse de l’espagnole ou de l’italienne), transfert vidéo soigné même si on pourrait encore améliorer la définition et la précision du transfert en augmentant la largeur du format Scope natif et en diminuant sa hauteur : ce sera peut-être un jour le cas sur une édition future en UHD 4K mais ne lâchons pas la proie pour l’ombre : cette image Full HD est, pour l’instant, la meilleur disponible sur le marché. La séquence pré-générique espagnole (absente du matériel italien qui commence directement avec le générique d’ouverture) est en état argentique moyen mais, en revanche, l’attaque du dragon modifiée par Amando de Ossorio est en excellent état sur le même montage espagnol. L’image argentique et vidéo est identique pour la VF d’époque et pour la Vitalienne. Cette édition Artus devient l’édition de référence française.

Son - 4,0 / 5

Trois pistes sonores pour deux copies argentiques, au métrage et à la durée légèrement différentes, sont proposées : une VOSTF italienne, une VOSTF espagnole et la VF d’époque, toutes les trois en Linear PCM 2.0 Mono (sur le Blu-ray) et en Dolby Digital mono (sur le DVD) : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Quelques grésillements sur la piste VF d’époque mais sa qualité littéraires et dramaturgiques compensent largement ce petit défaut occasionnel. Les plans jamais doublés du montage italien sont munis de STF : on en compte une dizaine environ. Le spectateur aura l’essentiel avec le montage italien en VF d’époque et ses quelques plans VOSTF. Le cinéphile pointu pourra comparer les trois versions dans leur continuité.

Crédits images : © Droits réservés

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
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francis moury
Le 17 février 2024
Remarquable péplum aux séquences parfois épiques et parfois fantastiques, inspiré par la mythologie antique grecque de Persée et de la Gorgone, signé par le bon cinéaste Alberto de Martino.

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