Les Collines de la terreur (1972) : le test complet du Blu-ray

Chato's Land

Édition Spéciale Limitée Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Michael Winner
Avec Charles Bronson, Jack Palance et Richard Basehart

Édité par Sidonis Calysta

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Le 04/06/2018
Critique

Les Collines de la terreur

Nouveau Mexique, USA vers 1870. Un métis apache nommé Chato tue, en état de légitime défense, un shérif raciste dans un bar puis s’enfuit en territoire apache. Une milice est immédiatement constituée par un ancien capitaine de la guerre de Sécession. Elle se rend coupable de viol et de meurtre. La vengeance de Chato est impitoyable : la mort et la folie ne tardent pas à s’abattre sur les miliciens.

Les Collines de la terreur (Chato’s Land) (USA 1971) du cinéaste anglais Michael Winner (1935-2013) avec l’acteur américain Charles Bronson (1921-2003) et un casting d’une grande richesse, appartient à leur âge d’or filmographique dont il marque une date puisque ce fut leur première collaboration. Son succès public et critique détermina la production, échelonnée entre 1971 et 1974, de Le Flingueur, Le Cercle noir, Un Justicier dans la ville.

Tout comme dans son premier western L’Homme de la loi (Lawman) (USA 1971) avec le vétéran Burt Lancaster, Les Collines de la terreur approche régulièrement le fantastique par la manière glacée dont est filmée une violence graphique confinant parfois à la démence. Dans ces deux titres esthétiquement et plastiquement homogènes (tous deux écrits par le scénariste Gerald Wilson, dotés d’une musique composée par Jerry Fielding, photographiés par Robert Paynter, alliant au casting d’anciennes gloires des années 1950 et une nouvelle vague d’acteurs plus jeunes) le thème secondaire (à savoir la folie) tend à l’emporter sur le thème manifeste du sujet : c’est la même démesure confinant à la folie qui provoque la chute du clan d’éleveurs dirigés par le patriarche (joué par Lee J. Cobb) et celle de la milice dirigée par le capitaine (joué par Jack Palance). L’écriture des dialogues est aussi inspirée et soignée qu’elle pouvait l’être dans un western de Ford ou de Hawks : les personnages se décrivent autant par la parole que par l’action dans ces deux westerns de Winner que chez ceux signés par ses prestigieux aînés. Sur le plan purement plastique, la mise en scène est baroque, sophistiquée, dynamique, fluide, oscillant constamment entre la tradition hollywoodienne et l’apport européen de la décennie précédente.

Concernant la situation de Les Collines de la terreur dans l’histoire du western américain, il faut noter que l’idée de base (rendre justice aux Indiens, dénoncer les crimes commis contre eux) n’est évidemment pas nouvelle. Dès La Flèche brisée (USA 1950) de Delmer Daves, elle était ouvertement traitée et le fut par des dizaines de titres entre 1950 et 1970. Mais la vision « négative » opposée (illustrer les crimes commis par certains Indiens ou certaines tribus) persiste parallèlement, non moins véridique et pertinente, dramaturgiquement comme historiquement : L’Homme sauvage (The Stalking Moon) (USA 1968) de Robert Mulligan, Fureur Apache (Ulzana’s Raid) (USA 1972) de Robert Aldrich. Le scénario de Wilson emprunte aux deux courants à la fois : telle est l’une des raisons de sa réussite, outre la mise en scène et le casting, globalement inspirés.

Les Collines de la terreur

Présentation - 3,0 / 5

Edition « combo » 1 combo Blu-ray région B + 1 DVD 9, édités par Sidonis, collection « Westerns », le 23 janvier 2018.

Image couleurs au format 1.85 compatible 16/9 région B encodé en 1080p Full HD. Son VF, VO et VOSTF à la norme DTS HD Master audio 2.0. Durée du film : 110 min. Suppléments : présentations par François Guérif et Patrick Brion, film-annonce, galerie affiches. Seul le Blu-ray a été testé.

Bonus - 3,0 / 5

Présentations (illustrées de divers documents et d’extraits du film) par François Guérif (environ 20 min.) et par Patrick Brion (environ 10 min.). Guérif se concentre davantage sur le film que Brion, ce dernier couvrant aussi succinctement la carrière de Winner et celle de Bronson. On y apprend certaines informations utiles (pourquoi Bronson accepta le rôle) et leurs critiques respectives rendent enfin justice à ce titre désormais classique mais certains points en sont discutables. Pourquoi Guérif dit-il, par exemple, que le paysage désertique est original ? On l’a vu des dizaines de fois dans les westerns italiens tournés, comme celui-ci, en Espagne sans parler de certains Walsh ou Boetticher. Pourquoi Guérif ne mentionne-t-il pas la seule séquence explicitement inspirée par la guerre du Viêt-Nam puisqu’il évoque l’hypothèse que le film pourrait en être une métaphore ? Je n’ai pas bien compris la curieuse réserve émise par Brion concernant le casting de Jack Palance dont c’est un des plus beaux rôles, ni son autre réserve sur le fait que les personnages (sauf le héros) y soient trop bavards. En dépit des quelques indications historiques disséminées dans ces deux présentation, Il manque cependant le plus intéressant en histoire du cinéma : un témoin de première main. On aurait pu l’obtenir (en rachetant ses droits pour la France et en lui rajoutant des STF) sous la forme de l’entretien (durant environ 17 min.) avec le scénariste Gerald Wilson, édité en supplément sur le Blu-ray américain Twilight Time sorti en avril 2016. Bande-annonce originale (compatible 4/3, état argentique moyen). Galerie affiches (belle par elle-même mais les affiches sont reproduites trop petites) mais aucune photo d’exploitation ni aucune photo de plateau : ce dernier point est très décevant. Ne faisons cependant pas trop la fine bouche : cette édition spéciale est minimaliste, ce n’est évidemment pas l’édition collector dont on rêve pour un tel titre mais elle est la première à offrir des suppléments dignes de ce nom à un film trop longtemps méprisé par la critique généraliste française. Dont acte.

Les Collines de la terreur

Image - 4,0 / 5

Restauration Full HD 1080p au format original 1.85 respecté, en couleurs, compatible 16/9. Copie argentique en assez bon état mais quelques poussières négatives et positives sur un certain nombre de plans. En revanche, excellente définition vidéo qui en fait, sans difficulté, l’édition française de référence : les nuances colorimétriques des plans crépusculaires, les dégradés des scènes nocturnes, tout est parfaitement restitué. Autre intérêt : il s’agit d’une copie « uncut » complète dans laquelle on peut voir les plans où certains chevaux s’écroulent en tentant de descendre une colline escarpée : à une époque vidéo qui devient lointaine mais qui a existé, certaines éditions américaines avaient jugé bon de couper ces plans. Sous réserve qu’il me semble me souvenir d’un gros plan pas revu du visage écrasé et sanglant de Simon Oakland mais j’ai un doute pendant que j’écris cela.

Son - 4,0 / 5

VO, VOSTF et VF d’époque en DTS Master audio 2.0 : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Comme d’habitude, la VO est bien mieux équilibrée que la VF d’époque mais cette dernière est absolument remarquable sur le plan dramaturgique et parfaitement adaptée aux personnages. Le niveau de la musique composée par Jerry Fielding est, dans la VF d’époque, enregistré à un niveau plus élevé que celui des dialogues : la conséquence est que le bon niveau sonore des dialogues rend la musique un peu trop forte à certains moments.

Les Collines de la terreur

Crédits images :

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Panasonic FullHD
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Sony
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p