La Dernière séance (1971) : le test complet du Blu-ray

The Last Picture Show

Réalisé par Peter Bogdanovich
Avec Timothy Bottoms, Jeff Bridges et Ellen Burstyn

Édité par Carlotta Films

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Le 01/04/2019
Critique

La Dernière Séance

Anarene, une petite ville du Texas, en novembre 1951. On s’y ennuie ferme, surtout les jeunes qui se retrouvent au cinéma Royal. Le flirt occupe une partie des loisirs des élèves de terminale. Certains, comme Sonny, aimeraient aller plus loin. Jacy, la plus belle fille du coin, sort avec Duane, mais ne se prive pas d’attirer l’attention des autres garçons, notamment celle de Sonny. L’avenir que leur réserve Anarene parait bien incertain…

La Dernière séance (The Last Picture Show), salué par plusieurs prix, dont le BAFTA Award du meilleur scénario, sorti en 1971, est le troisième long métrage de Peter Bogdanovich après La Cible (Targets, 1968), un polar horrifique, et Voyage to the Planet of Prehistoric Women, un film de science-fiction oubliable avec ses Vénusiennes en petite tenue signé sous le pseudonyme de Derek Thomas.

La Dernière séance est l’adaptation d’un roman de Larry McMurtry, The Last Picture Show, publié en 1966, le premier d’une série de six volumes ayant pour personnage principal Duane Moore. Le suivant, publié en 1987, sera, lui aussi, adapté par Peter Bogdanovich en 1990 : Texasville, avec les mêmes acteurs en tête d’affiche. D’autres de ses oeuvres seront ultérieurement adaptées pour l’écran, surtout pour la télévision, et il contribuera à l’écriture de nombreux scénarios, dont celui de Le Secret de Brokeback Mountain (Brokeback Mountain, Ang Lee, 2005) qui lui vaudra un Oscar.

De l’importance de la distribution

Pour Peter Bogdanovich, probablement guidé par son expérience du théâtre, le choix des acteurs, qui s’est étalé sur plus d’un an, est une étape cruciale de la création d’un film.

La Dernière Séance

Il a réussi, en restant dans les limites étroites du budget (1,3 millions de dollars), à rassembler pour ce film choral une remarquable brochette d’acteurs encore peu connus. Randy Quaid tenait là son tout premier rôle. Timothy Bottoms venait d’être révélé par l’extraordinaire et unique film de Dalton Trumbo, Johnny Got His Gun - Johnny s’en va-t-en guerre (Johnny Got His Gun). Jeff Bridges, poussé très jeune dans l’univers de la télévision par son père, l’acteur Lloyd Bridges, avait tenu des petits rôles dans quelques séries et téléfilms. On n’avait encore jamais vu sur les écrans Cybill Shepherd qui finançait ses études par le mannequinat, celle qui faisait penser au réalisateur « à un papillon volant de fleur en fleur » et dont le strip tease au bord de la piscine a longtemps hanté les rêves des adolescents.

Plus expérimentées, mais pas encore célèbres, Cloris Leachman (saluée pour sa prestation par l’Oscar du meilleur second rôle), Ellen Burstyn (elle recevra, trois ans plus tard, l’Oscar de la meilleure interprétation féminine pour Alice n’est plus ici de Martin Scorsese), Eileen Brennan, qui décrochera un Golden Globe pour son rôle dans la série Private Benjamin (3 saisons, 1981-1983). Le seul qui avait de la bouteille était Ben Johnson, figure familière des westerns de John Ford. Pour le décider d’accepter le rôle secondaire de Sam the Lion, Peter Bogdanovich s’était risqué à lui promettre un Oscar… qu’il a effectivement obtenu !

Personne ne vient plus au cinéma : le base ball en été, la télé tout le temps…

La Dernière séance, la chronique tendre et désenchantée du lent assoupissement d’une petite ville sans attraits, en contraste avec le luxe étincelant étalé sur l’écran du Royal par Le Père de la mariée (Father of the Bride), le film de Vincente Minnelli avec Liz Taylor, sorti dix mois plus tôt en ville. Les glorieux faits d’armes de la nation ne sont plus qu’un lointain souvenir, à peine réveillé par l’affiche du prochain film, Iwo Jima (Sands of Iwo Jima, Allan Dwan, 1949), une fierté que n’apportera jamais l’engagement du pays dans la guerre de Corée ni, au moment du tournage, dans la guerre du Viêtnam.

Le Royal n’attire plus assez de clients : il va devoir fermer à la fin d’octobre 1952. À l’affiche, pour la dernière séance, un film rappelant l’esprit d’entreprise et les valeurs perdues du Texas, La Rivière rouge de Howard Hawks.

La Dernière Séance

Présentation - 3,5 / 5

La Dernière séance (126 minutes) et ses suppléments (84 minutes) tiennent sur Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier de 11 mm.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio DTS-HD Master Audio 1.0.

Cette édition est identique à celle sortie en octobre 2018, en même temps qu’une Édition Prestige limitée - Blu-ray + DVD, encore disponible, avec une réduction de l’affiche du film, un bloc-notes…

Bonus - 4,5 / 5

Entretien avec Peter Bogdanovich (13’, 2007). Il n’avait tourné qu’un film, La Cible (Targets), tenu des rôles sur la scène et sur l’écran et écrit des critiques et quelques monographies sur Hitchcock, Hawks, Orson Welles qui l’avaient fait connaître des cinéphiles. Sa vocation de réalisateur lui est venue à 20 ans en mettant en scène une pièce à New York. Intéressé par le livre The Last Picture Show que lui avait donné son ami Sal Mineo, il l’a adapté dans une forme classique, mais avec un contenu nouveau, notamment avec les scènes de sexe. Influencé par Preminger, il a choisi de tourner en décors réels. La préproduction d’un film est essentielle, mais il préfère la partie la plus créative, le tournage, qu’il aime faire avancer à un bon rythme. Il ne lit que les bonnes critiques, triées par ses assistants.

The Last Picture Show : Souvenirs de tournage, de Laurent Bouzereau (65’, 1999), avec Peter Bogdanovich et les acteurs. Le scénario a omis certains passage du livre, ajouté quelques scènes. L’illustration musicale se limite à des standards de l’époque. Il a repéré Cybill Shepherd sur la couverture du magazine Glamour et évoque le choix des autres acteurs. Le film a été tourné près de Wichita Falls, à Archer City. Il a opté pour le noir et blanc, sur les conseils d’Orson Welles, pour avoir une grande profondeur de champ. La scène du strip tease dans la piscine fut rendue plus délicate en raison de sa liaison avec Cybill Shepherd qui dura le temps du tournage. Le film a été chaudement accueilli par le public et la critique avec huit nominations aux Oscars. Le magazine Newsweek fut particulièrement élogieux : « It is the most impressive work by a young American director since Citizen Kane! » Le succès du film lui permit de travailler pendant plusieurs années dans une relative liberté.

Featurette d’époque (6’, 1974). Trois ans après le tournage, à l’occasion de la ressortie du film dans une version augmentée, en réponse à certaines critiques, d’une scène faisant une courte allusion aux parents de Sonny, le réalisateur reparle du tournage, sans ajouter grand-chose aux deux documents précédents.

Bande-annonce.

La Dernière Séance

Image - 4,0 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC) a été débarrassée de toutes les marques du temps par une restauration qui a préservé le grain argentique. L’étalonnage assure un agréable dégradé de gris, avec des noirs bien denses, mais des blancs qui auraient pourtant pu être un peu plus lumineux. Un léger scintillement occasionnel se fait vite oublier.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0 stéréo de la version originale, propre lui aussi, restitue avec clarté les dialogues, trop priorisés sur l’ambiance et l’illustration musicale par des tubes des années 50, avec peu de distorsions.

Ce constat vaut pour le doublage en français, qui assure un meilleur équilibre entre dialogues, ambiance et musique.

Crédits images : © 1971, RENOUVELÉ 1999 COLUMBIA PICTURES INDUSTRIES, INC. Tous droits réservés.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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5
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Philippe Gautreau
Le 2 avril 2019
Cette chronique tendre et désenchantée du lent assoupissement d’une petite ville du Texas, le troisième film de Peter Bogdanovich et probablement son chef-d’œuvre, est devenu un classique du cinéma grâce au talent instinctif du réalisateur, au scénario de Dalton Trumbo et au choix inspiré de jeunes acteurs qui n’allaient pas tarder à faire parler d’eux.
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Georges
Le 12 juin 2005
Un film magnifique aux acteurs justes et à la langueur aussi prenante que le noir et blanc de la photo. Une chronique humaine sur la vie de jeunes gens dans une ville texane quasi fantôme au tout début des années 50. Ici pas d'effets appuyés, juste une magnifique direction d'acteurs: Jeff Bridges, Timothy Bottoms, Ellen Burstyn et d'autres. La ville est un personnage à part entière, elle cache des secrets, des solitudes et des hypocrisies dans cette amérique profonde figée dans ses traditions (football, exploitation du pétrole...). Un film majeur à découvrir.

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