Réalisé par Don Coscarelli
Avec
James Le Gros, Reggie Bannister et Angus Scrimm
Édité par ESC Editions
Mike Pearson sort d’un hôpital psychiatrique après sept ans d’internement : tout son entourage était persuadé que les méfaits du croque-mort, le Tall Man, étaient le fruit de son imagination. Sa première action est d’aller au cimetière, de creuser quelques tombes pour constater que les cercueils sont… vides ! C’est là que le surprend son ami Reggie, le marchand de glaces, dont la famille est anéantie par l’explosion mystérieuse de sa maison. Ils prennent tous les deux la route, résolus à mettre hors d’état de nuire le Tall Man qui continue à semer la mort là où il passe…
Phantasm II sort en juillet 1988, neuf ans après Phantasm dont il est la suite. Bien que Don Coscarelli n’ait réalisé que deux films pendant tout ce temps, Dar l’invincible (The Beastmaster, 1982) et Survival Quest (qui sortira plus tard, en 1988), on perçoit, dès les premières séquences de Phantasm II, par exemple quand le Tall Man descend du corbillard pour sa première apparition, que le réalisateur a affirmé sa maîtrise de la mise en scène. Don Coscarelli avait une vocation pour le cinéma : il avait à peine 18 ans quand il réalisa, en 1976, ses deux premiers films, Jim, the World’s Greatest et Kenny & Company.
Let’s go kick some ass!
Le scénario, dans ce deuxième opus (on n’en restera pas là : après Phantasm III et Phantasm IV, Phantasm: Ravager est sorti en 2016), est assez centré sur la chasse à l’homme (pour autant que le croque-mort en soit un) que mènent Mike et Reggie, en compagnie de deux jeunes femmes, Liz et Alchemy. Une équipée aux allures de western avec la traversée de villes fantômes, celles anéanties par le passage du Tall Man.
It’s only a dream… - No, it’s not!
Beaucoup d’action, donc, mais aussi de l’étrange et de l’horreur, parfois dans une confusion entre rêve et réalité, avec des effets spéciaux plus sophistiqués et aboutis que ceux du premier volet, autorisés par les moyens de production relativement généreux accordés par Universal, 3 millions de dollars contre 300 000 pour Phantasm. Ce qui a permis d’embaucher pour les maquillages des as de la spécialité, Mark Shostrom et Greg Nicotero, (Pulp Fiction, La Colline a des yeux, Frères d’armes, The Walking Dead)
Les moyens ne sont pas tout pour faire peur, il faut des idées. Et Phantasm II n’en manque pas, par exemple dans cette scène où Liz voit le Tall Man dans un miroir : est-ce la réflexion du sinistre personnage ou n’est-il pas, tout bonnement… derrière le miroir ?
Phantasm II (97 minutes) et ses suppléments (50 minutes) tiennent, dans cette édition combo à tirage limité, sur un Blu-ray BD-50 et un DVD-9, logés dans un boîtier métal Futurepak brun et jaune sang (la couleur de celui du Tall Man), décoré de la fameuse boule métallique et du titre embossé en lettres d’or.
Sort simultanément une édition DVD seul avec les mêmes bonus vidéo.
C’est la première sortie en haute définition du film en France, dans une édition limitée entreprise conjointement par ESC Éditions et Sidonis/Calysta.
À l’intérieur du boîtier, un livret de Marc Toullec intitulé, comme pour le premier opus, Au cœur de Phantasm, mais avec un nouveau texte. On y apprend que Don Coscarelli a d’abord rejeté la demande qui lui avait été faite d’entreprendre le deuxième volet de Phantasm, dès la sortie du film en 1979. À court d’idées pour une suite, il ne voulait pas non plus risquer de s’enfermer dans un genre. Puis l’échec commercial de Dar l’invincible et la promesse par Universal d’un budget de 3 millions de dollars l’ont poussé à reconsidérer le projet, mais en négociant son indépendance pour la réalisation. Il a cependant dû accepter que Michael Baldwin, le jeune Mike du premier chapitre, soit remplacé par un acteur plus expérimenté, James Le Gros. Si les moyens alloués lui ont facilité la tâche, notamment en lui permettant d’améliorer les effets spéciaux, le réalisateur se souvient des tensions avec les studios en raison d’un dépassement du calendrier de tournage et de postproduction. Il reste amer après les coupures imposées par la MPAA, l’organe de censure aux USA qui classa le film dans la catégorie R, réduisant ainsi considérablement sa diffusion.
Cette édition ne reprend qu’un seul des généreux bonus qui complétaient le Blu-ray édité en région A par Shout Factory en 2013. Mais, en compensation, on nous propose un bonus inédit, une présentation du film par Guy Astic et Julien Maury (27’). Le deuxième volet leur fait penser à l’univers de Stephen King. Moins sombre que le premier, l’équipée de Mike et Reggie donne au film des allures de buddy movie. Mais le film reste tout aussi débridé, sans limites à l’imagination. Cette présentation un peu décousue aurait gagné à être mieux préparée.
Gory Days : autour du film (22’, 2005). Greg Nicotero, l’un des membres de l’équipe de maquilleurs rappelle, avec de nombreuses séquences illustrant ses propos, la conception des masques grimaçants des nains carnivores, certains animés par un mécanisme. Et comment a été réalisé la décomposition d’un personnage, la sophistication des sphères métalliques, les moyens utilisés pour les déplacer, etc.
Pour finir, une bande-annonce et une galerie de photos.
L’image (1.85:1, 1080p, AVC) appelle à peu près le même constat que celui dressé pour Phantasm : pas de défaut de compression visible, une bonne netteté, des couleurs très chaudes (avec des tons de peau parfois un peu trop rouges, mais moins que dans le premier opus), des contrastes fermes, avec des noirs assez denses qui peuvent avoir occasionnellement une légère tendance à se boucher dans les séquences plus sombres.
Cette fois encore, on n’est pas très loin de la perfection.
La version originale est proposée dans le seul format DTS-HD Master Audio 2.0 (nous n’avons pas droit, cette fois, au spectaculaire remixage 5.1 de Phantasm. Ceci dit, le dopage de la bande son, surprenant, procure une vigoureuse dynamique, un large spectre. Et la franche séparation des deux voies donne des effets spectaculaires, per exemple pour l’explosion de la maison de Reggie au début de film.
Le doublage en français (Dolby Digital 2.0 mono) paraît bien étriqué en comparaison.
Crédits images : © ESC/Sidonis