Personal Shopper (2016) : le test complet du Blu-ray

Maureen gagne sa vie en achetant, pour le compte d’une star, vêtements, accessoires et bijoux dans les boutiques de luxe de New York, Londres et Paris. Elle est très affectée par la disparition récente de son frère jumeau, Lewis, mort d’une malformation cardiaque qui l’affecte également. Elle décide de se rendre dans la maison de son frère dans l’espoir que l’esprit de celui-ci se manifeste à elle…

Avec Personal Shopper, dont il a écrit le scénario et les dialogues, Olivier Assayas s’intéresse, une fois de plus, à une jeune femme. Celle-là se cherche, lassée par un travail plutôt humiliant et désorientée par la disparition de son frère jumeau. Il a confié le rôle-titre à Kristen Stewart qu’il venait d’employer dans son film précédent, Sils Maria (Clouds of Sils Maria, 2014).

En réalisant Personal Shopper, Olivier Assayas s’essaie au fantastique qu’il associe au thriller. L’élément fantastique, la communication de Maureen avec Lewis, aurait probablement gagné à ce que le réalisateur s’abstienne de faire apparaître un ectoplasme, avec des effets spéciaux malhabiles, sous la forme d’une sorte de volutes de fumée ou dessinant vaguement une forme humaine (comme l’apparition du monstre avait gâté la sauce du magnifique Rendez-vous avec la peur (Night of the Demon) réalisé par Jacques en 1957). La séquence montrant Victor Hugo et ses proches se livrant à des séances de spiritisme pendant son exil à Guernesey est, quant à elle, franchement ridicule.

C’est l’échange de sms avec un mystérieux correspondant qui alimente l’élément thriller. Comment s’est-il procuré le numéro de Maureen ? L’observe-t-il pour savoir, à tout moment, à quoi elle s’occupe ? S’agit-il d’un individu malfaisant ? Lewis a-t-il choisi ce moyen de communication ? Le scénario tire une partie de son impact en ne donnant pas de réponse à toutes ces questions. En revanche, il est difficile de ne pas se lasser de l’interminable échange de messages étalés en gros plans sur l’écran du mobile de Maureen.

Personal Shopper aura de fortes chances de trouver sa place parmi ces films qui ont pu agacer, mais qu’on n’oublie pourtant pas. C’est peut-être (avec la gracilité androgyne de Kristen Stewart, débarrassée de son image d’actrice pour adolescents de la saga Twilight) ce qui a poussé le jury de Cannes à décerner à Personal Shopper le Prix de la meilleure mise en scène, à égalité avec Baccalauréat de Cristian Mungiu, une oeuvre pourtant d’une autre trempe qui vient de sortir sur Blu-ray et DVD.

Personal Shopper (105 minutes) tient, avec ses suppléments, sur un Blu-ray double couche logé dans l’habituel boîtier bleu. Le menu animé et musical propose la version originale, avec sous-titres imposés, mais bien placés à cheval sur la bande noire, ainsi qu’un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 5.1.

Piste d’audio description DTS 2.0 et sous-titres pour malentendants.

Copie digitale offerte.

Entretien avec Kristen Stewart au New York Film Festival (22’). L’actrice répond avec spontanéité à des questions sur Personal Shopper, mais aussi sur Sils Maria, sur Certaines femmes de Kelly Reichardt (2016), sur Un jour dans la vie de Billy Lynn (Billy Lynn’s Long Halftime Walk, Ang Lee, 2016). Elle évoque son expérience assez déroutante d’un tournage en 3D et, plus généralement, confie ses vues sur le métier d’actrice.

Entretien avec Olivier Assayas par Olivier Père (filmé à Cannes 2016, 19’). Tout est parti d’une page blanche, sur l’idée d’une jeune femme déçue par un travail aliénant et bouleversée par la disparition de son frère, poussée par le désir inconscient de trouver dans le spiritisme une échappatoire au matérialisme du domaine du luxe.

Séance de spiritisme version longue (4’) : la version courte était déjà superfétatoire.

Spiritisme et théosophie (2’) Un extrait fumeux d’une discussion entre Helmut Zander, un théologien, et Iris Mûller-Westermann, conservatrice de l’exposition des tableaux de Hilma af Klint, peintre suédoise avant-gardiste du début du XXe siècle, adepte du spiritisme.

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), lumineuse, aux couleurs vives, affiche une impeccable netteté dans tous les plans filmés en plein jour à Londres ou Paris. En opposition avec les scènes prises en basse lumière, particulièrement dans l’ancienne maison de Lewis, au début du film, sombres et manquant de contrastes jusqu’à ce que les détails soient absorbés par le noir des arrière-plans. Certainement un parti pris pour faire ressentir le désarroi de Maureen.

Le son (DTS-HD Master Audio 5.1) de la version originale et du doublage exploite avec efficacité les possibilités du multicanal pour créer une réelle impression d’immersion. On apprécie l’excellente dynamique et une large ouverture du spectre dès les premières scènes, quand Maureen foule, seule dans le noir, les parquets grinçants de la dernière demeure de son frère défunt. Le doublage est, dans l’ensemble, assez naturel.

Crédits images : © Les Films du Losange