L'Ange de la vengeance (1981) : le test complet du Blu-ray

Ms .45

Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret

Réalisé par Abel Ferrara
Avec Zoë Lund, Albert Sinkys et Darlene Stuto

Édité par ESC Editions

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Le 25/03/2019
Critique

L'Ange de la vengeance

Thana, une jeune femme muette, petite main dans un atelier de couture, est violée par un inconnu dans une allée sombre. Traumatisée, elle rentre dans son appartement où elle se fait à nouveau violer par un cambrioleur qu’elle tue. Le pistolet .45 de l’agresseur sera l’arme de sa vengeance…

L’Ange de la vengeance (Ms .45), le troisième long métrage d’Abel Ferrara, après 9 Lives of a Wet Pussy, un film pornographique sorti en 1976 qu’il a signé Jimmy Boy L et Driller Killer, l’histoire d’un peintre dérangé par le bruit qui a échangé ses pinceaux contre une perceuse, un outil beaucoup plus pratique pour commettre des meurtres en série.

L’Ange de la vengeance, sur un scénario original de Nicholas St. John, scénariste de huit autres films d’Abel Ferrara, dont The King of New York en 1990, appartient au genre « Rape and revenge », dont un des jalons était Day of the Woman (I Spit on Your Grave, Meir Zarchi, 1978), mais avec une approche très politiquement incorrecte : Thana (un nom qui fait évidemment référence à Thanatos, le dieu de la mort), timide, le genre de fille qui ne ferait pas de mal à une mouche, tue pour sauver sa vie… la première fois. Traumatisée, elle n’est pas une justicière, mais finira tout simplement par prendre goût à la chose !

Thana tue d’abord en état de légitime défense, puis pour se protéger quand elle se sent menacée et, enfin, dans des randonnées purificatrices, habillée et maquillée pour attirer ses cibles. Elle finit par tuer les hommes sans savoir pourquoi. Mais eux le savent… probablement.

L'Ange de la vengeance

Le film, réalisé avec les faibles moyens du bord (autour de 62 000 dollars), mais soigneusement tourné en 45 jours, révèle le talent prometteur du cinéaste qui s’imposera avec The King of New York, Nos funérailles (The Funeral, 1996) et Bad Lieutenant, son chef-d’oeuvre, sorti en 1992.

L’Ange de la vengeance frappe, comme la plupart des films d’Abel Ferrara, par le réalisme des scènes de rue, filmées avec les passants (pas assez d’argent pour payer des figurants !), par la qualité d’une photographie sans afféteries et par un montage efficace. Il donne une image un peu cauchemardesque de New York, mais pas si éloignée de la réalité du début des années 80 quand la ville enregistrait un pic de criminalité.

La caméra ne quitte pratiquement pas Thana, présente dans toutes les scènes, l’ange devenu démon, interprétée par une débutante, une étudiante âgée de 19 ans, Zoë Lund (Zoë Tamerlis, son nom de jeune fille, au générique). Un choix idéal pour souligner l’extrême vulnérabilité du personnage, notamment dans les deux scènes du viol qu’elle subit sans qu’aucun son puisse sortir de sa gorge. L’addiction à l’héroïne de la jeune actrice contraria sa carrière. Elle mourra à Paris d’une overdose à l’âge de 37 ans. On la reverra dans Bad Lieutenant dont elle coécrivit le scénario avec Abel Ferrara.

L'Ange de la vengeance

Présentation - 5,0 / 5

L’Ange de la vengeance (81 minutes) et ses suppléments (48 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 et sur un DVD-9 avec le même contenu, logés dans un digipack dans lequel est inséré un livret de 16 pages rédigé par Marc Toullec.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 1.0.

Dans le livret illustré, Marc Toullec rappelle que L’Ange de la vengeance, assez bien reçu par le public américain, est sorti en France sans promotion et au pire moment, en août, en réussissant à attirer plus de 120 000 spectateurs. Zoë Lund, recalée au casting organisé pour trouver la vedette de Times Square, un film dans la veine de La Fièvre du samedi soir, a été immédiatement embauchée pour le rôle de Thana, dans lequel elle s’est totalement investie. Marc Toullec évoque le faible budget qui poussait Abel Ferrara à être « pingre par nécessité », à n’offrir que des broutilles au compositeur Joe Delia qui se laissera pourtant convaincre que le cinéaste avait de l’avenir. Bonne décision : il composera la musique d’une quinzaine de ses films !

L'Ange de la vengeance

Bonus - 4,0 / 5

Deux suppléments inédits, produits par ESC Éditions en 2019 :

Entretien avec Abel Ferrara (28’, Flirting with success). Abel Ferrara évoque ses débuts, les courts métrages d’horreur au San Francisco Film Institute, son premier long métrage, un film porno, 9 Lives of a Wet Pussycat, puis, en 1979, The Driller Killer, dans lequel il tient le rôle-titre, avant de s’installer à New York pour y réaliser, avec la complicité de Nicholas St. John pour l’écriture du scénario des films à petit budget, autour de 100 000 dollars en moyenne. Il avait disposé d’un peu plus de moyens pour New York, 2 heures du matin (Fear City) avec Melanie Griffith et Tom Berenger, mais le film fut classé X, comme les films précédents. Après une parenthèse à la télévision pour la réalisation de deux épisodes de la série Miami Vice (Deux flics à Miami) (Série) (Miami Vice), il peut tourner China Girl et The King of New York, deux films typiques du cinéma des années 80.

Entretien avec Brad Stevens (20’, She wants revenge), auteur d’Abel Ferrara: The Moral Vision. Abel Ferrara n’a apporté aucune retouche au scénario de L’Ange de la vengeance, une oeuvre qui lui a fait gravir une marche décisive et qu’on peut rapprocher de The Addiction qu’il réalisera en 1995 : les deux films arrivent à des fins semblables par des chemins différents. Brad Stevens souligne qu’Abel Ferrara « confronte la violence sans la styliser, ni l’exploiter » et se souvient qu’un jour quelqu’un lui a demandé pourquoi il aimait ce cinéaste. Sa difficulté à répondre était, en fait, sa réponse : « son cinéma est si complexe qu’on ne peut le résumer en quelques lignes ».

L'Ange de la vengeance

Image - 4,0 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC), parfaitement restaurée, assez bien nettoyée (quelques taches furtives subsistent) avec un respect du grain originel, propose avec une délicate palette de couleurs bien étalonnées, bien qu’un peu plus pâles dans les premières scènes. Elle est lumineuse, avec d’agréables contrastes et des noirs denses, toujours très lisible, y compris dans les scènes de nuit. Un peu douce, parfois, mais d’une étonnante qualité pour un film à si petit budget.

Son - 4,5 / 5

Le DTS-HD Master Audio 1.0 de la version originale, très propre lui aussi, avec peu de souffle, assure une parfaite clarté des dialogues dans un bon équilibre avec l’ambiance et l’accompagnement musical qui bénéficie d’une bonne dynamique, sans distorsions.

Le doublage en français DTS-HD MA 1.0 place les voix un peu trop en avant.

L'Ange de la vengeance

Crédits images : © ESC Éditions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 25 mars 2019
Encore à ses débuts, Abel Ferrara, un des enfants terribles du cinéma américain, nous invite à entrer pendant quelques jours l’intimité de la timide et fragile Thana pour assister à sa surprenante métamorphose, déclenchée par une agression traumatisante. Ce film à tout petit budget révèle déjà le talent de celui qui réalisera, dix ans plus tard, Bad Lieutenant.

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