Nos années folles (2017) : le test complet du Blu-ray

Paris, 1915. Le caporal Paul Grappe ne supporte plus l’enfer des tranchées : il déserte pour retrouver Louise, sa femme. Il ne peut plus rester enfermé dans le sous-sol où il se terre pour échapper aux poursuites de la police. Il lui faut absolument sortir. Paul devient Suzanne quand il se résout à suivre l’idée de Louise : se travestir en femme…

Nos années folles, allusion équivoque aux années 20 et à la féminisation de Paul, le 22ème long métrage d’André Téchiné, exploite, en la simplifiant, l’histoire vraie de Paul Grappe, condamné à mort par contumace par le Conseil de guerre pour désertion, puis amnistié en 1925, adaptée de La Garçonne et l’assassin. Histoire de Louise et de Paul, déserteur travesti, dans le Paris des années folles de Fabrice Virgili et Danièle Voldman (Payot, 2011), qui fut également déclinée dans la bande dessinée Mauvais genre de Chloé Cruchaudet (Delcourt, 2013).

Nos années folles trouble subtilement la chronologie des faits avec la représentation, sur la scène d’un théâtre, de l’histoire de Paul-Suzanne au cabaret, une forme d’hommage au Lola Montès de Max Ophüls, Michel Fau et sa ridicule houppette rappelant Peter Ustinov dans le rôle de Monsieur Loyal.

Avec Nos années folles, André Téchiné revient sur le thème de l’orientation sexuelle et de la confusion des genres, déjà évoquées dans plusieurs de ses films, par exemple dans Les Roseaux sauvages (1994), Alice et Martin (1998) et, tout récemment, dans Quand on a 17 ans (2016).

Le récit bascule vers le drame et donne au film toute sa profondeur et son originalité quand l’amnistie permet à Suzanne de reprendre impunément l’identité de Paul. Un retour à la normalité qui s’avère impossible : le personnage, grisé par la renommée acquise par son ambiguïté et les relations nouées au fil de ses errances dans les allées du Bois de Boulogne, emporté dans le tourbillon des soirées coquines dans l’hôtel du comte de Lauzin, ne peut plus s’accommoder de la routine et de l’anonymat du foyer familial, aux côtés de Louise et d’un fils qu’il n’a pas voulu, marque indubitable de sa masculinité.

Nos années folles tire un autre atout d’une délicate reconstitution des années 20, par le soin apporté aux décors, aux costumes et aux accessoires, ainsi que par le choix de l’illustration musicale dans laquelle, à côté de la composition d’Alexis Rault pour orchestre de chambre, on reconnaît la voix de Bessie Smith chantant le blues Nobody Knows You When You’re Down and Out. Mais le film tire l’essentiel de sa force de son duo d’acteurs, Céline Salette dans le rôle de Louise et Pierre Deladonchamps qui réussit à communiquer la souffrance de Paul, écartelé entre ses deux identités.

Nos années folles (103 minutes) tient sur un Blu-ray double couche logé dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur check disc. Le menu animé et musical propose le film au format audio DTS-HD Master Audio 5.1, avec piste d’audiodescription (DTS-HD MA 2.0 stéréo) et sous-titres pour malentendants.

Aucun supplément, hormis une bande-annonce.

L’image (1.85:1, 1080p, AVC), précise, d’une fine texture, propose des couleurs naturelles, agréablement saturées, lumineuses et fermement contrastées, avec des noirs profonds.

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 assure une claire restitution des dialogues, de l’accompagnement musical et de l’ambiance, finement avec le léger froissement des tissus et du papier de soie pendant le générique, de façon spectaculaire dans les tranchées, par une généreuse sollicitation des voies latérales et du caisson de basses.

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