Jugatsu (1990) : le test complet du Blu-ray

3-4x jugatsu

Exclusivité FNAC

Réalisé par Takeshi Kitano
Avec Takeshi Kitano, Yûrei Yanagi et Yuriko Ishida

Édité par Wild Side Video

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Le 27/02/2019
Critique

Jugatsu

Japon 1989 : Tokyo, Okinawa puis retour à Tokyo. Le jeune garagiste Masaki provoque par son attitude irrespectueuse envers un yakuza venu faire nettoyer sa voiture, une réaction en chaîne de menaces et de violences qui l’amènent à demander l’aide d’un yakuza bien plus dangereux rencontré sur l’île d’Okinawa.

Jugatsu (3-4xJugatsu / Boiling Point) (Jap. 1990) de Takeshi « Beat » Kitano est le second volet d’un triptyque constitué par ces trois films noirs policiers que sont Violent Cop (1989), Jugatsu (1990) et Sonatine (Mélodie mortelle) (1993).

Il expérimente assez nettement sur le plan du scénario (le film pourrait n’être finalement qu’un rêve… ou plutôt qu’un cauchemar entrecoupé de moments drôles ou savoureux), sur celui du montage (les rapports de l’immobilité et du mouvement sont parfois inattendus quelle que soit la tonalité dramatique de la séquence) et sur celui de la mise en scène (les entrées et sorties de champ sont particulièrement sophistiquées). Kitano lui-même, pourtant ici réalisateur, scénariste et acteur donné pour vedette sur l’affiche, n’intervient qu’à partir du milieu du film : un peu comme Hitchcock, Kitano joue donc avec les habitudes du public en n’hésitant pas à les renverser au besoin. Après avoir joué un inspecteur de police en 1989, il joue ici un yakuza non moins redoutable et non moins violent mais d’autant plus surprenant qu’il est fruste, désargenté et d’un sadisme brutal. Quelque part, Kitano acteur n’en était pas tout à fait à son coup d’essai puisqu’il avait joué (non crédité au générique), vingt ans plus tôt, un gangster violeur dans Vierge violée cherche étudiant révolté (Yuke yuke nidome no shojo) (Jap. 1969) de Koji Wakamatsu. Les scènes de violence graphique (d’un niveau de cruauté souvent élevée, confinant parfois au surréalisme, tel l’assassinat du soldat américain trafiquant d’armes) sont disséminées d’une manière assez régulière pour maintenir l’intérêt du spectateur moyen que ces innovations stylistiques et intellectuelles pourraient, sinon, éventuellement rebuter.

Au total, une indéniable réussite mais sur le fil du rasoir et de justesse. Sur le plan de l’histoire du cinéma mondial, il ne faut évidemment pas confondre le titre international anglais Boiling Point de Jugatsu avec le titre original du bon film noir policier américain L’Extrême limite (Boiling Point) (USA 1993) de James B. Harris, ce d’autant moins qu’ils sont chronologiquement assez proches.

Jugatsu

Présentation - 4,0 / 5

1 Blu-ray 50 zone B édité le 21 novembre 2018 par Wild Side Vidéo. Format original 1.85 respecté en couleurs, son DTS HD mono 2.0. VOSTF + VF, durée Blu-ray du film : 97 min environ. Supplément : présentation par Benjamin Thomas (durée environ 20 min.). Sur la couverture du boîtier le film se nomme Jugatsu, sur le menu principal il se nomme Boiling Point mais cela n’a rien de très surprenant car il a été internationalement connu, à sa sortie cinéma puis VHS au siècle dernier, autant sous une forme que sous l’autre en Occident. Aucune des deux n’est, de toute manière, le titre original japonais.

Jugatsu

Bonus - 1,0 / 5

Présentation (durée environ 20 min.) du film par Benjamin Thomas, maître de conférence et spécialiste du cinéma de Kitano sur qui il a écrit un livre. Elle ne s’intéresse qu’à deux aspects : la représentation de l’individu asocial d’une part, le féminisme paradoxal de Kitano d’autre part. Le premier point est pertinent mais il répète en partie ce qui avait déjà été évoqué dans sa (meilleure) présentation de Violent Cop. Le second point est inédit mais malheureusement, il ne m’a pas particulièrement convaincu. L’ensemble est illustré d’extraits du film que Thomas raconte parfois presque autant qu’il le commente. J’aurais préféré disposer d’une galerie photos d’exploitation japonaises bien reproduites.

Jugatsu

Image - 4,0 / 5

Format 1.85 original respecté, en couleurs et en Full HD 1080p. Copie argentique en bon état, bon équilibre entre grain et lissage, colorimétrie satisfaisante. On aurait pu améliorer encore la définition des scènes nocturnes mais cette édition remplace avantageusement l’ancienne édition DVD et devient pour l’instant l’édition française de référence concernant l’image.

Jugatsu

Son - 4,0 / 5

DTS HD Mono d’origine 2.0 VOSTF et VF : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Il faut impérativement privilégier la VOSTF, propre, bien équilibrée et dotée d’un dynamisme assez élevé concernant les effets sonores, pour profiter du jeu dramaturgique des acteurs et des nuances de leurs intonations. A noter que l’édition américaine Blu-ray de Film Movement sortie en octobre 2016 était, pour sa part, munie d’une piste japonaise LPCM 2.0. mais comparer l’une avec l’autre serait une perte de temps inutile puisque le mono reste du mono.

Jugatsu

Crédits images : © Wild Side

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony