Suspiria (2018) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Luca Guadagnino
Avec Dakota Johnson, Tilda Swinton et Mia Goth

Édité par Metropolitan Film & Video

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Le 19/04/2019
Critique

En réussissant à créer un univers étrange, Luca Guadagnino rend un bel hommage à Dario Argento, sans surpasser sa source d’inspiration.

Suspiria

Susie Bannion, une jeune danseuse américaine, débarque en 1977 à Berlin dans l’espoir d’intégrer la célèbre compagnie de danse Helena Markos. Madame Blanc, sa chorégraphe, impressionnée par son talent, promeut Susie danseuse étoile. Tandis que les répétitions du ballet final s’intensifient, les deux femmes deviennent de plus en plus proches. C’est alors que Susie commence à faire de terrifiantes découvertes sur la compagnie et celles qui la dirigent…

Suspiria, coproduit par Metropolitan Filmexport et Amazon Studios, est le sixième long métrage de fiction du réalisateur, scénariste et producteur italien Luca Guadagnino. Le premier, sorti en 2005, Melissa P, 15 ans, peu convaincant, avait eu le mérite de faire découvrir le talent de María Valverde. C’est Amore (Io sono l’amore, 2009) qui commença à révéler la personnalité de Luca Guadagnino, auteur de l’histoire originale, et sa maîtrise de la mise en scène, qu’allaient confirmer A Bigger Splash en 2015 et, surtout, Call Me by Your Name qui glana, en 2017, près d’une centaine de prix.

Refaire le Suspiria de Dario Argento : un pari perdu d’avance ?

Fan depuis son enfance du cinéma de Dario Argento, l’inventeur des personnages de Suspiria réalisé en 1977, Luca Guadagnino reprend le thème du film original : la jeune Américaine, alertée par la disparition inexpliquée d’une danseuse, ne tarde pas à découvrir que l’académie de danse est dirigée par trois êtres démoniaques, trois sorcières, trois « mères » : Mater Tenebrarum, Mater Lachrymarum et Mater Suspiriorum, celles des ténèbres, des larmes et des soupirs.

Suspiria

Mais avec son scénario, découpé en six actes et un épilogue, coécrit avec Daria Nicolodi, actrice dans sept films de Dario Argento, cosignataire avec lui du scénario du premier Suspiria, Luca Guadagnino prend largement ses distances avec le modèle. Il en garde les personnages principaux : Susy Banner, interprétée par Jessica Harper (qui reprend du service dans le remake) est devenue Susie Bannion, Madame Blanc, alors interprétée par Joan Bennett (évoquée récemment pour sa prestation dans Demain est un autre jour / There’s Always Tomorrow, Douglas Sirk, 1955), est Miss Tanner, autrefois incarnée par Alida Valli, etc.

L’approche de Luca Guadagnino est différente : la danse, très en arrière-plan dans l’original, devient un élément-clé du drame et l’ambiance est plus sombre. Notamment par le cadre du drame, déplacé à Berlin en 1977, dans les années de plomb ensanglantées par les attentats de la Rote Armee Fraktion, également connue sous le nom de Groupe Baader-Meinhof ou Bande à Baader dont les meurtres ont été illustrés par La Bande à Baader (Der Baader Meinhof Komplex, Uli Edel, 2008).

Le Suspiria de Luca Guadagnino, bien photographié par Sayombhu Mukdeeprom (il tenait la caméra de Call Me by Your Name), se démarque aussi formellement de sa source d’inspiration. S’il emprunte à son esthétique avec une toile de fond art déco, il s’en démarque par son austérité : la façade rouge de l’école de danse, devenue grise, fait maintenant face au mur qui divise la ville, et les intérieurs ont perdu leur extravagance et leurs couleurs éclatantes. Les lignes sont désormais épurées et la palette est délibérément plus terne.

Suspiria

Une autre différence majeure est l’importance que le scénario donne aux personnages. Celui interprété par Dakota Johnson, l’Anastasia Steele de la trilogie Cinquante nuances de Grey (Fifty Shades of Grey), est nettement plus étoffé que celui de la version originelle. Le rôle reste « physique », cette fois, avec une impressionnante démonstration de danse contemporaine chorégraphiée par Damien Jalet.

Mais c’est surtout Tilda Swinton qu’on remarque dans le rôle de Madame Blanc, un personnage très énigmatique. Elle a contribué à toutes les fictions de Luca Guadagnino (sauf Melissa P, 15 ans) et est toujours aussi impressionnante, encore plus ici avec sa surprenante composition du Dr. Klemperer, un psychiatre. On y voit également Mia Goth, révélée par son étrange apparition dans A Cure for Life (A Cure for Wellness, Gore Verbinski, 2016), Chloë Grace Moretz, Sylvie Testud et Elena Fokine dans un numéro de break dance… très littéral !

Dommage que ce choix de sobriété qu’a fait le réalisateur pour les décors et les couleurs ne l’ait pas poussé à éviter les scènes finales, gâchées par des maquillages grotesques.

Suspiria, s’il ne peut prétendre surpasser l’original, qu’il ne cherche d’ailleurs pas à copier, en réussissant à créer un univers étrange, s’avère cependant une estimable forme d’hommage à Dario Argento.

Suspiria

Présentation - 4,0 / 5

Suspiria (152 minutes) et ses suppléments (20 minutes) utilisent tout l’espace disponible d’un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier standard non remis pour le test, effectué sur check disc.

Le menu animé et musical offre le choix entre la version originale en allemand et en anglais, avec sous-titres optionnels, au format audio Dolby Atmos (compatible Dolby TrueHD 7.1) et un doublage en français (seuls les dialogues en anglais sont doublés, pas ceux en allemand, majoritaires) au format audio DTS-HD Master Audio 7.1.

Piste d’audiodescription DTS Digital Surround 2.0 et sous-titres pour malentendants.

Suspiria

Bonus - 2,5 / 5

Making of Suspiria (4’). Luca Guadagnino nous dit qu’il a réalisé un rêve d’enfant en refaisant à sa façon un film qui l’avait subjugué quand il avait 14 ans. Il a voulu donner une nouvelle représentation, beaucoup plus austère, du même univers, pour entraîner le spectateur dans un cauchemar.

Le langage secret de la danse (4’). Le chorégraphe franco-belge Damien Jalet indique que Luca Guadagnino tenait, alors que la danse n’occupait qu’une scène dans le film de Dario Argento, à la mettre au premier plan. Elle est le « langage du film », académique au début, distordue vers la fin. Le solide entraînement à la danse qu’avait reçu Dakota Johnson lui a valu d’obtenir le rôle.

Les maquillages (4’). Mark Coulier, créateur des prothèses en silicone, explique le travail fait dans la scène où Elena Fokine, de l’autre côté du miroir, est disloquée en étant contrainte de prendre les postures de Dakota Johnson, et dévoile les ficelles (ou plutôt les tuyaux) de quelques sanglants épanchements.

L’aspect visuel (4’, bonus caché sur le titre du film dans le menu principal). Inbal Weinberg, directrice artistique, nous raconte sa découverte de l’hôtel Campo dei Fiori, très délabré, perché au sommet d’une montagne, où furent tournés les intérieurs. Elle souligne l’implication du réalisateur dans le choix des décors.

Pour finir, la bande-annonce et un teaser du film, ainsi que les bandes annonces de L’Internat, Le Musée des merveilles, A la merveille et L’Ombre d’Emily.

Suspiria

Image - 4,5 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC), dans une ambiance assez sombre, avec une palette de couleurs délibérément ternes, une dominante de tonalités grises, brunes et verdâtres, est précise et révèle tous les détails des cadres, y compris dans les scènes faiblement éclairées.

Suspiria

Son - 4,5 / 5

Le son Dolby Atmos, testé sous le format Dolby TrueHD 7.1, précis et fin, restitue clairement les dialogues, dans un bon équilibre avec l’accompagnement musical original de Thom Yorke qui contribue efficacement et intelligemment à l’étrangeté du film, tout comme les bruitages : soupirs, craquements, coups sourds frappés sur les murs… Une excellente dynamique et une utilisation judicieuse des sept voies créent une impressionnante sensation d’immersion dans l’action.

Ces observations valent pour le doublage en français, au format DTS-HD Master Audio 7.1. Les dialogues en allemand ne sont pas doublés, seuls ceux en anglais, et de manière assez monotone. Une raison de plus pour choisir la version originale.

Crédits images : © Sandro Kopp, Alessio Bolzoni, Willy Vanderperre / Amazon Studios

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 3 mai 2019
Suspiria, s’il ne peut prétendre surpasser l’original, qu’il ne cherche d’ailleurs pas à copier, en réussissant à créer un univers étrange, s’avère cependant une estimable forme d’hommage à Dario Argento.

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