La Proie (1948) : le test complet du Blu-ray

Cry of the City

Réalisé par Robert Siodmak
Avec Richard Conte, Victor Mature et Fred Clark

Édité par ESC Editions

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Le 02/07/2018
Critique

La Proie

New York, quartier italien 1948 : une arrestation ayant mal tournée provoque la mort d’un policier et l’arrestation de Martin Rome. Ce dernier, blessé, est incarcéré à l’hôpital mais parvient à s’évader. L’inspecteur Candella qui le connaît depuis l’enfance, engage une traque qu’il voudrait humaine. À mesure que les heures passent, elle provoque chez sa proie une brutalité toujours plus inhumaine.

La Proie (Cry of the City) (USA 1948) de Robert Siodmak est un des titres noirs policiers de la section hollywoodienne de sa filmographie dont la mise en scène réaliste, à partir d’un sujet classique, est doublée d’un oppressant symbolisme plastique. La lumière y est souvent menacée par des ténèbres répartis comme autant d’angles tranchants sur le cadrage du moindre plan, quelques rares extérieurs jours urbains mis à part.

Le scénario dépasse aisément l’opposition moralisatrice initiale sur laquelle repose son point de départ car il s’avère riche en arrières-plans variés et en rebondissements, révélant le mal comme une énergie active menaçant à la fois la structure de la société et le psychisme des individus. Les dialogues sont parfois laborieusement écrits et ils font alors baisser l’intérêt mais le sadisme récurrent de Siodmak et le scénario saisissent la moindre occasion de relancer le suspense dans une direction imprévue. Le rythme du montage confère en outre à cette poursuite l’aspect d’un cauchemar dans lequel le temps se distend ou se contracte : la dynamique temporelle de la mise en scène est souvent aussi impressionnante que sa maîtrise spatiale. D’autant plus que le caractère démoniaque du criminel joué par Richard Conte perce progressivement sous son apparence séduisante, cette révélation augmentant le suspense et l’angoisse. On lui oppose ici l’acteur Victor Mature, comme toujours remarquable. Casting riche : une jeune Shelley Winters et une non moins jeune Debra Paget, cette dernière sublimée par des plans qui la rendent presque abstraite, Barry Kroeger en avocat demi-sel et Hope Emerson en masseuse criminelle : ces noms n’épuisent d’ailleurs pas la richesse des seconds rôles.

La Proie n’est certes pas le chef-d’oeuvre de Siodmak, ni dans sa filmographie américaine ou allemande ni même dans le genre du film noir, mais c’est néanmoins un bon Siodmak, indispensable à qui s’intéresse à ce cinéaste et à ce genre.

La Proie

Présentation - 2,5 / 5

1 Blu-ray 50 région B, édité par E.S.C. le 24 avril 2018. Durée du film : 96 min., image au format 1.37 N&B compatible 16/9, son DTS HD MA 2.0. mono VOSTF uniquement, présentation (durée 30 min.) du film par Antoine Sire et galerie des titres disponibles dans la collection Hollywood premium.

Bonus - 2,5 / 5

Présentation du film par Antoine Sire (durée 30 min. environ, 16/9). Elle est bien illustrée de beaux documents originaux (affiches US, françaises, photos de tournage, de plateau, d’exploitation) qui défilent parfois un peu vite mais sur lesquels on peut faire de mignons arrêts sur image pour compenser. Elle couvre correctement les divers aspects du film : genèse et production, situation du titre dans le genre film noir policier et dans les filmographies de son réalisateur, de ses actrices et acteurs principaux. Attention, elle est aussi illustrée d’extraits qui constituent autant de « spoilers ». C’est toujours le paradoxe de ces « préfaces », « introductions » et « présentations » : on ne doit jamais les visionner avant le film de référence. J’aurais apprécié une galerie photos d’exploitation, de plateau, de tournage, de production et d’affiches : on trouve des photos et des affiches dans la présentation de Sire mais cela ne compense pas l’absence d’une galerie dédiée. Reste qu’on est en présence d’une honnête édition spéciale. Quelques titres importants figurent en Blu-ray restaurés dans cette collection Hollywood : Le Carrefour de la mort (Kiss of Death) (USA 1947) d’Henry Hathaway, Le Port de la drogue (Pickup On South Street) (USA 1953) de Samuel Fuller, La Mousson (The Rains of Ranchipur) (USA 1955) de Jean Negulesco, L’Odyssée du Hindenbourg (The Hindenburg) (USA 1975) de Robert Wise, etc.

Image - 5,0 / 5

Format 1.37 N.&B. compatible 16/9 en Full HD 1080p. Copie argentique supérieurement restaurée par comparaison avec l’ancienne copie argentique visible sur l’ancienne édition Carlotta DVD de 2005. Le générique d’ouverture et certains plans de la continuité y étaient instables et sales alors qu’ici, 13 ans plus tard, tout a été restauré à la perfection. Mastérisation Full HD impeccable dotée d’une magnifique gestion des noirs. Le directeur de la photo Lloyd Ahern (A.S.C.) n’est pas spécialement connu mais il a fait ici un beau travail.

Son - 2,5 / 5

DTS HD MA 2.0 mono en VOSTF. Musique d’Alfred Newman assez célèbre en raison de la mélodie des génériques d’ouverture et de fin mais le reste du film en est pratiquement dépourvu. Ce qui augmente, comme souvent, sa tension inhérente. L’ancienne édition DVD Carlotta ne disposait pas de VF d’époque, cette nouvelle édition Blu-ray E.S.C. n’en dispose pas non plus. Existait-elle ? Après-guerre, le cas de sorties directes en VOSTF sans VF fut assez fréquent pour certains titres appartenant au catalogue Universal mais La Proie appartenait au catalogue Fox, ce qui rend l’absence de VF un peu plus problématique à mes yeux, sinon à mes oreilles. La consultation du volume de l’Index de la Cinématographie française couvrant la saison 1949-1950 (La Proie est sorti à Paris le 17 août 1949) nous donnerait peut-être une réponse ?

Crédits images : © ESC Éditions

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis
Multimédia
La Proie
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