Marlina : La tueuse en 4 actes

Marlina : La tueuse en 4 actes (2017) : le test complet du Blu-ray

Marlina: The Murderer in Four Acts

Édition collector - Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Mouly Surya
Avec Marsha Timothy, Dea Panendra et Edgi Fedly

Édité par Spectrum Films

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Le 25/09/2018
Critique

Marlina, la tueuse en quatre actes

Sur l’ile de Sumba, en Indonésie, un motard s’arrête un soir devant une maison isolée, celle de Marlina, une jeune veuve. Il lui annonce que six de ses amis vont le rejoindre dans une demi-heure pour lui voler tous ses biens et, s’ils en ont le temps, coucher avec elle. Il lui ordonne de préparer le dîner, une soupe au poulet. Deux des hommes partent avec son bétail pour aller le vendre. Elle empoisonne quatre hommes et tranche d’un coup de machette la tête de Markus, le chef, qui l’attendait dans la chambre pour la violer.

Marlina, la tueuse en quatre actes (Marlina the Murderer in Four Acts) est le troisième film de la réalisatrice indonésienne Mouly Surya, née à Jakarta en 1980, après Fiksi., sorti en 2008, et What They Don’t Talk About When They Talk About Love (Yang tidak dibicarakan ketika membicarakan cinta, 2013), deux films dont le personnage principal était aussi une femme.

La sortie en vidéo d’un témoin du jeune cinéma indonésien, confronté à la concurrence des USA et de Hong Kong, est, en soi, un événement exceptionnel. Même si les titres apparus ces derniers temps, The Raid (Serbuan maut, 2011) et sa suite, The Raid 2 (The Raid 2: Berandal), dans le style des jeux vidéo, réalisés par Gareth Evans, un Gallois installé en Indonésie, et Headshot (Kimo Stamboel, 2016), ne sont qu’un enchaînement de scènes violentes, sans grand-chose de plus.

Marlina, la tueuse en quatre actes choisit de nous faire entrer dans l’intimité d’une femme sans histoire, soudain livrée à la sauvagerie de plusieurs hommes. Si la violence est présente, c’est parce qu’elle est la seule issue qui s’offrait à Marlina pour échapper à l’insupportable scénario annoncé par le chef des bandits. Son comportement et le fait qu’elle ne reçoive de l’aide que d’une autre femme, donnent au film une résonnance particulière dans un pays à près de 90% musulman.

Marlina, la tueuse en quatre actes crée immédiatement une ambiance étrange : dans la cabane de Marlina, plantée au milieu d’une lande déserte, battue par les vents, il faut quelque temps pour réaliser que l’homme immobile assis contre un mur est son défunt mari, momifié !

La musique renforce la nature intrigante du film : à un motif sur quatre notes rappelant les gamelans balinais, succède un accompagnement aux tonalités occidentales au piano et à la guitare, suivi, au long du voyage qu’entreprend Marlina, par les accents quasi-westerniens d’un synthétiseur, visant probablement à donner au récit une dimension plus universelle, à élargir sa portée en le sortant de son cadre coutumier. Ce à quoi contribue le choix de paysages pelés à l’aspect si éloigné de l’image luxuriante de la végétation indonésienne.

Une surprenante découverte qui donne envie de voir les deux premiers films de Mouly Surya.

Marlina, la tueuse en quatre actes, révélé à Cannes en 2017 par La Quinzaine des Réalisateurs, vient enrichir le catalogue d’une cinquantaine de titres du jeune éditeur Spectrum Films, spécialisé dans la diffusion de films asiatiques inédits, avec l’ambition de sortir une nouveauté par mois en édition combo Blu-ray + DVD, avec des bonus originaux.

Marlina, la tueuse en quatre actes

Présentation - 4,0 / 5

Marlina, la tueuse en quatre actes (93 minutes) et ses suppléments (34 minutes) tiennent un Blu-ray BD-50 et un DVD-9, logés dans un boîtier de 11 mm, glissé dans un étui.

Le menu animé et musical propose le film dans sa seule version originale, au format audio DTS-HD Master Audio 5.1 (Dolby Digital 5.1 sur le DVD), avec sous-titres optionnels, idéalement placés sur la bande noire, sous l’image.

Bonus - 4,0 / 5

Rencontre avec Mouly Surya (21’, Spectrum Films, 2018). Dans les années 80 et 90, aucun cinéma de Jakarta ne projetait de films indonésiens, seulement des blockbusters populaires de Hollywood. Influencée par les mangas et l’animation japonaise, elle voulait écrire des romans. Partie à Melbourne étudier la littérature anglo-saxonne, sa participation à un film amateur lui a donné l’envie d’obtenir un master en cinéma, en compagnie d’étudiants de toutes nationalités, et de s’intéresser au cinéma japonais, celui de Yasujirô Ozu, Hirokazu Kore-eda, Shunji Iwai, Sono Sion, et aussi au travail d’Abbas Kiarostami et de Michael Haneke. Elle parle de ses deux premiers films, Fiksi., dont elle a commencé à écrire le scénario à l’école de cinéma, et de What You Don’t Talk About When You Talk About Love. C’est le réalisateur indonésien Garin Nugroho qui lui a proposé le sujet de Marlina. La productrice Isabelle Glachanten, qu’elle avait rencontrée en 2016, lui a proposé de participer à la production du film dont une bonne partie de la postproduction fut effectuée en France. Les intérieurs ont été tournés en studio, à Jakarta, les extérieurs sur l’île de Sumba. La réalisatrice évoque le casting, les choix de la musique et du format CinemaScope pour capter la beauté des paysages.

Critique par Les Cousins font leur cinéma (10’). Les deux compères s’accordent à voir dans le film un plaidoyer féministe sévère à l’encontre des hommes et décèlent l’influence des westerns de Sergio Leone, celle du Kil Bill de Quentin Tarantino pour le découpage en quatre chapitres, et aussi des mangas.

Pour finir, la bande-annonce.

Marlina, la tueuse en quatre actes

Image - 4,5 / 5

L’image (2.39:1, 1080p, AVC) propose une fine palette de couleurs naturelles, lumineuses dans les scènes en extérieurs, délicatement contrastée, avec, dans le premier tiers du film, de beaux clairs obscurs dans toutes les scènes tournées dans la maison de Marlina (avec des noirs qui peuvent occasionnellement manquer de densité). La résolution permet de suivre les personnages même lorsqu’ils apparaissent, minuscules sur l’écran, dans certains plans larges.

Son - 5,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (Dolby Digital 5.1 sur le DVD), propre, bénéficiant d’une bonne dynamique et d’une large ouverture de la bande passante, restitue avec une grande clarté dialogues et accompagnement musical. Une répartition équilibrée sur les cinq voies crée une sensation cohérente d’immersion dans l’action, y compris dans l’intimité des intérieurs.

Crédits images : © Spectrum Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 25 septembre 2018
Marlina, la tueuse en quatre actes, révélé à Cannes en 2017 par La Quinzaine des Réalisateurs, un des rares films indonésiens qui arrivent jusqu’à nous grâce à Spectrum Films, crée, dès les premières images, une ambiance étrange. Malgré ses spécificités, il prend une dimension universelle en montrant la révolte d’une femme contre la brutalité que lui ont infligé des hommes.

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