When a Wolf Falls in Love With a Sheep (2012) : le test complet du Blu-ray

Yi-ying colle sur le front de son ami Tung, pendant qu’il fait sa sieste, un post-it sur lequel elle a écrit « Je suis en route pour la prépa » et disparaît de sa vie. Inconsolable, obsédé, Tung croit la voir partout. Il déménage près de Nanynag où il trouve un travail dans un petit commerce de reprographie et confie ses peines de coeur à Yang qui surveille les examens quand elle ne distribue pas des flyers dans la rue. Elle lui donne sa recette pour faire face à une telle situation : fixer une limite au-delà de laquelle, s’il ne revoit pas Yi-ying, il devra l’effacer de sa mémoire…

When a Wolf Falls in Love With a Sheep (Nán fāng xiāo yáng mù chāng, 2012), salué plusieurs fois à Taiwan, a obtenu une belle reconnaissance internationale avec le Prix du jury du Fantasia Film Festival de Montréal en 2013. C’était le deuxième long métrage de Hou Chi-jan, après One Day (You yi tian), tourné deux ans plus tôt, que, maintenant, on aimerait bien voir.

Le choix des cadrages et des angles, la pertinence du montage, l’inventivité des effets visuels, avec l’intrusion de dessins qui s’animent sur les tests QCM sur lesquels Yang dessine un mouton, Tung un loup, une de leurs façons de communiquer, ajoute de la poésie à l’inventivité de l’écriture cinématographique du réalisateur.

Une écriture efficace, de plus : au début du film, une séquence en stop motion résume, en moins de 30 secondes, tout le temps que Tung a passé, sans jamais mettre le nez dehors, à se morfondre après le départ de Yi-ying.

Les effets visuels innovants se succèdent, comme dans cette autre séquence où l’image des deux opérateurs d’un photocopieur glisse latéralement sur l’écran, au rythme de sortie des photocopies. Ou encore quand le nombre de jours qui se sont écoulés depuis le départ de Yi-ying s’inscrit dans les nuages, les traînées de vapeur des avions ou des lignes qui relient des étoiles entre elles.

When a Wolf Falls in Love With a Sheep ajoute à tout ça la découverte d’un quartier de Taipei et, surtout, le charme naturel des deux principaux interprètes très présents, Ko Kai, le garçon, pour sa deuxième prestation devant les caméras, et Chien Man-shu, la fille, à peine plus expérimentée.

When a Wolf Falls in Love With a Sheep (85 minutes) et ses suppléments (32 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 et un DVD-9, logés dans un boîtier format Blu-ray de 11 mm, glissé dans un fourreau.

Un menu animé, musical et original, montrant quelques séquences à travers la déchirure d’une feuille de papier, propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo, et non 5.1 comme indiqué au dos de la jaquette.

En complément inédit la présentation du film par Wafa Ghermani (15’). Auteur d’une thèse intitulée Cinéma et identité nationale. Le cas de Taiwan de 1895 à nos jours, soutenue en janvier 2015 à la Sorbonne, et d’une conférence sur Les Histoires de Hou Hsiao-hsien, donnée à la Cinémathèque Française en 2016, la présentatrice rappelle que, pendant ses études dans le courant des années 90, Hou Chi-jan fit partie d’un groupe de recherches sur l’histoire du cinéma taiwanais, avant de passer rapidement en revue sa filmographie, ouverte en 2005 par un documentaire sur Taiwan, suivi, cinq ans après, de sa première fiction, un long métrage intitulé One Day (You yi tian), une autre histoire d’amour à l’issue incertaine. L’action de When a Wolf Falls in Love With a Sheep se passe à Nanyang, la rue où sont installés les écoles préparatoires de Taipei, très actives dans un pays encourageant la compétition professionnelle. Hou Chi-jan détourne la comédie romantique par son style très personnel, en insérant dans le film de nombreuses séquences animées ou filmées en stop motion.

Critique par « Les cousins font leur cinéma » (7’). David et Tom, animateurs de débats sur le cinéma et de présentation de films sur YouTube, insistent sur les effets spéciaux d’un film dont le style leur fait penser au cinéma de Michel Gondry et, pour la découverte d’un quartier, au Chacun cherche son chat de Cédric Klapisch.

Green Island Serenade, court métrage (2011, 6’) réalisé dans la cadre de l’opération 10+10 pour célébrer le centième anniversaire de l’île de Taiwan. Une émission radiophonique de la République de Chine où les auditeurs peuvent demander qu’on leur diffuse la chanson de leur choix. « Je voudrais répondre à Monsieur Lu Hai de Yonghe », dit la speakerine, « Il nous demande de passer Wish We Met Before Getting Married de Li Xianglan. Mais je suis désolée, ce n’est pas possible, car cette chanson est interdite. Maintenant place à la musique avec une nouvelle chanson, Green Island Serenade, une doucereuse guimauve…

Love Dishes, court métrage (2015, 4’). Un couple, dans un restaurant… l’amour se mêle à la cuisine, pendant que la télé diffuse un documentaire sur l’accouplement des mantes religieuses… animation avec des objets filmés en stop motion.

Pour finir, la bande-annonce.

L’image (2.35:1, 1080p, AVC) concilie netteté et finesse : les visages des deux acteurs principaux sont délicatement photographiés sur un fond exubérant de couleurs saturées, celles de la rue, des panneaux publicitaires et des néons.

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo (et non 5.1 comme mentionné sur la jaquette), restitue avec netteté et finesse dialogues et accompagnement musical. Une bonne séparation des deux voies crée une sensation d’immersion dans l’ambiance, celle des bruits de la rue, par exemple.

Crédits images : © Spectrum Films