Tangerine (2015) : le test complet du Blu-ray

Exclusivité FNAC

Réalisé par Sean Baker
Avec Kitana Kiki Rodriguez, Mya Taylor et Mickey O'Hagan

Édité par ARP Sélection

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Le 01/06/2018
Critique

Tangerine

Alexandra, la transsexuelle, et Sin-Dee, prostituées afro-américaines, la veille de Noël, font une pause dans un Donut Time sur Santa Monica Boulevard, dans l’ouest de Los Angeles. C’est là qu’Alexandra apprend à Sin-Dee que Chester, son « protecteur », la trompe au vu et au su de tout le quartier avec une blonde, blanche de surcroît, dont elle n’a pas retenu le nom, qui commence par un « D ». Folle de jalousie, Sin-Dee part à la recherche de sa rivale…

Tangerine, le sixième long métrage de Sean Baker, est le premier à avoir assuré sa réputation internationale en remportant plus de vingt récompenses, dont le Prix du jury à Deauville en 2015. Un statut que consolidera, deux ans plus tard, le succès critique de The Florida Project, présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2017 et salué par une soixantaine de prix. Heureux hasard du calendrier, les deux films viennent de tomber en même temps dans non bacs.

Tangerine révèle, ce que confirmera The Florida Project, le goût de Sean Baker pour le réalisme, plus précisément ce qu’il appelle lui-même l’hyperréalisme, la narration d’une « tranche de vie » sur le ton de la comédie, un moyen de toucher un public plus large qu’aurait pu le faire une représentation plus documentaire de la condition des prostituées.

L’authenticité de Tangerine doit beaucoup au choix des actrices principales, toutes deux transsexuelles avec, pour Mya Taylor, une pratique de la prostitution. C’était, pour l’une et pour l’autre, leur première apparition devant une caméra. Un pari audacieux dans la mesure où elles sont sur l’écran pendant l’essentiel du métrage. Peut-être est-ce justement cette inexpérience, sans doute combinée à une attentive direction d’acteurs, qui explique leur apparente spontanéité.

Un autre facteur d’authenticité tient certainement au choix de tourner avec un équipement drastiquement spartiate avec, pour caméras… des téléphones mobiles ! Et quelques petits gadgets à la portée de presque toutes les bourses sur lesquels on nous donne un peu plus de détails dans les suppléments.

Ceux qui s’attendaient au pire seront surpris : bien malin qui aurait pu deviner que Tangerine, dans son format Cinémascope, avait été filmé avec un banal smartphone. La résolution est spectaculaire, les couleurs éclatantes, les contrastes fermes. Le son direct est, lui aussi, irréprochable.

Tangerine, outre la fenêtre qu’il entrouvre sur la prostitution, propose un aperçu impressionniste de l’Amérique contemporaine, en faisant défiler, le temps d’un rapide portrait, plusieurs passants : sur la banquette arrière d’un taxi, sur le trottoir, dans un bus, dans le métro… Un coup d’oeil, aussi, sur les immigrés : nous pouvons suivre Ramzik, le chauffeur de taxi arménien, dans l’intimité de son foyer.

Tangerine

Présentation - 2,5 / 5

Tangerine (88 minutes) et ses suppléments (50 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier non fourni pour le test.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres imposés, au format DTS-HD Master Audio 5.1.

Bonus - 3,0 / 5

La genèse du projet (18’). Sean Baker habite Los Angeles pas loin d’un endroit où travaillent des prostituées, pour la plupart transsexuelles, « un quartier dans lequel il se passe toujours quelque chose ». Avec le coscénariste Chris Bergoch, il a cherché un consultant dans un centre LGBT. C’est là qu’ils ont rencontré Mya Taylor qui s’est proposée pour jouer dans le film et leur a présenté Kiki Rodriguez pour tenir le rôle de Sin-Dee. Le budget limité ne permettait pas un tournage en 35 mm, ni la location des caméras numériques les plus performantes. D’où l’idée, acceptée par le directeur de la photographie Radium Cheung, de tenter l’expérience d’un tournage avec un iPhone 5S équipé d’un adaptateur anamorphique Moondog Labs et, pour augmenter la résolution, d’une application Filmic Pro. Mais, souligne Sean Baker, « l’équipement utilisé n’est pas l’essence d’un film. » Et sa discrétion n’a pas attiré les badauds sur le tournage, mais favorisé l’intimité avec les acteurs.

Entretien avec Mya et Kiki (10’). Mya, chanteuse, a souvent rêvé d’être actrice. Mais, au terme de multiples auditions, la révélation de sa transsexualité a toujours entraîné le rejet de sa candidature. La discrimination dont sont victimes les transsexuelles en a conduit beaucoup sur le trottoir.

Entretien avec les acteurs (21’). Les titulaires des seconds rôles parlent de leur personnage. Karren Karagulian, l’interprète de Ramzik, le chauffeur de taxi, qui avait déjà joué dans tous les films de Sean Baker, a été chargé de recruter les acteurs arméniens et de veiller à ce qu’ils suivent à la lettre les dialogues du scénario.

Pour finir, la bande-annonce.

Tangerine

Image - 4,0 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), précise, déploie des couleurs vives, très saturées, lumineuses, solidement contrastées, avec des noirs denses. Un résultat étonnant compte tenu du matériel utilisé ! Une dominante cuivrée, certainement délibérée, apparaît tout au long du film.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1, restitue clairement les dialogues (avec d’occasionnels petits problèmes d’articulation) et procure une assez réaliste sensation d’immersion dans l’ambiance des rues de Los Angeles. Là encore, un résultat inattendu compte tenu de la légèreté du matériel de prise de son, sur lequel les suppléments ne donnent aucune information.

L’accompagnement musical allie finesse, par exemple dans la scène où Mya Taylor chante, et puissance dramatique avec l’ouverture de Coriolan de Beethoven.

Tangerine

Crédits images : Augusta Quirk © ARP Selection

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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P. de Melun
Le 8 mars 2021
« Tangerine » réussit son pari, celui de nous plonger avec légèreté mais aussi gravité dans le Hollywood Boulevard des taxis et des travestis. L'exubérance des gestes et des propos cache un véritable malaise que Sean Baker, le réalisateur, a capturé avec une grande acuité. Ce road-movie pédestre à la rencontre de personnages abîmés et touchants nous amène à un regard presque bienveillant sur ces paumés de Los-Angeles où la contrebande, le sexe et la drogue restent les expédients d’un quotidien difficile. Passé le premier quart d’heure assez déstabilisant (en VO), on est conquis par ce tableau vivant, véritable témoin d’un pan de toute une société
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Philippe Gautreau
Le 2 juin 2018
Ave Tangerine, Prix du jury à Deauville en 2015, Sean Baker nous invite à partager, dans la bonne humeur, quelques heures de la vie de deux prostituées transsexuelles à l’ouest de Hollywood Boulevard. L’occasion d’un aperçu impressionniste de l’Amérique d’aujourd’hui, filmé avec un... smartphone !

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