Réalisé par René Clair
Avec
Pierre Brasseur, Georges Brassens et Henri Vidal
Édité par Coin de Mire Cinéma
Juju, « un bon à rien », mais pas méchant, partage son temps, quand il ne cuve pas le trop-plein d’alcool ingurgité, entre le zinc du bistro, tenu par Alphonse et sa fille Maria, et le pavillon de son copain « L’Artiste » qui interprète ses chansons en s’accompagnant à la guitare. La routine des deux copains est soudain chamboulée par l’intrusion d’un inconnu traqué par la police…
Porte des Lilas, sorti en 1957, se range parmi les derniers grands des 24 longs métrages réalisés par René Clair au long d’une carrière entamée au temps du muet avec Le Fantôme du Moulin-Rouge en 1924, marquée par un premier chef-d’oeuvre, À nous la liberté (1931), poursuivie par une joyeuse parenthèse américaine avec, entre autres, Fantôme à vendre (The Ghost Goes West, 1935) et Ma femme est une sorcière (I Married a Witch), Dix petits indiens (And Then There Were None, 1945). Puis c’est le retour en France avec l’enchaînement de quatre réussites, Le Silence est d’or, La Beauté du diable, Les Belles de nuit et Les Grandes manoeuvres.
Porte des Lilas, comédie douce-amère, l’adaptation d’un roman de René Fallet, La Grande ceinture, scénarisé par Jean Aurel et René Clair, fait revivre la vie, quasi-villageoise, d’un petit quartier en bordure des fortifs où chacun se connaît, reconstitué dans les Studios de Boulogne-Billancourt par Maurice Barnathan (Casque d’Or, Jacques Becker, 1953, Madame de…, Max Ophüls ; 1953…)
Porte des Lilas profite aussi de la photographie aux éclairages inspirés de l’expressionnisme allemand, de Robert Lefebvre, le chef opérateur qui collabora à plus de 120 films parmi lesquels Le Blé en herbe (Claude Autant-Lara, 1954) et Cela s’appelle l’aurore (Luis Buñuel, 1956), toujours dans l’attente d’une édition vidéo en France.
Pierre Brasseur, sous la casquette de Juju, réalise une de ses meilleures performances : il cabotine si peu qu’on en aurait presque du mal à le reconnaître ! Georges Brassens confirme qu’il est autrement plus doué pour composer, écrire et chanter que pour faire l’acteur. Henri Vidal, révélé par dans Fabiola (Alessandro Blasetti, 1949) pour son duo avec Michèle Morgan qu’il a épousée alors, est assez transparent. Danny Carrel, très présente, reste à 25 ans, tout à fait crédible dans le rôle de l’ingénue Maria, supposée n’avoir que 18 ans. Et l’on retrouve toujours avec plaisir la gouaille de Raymond Bussières, le bistro.
Porte des Lilas (98 minutes) et ses suppléments (27 minutes) tiennent, dans cette édition combo, sur un Blu-ray BD-50 et un DVD-9 (les deux avec le même contenu) logés dans les couvertures d’un Digibook, un des six volumes déjà parus de la collection La Séance éditée par Coin de Mire Cinéma.
Le menu fixe et musical propose le film au format audio DTS-HD Master Audio 1.0 avec sous-titres pour malentendants.
À l’intérieur du Digibook, un livret de 24 pages illustrées, avec la filmographie de René Clair, le synopsis du film, les fiches artistique et technique, le facsimile du « manuel de publicité » destiné aux exploitants. Glissées dans deux pochettes, la reproduction au format 14,5 x 11,5 cm de dix photos d’exploitation et une réduction de l’affiche du film à 21,5 x 29 cm.
En complément, rien sur le film, mais, comme dans tous les autres volumes de la collection, une reconstitution de la séance complète telle qu’elle pouvait être vue à l’époque de la première sortie en salles. Effet « madeleine de Proust » garanti sur celles et ceux qui hantaient déjà les cinémas dans les années 50-60 !
Les actualités de la 39e semaine de 1955 (15’) par la Société Nouvelle Pathé-Cinéma, claironnées par l’emblématique coq blanc, montrant, pêle-mêle, le malaise des paysans, la famille royale d’Angleterre au vert à Balmoral, la construction du CNIT à la Défense et l’action bénéfique de la France en Algérie…
Suivent, pour renforcer cette remise dans le bain, les publicités d’alors (8’), « les réclames ». Elles s’ouvraient, selon le rituel, avec les caramels vendus à l’entracte par les « ouvreuses ». Pour suivre, les délices de petits pois en conserve, les louanges du célèbre stratifié qu’on peut poser soi-même partout dans la maison…
L’image (1.37:1, 1080p, AVC), très propre et stable, offre des blancs lumineux et des noirs denses en passant par un délicat dégradé de gris. La réduction du bruit respecte la texture originelle.
Le son DTS-HD Master Audio 1.0 mono, très propre lui aussi, pratiquement sans souffle, assure une parfaite clarté des dialogues et les chansons de Brassens, dont Au bois d’mon coeur, une exclusivité pour le film.
Crédits images : © TF1 Droits Audiovisuels