Les Affameurs (1952) : le test complet du Blu-ray

Bend of the River

Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre

Réalisé par Anthony Mann
Avec James Stewart, Arthur Kennedy et Julie Adams

Édité par Rimini Editions

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Le 06/05/2019
Critique

Deux bandits repentis aident des colons à s’implanter en Oregon, menacés par les Indiens et par des renégats, en pleine ruée vers l’or.

Les Affameurs

Glyn McLyntock escorte un convoi de pionniers qui ont choisi de s’installer en Oregon. Il sauve de la pendaison Emerson Cole, déclaré coupable, sans jugement, d’un vol de chevaux. Les deux hommes se rendent à Portland pour récupérer le ravitaillement des colons pour l’hiver, commandé depuis longtemps, mais toujours pas livré. La fièvre de l’or vient de se répandre dans la région…

Les Affameurs (Bend of the River), sorti en 1952, est le deuxième d’une série de cinq westerns réalisés par Anthony Mann avec James Stewart, après Winchester 73, en 1950, et avant L’Appât (The Naked Spur, 1953), Je suis un aventurier (The Far Country, 1954) et L’Homme de la plaine (The Man from Laramie, 1955).

Anthony Mann, venu au western après une dizaine de réalisations à petit budget dans le genre Film noir, tournera une quarantaine de films, dont une bonne douzaine de westerns et deux superproductions, Le Cid, en 1961, et La Chute de l’empire romain, en 1964. Il est mort à 60 ans, en 1967, pendant le tournage de son dernier film, Maldonne pour un espion (A Dandy in Aspic), une histoire d’espionnage pendant la guerre froide.

Les Affameurs

Les Affameurs offre son lot d’action, avec le difficile parcours des chariots, une attaque des Indiens Shoshones, des bagarres, des fusillades… mais se concentre sur le personnage de Glyn McLyntock dont on devine le passé trouble dès qu’il vient au secours de Cole, au début du film. Un personnage avec lequel il a beaucoup en commun, une sorte d’alter ego, qui l’attirera dans un premier temps.

Donne la réplique à James Stewart, dans le rôle d’Emerson Cole, Arthur Kennedy. Figure familière du western, on l’a vu incarner un mauvais garçon dans La Grande évasion (High Sierra, Raoul Walsh, 1941) aux côtés de Humphry Bogart, le deuxième d’une centaine de seconds rôles dans des films parfois prestigieux, tels L’Ange des maudits (Rancho Notorious, Fritz Lang, 1952), Lawrence d’Arabie (David Lean, Comme un torrent / Some Came Running, Vincente Minnelli, 1958), Elmer Gantry, le charlatan (Richard Brooks, 1960)… Aussi au générique, Rock Hudson qu’Anthony Mann avait recruté deux ans plus tôt pour Winchester 73, et Julie Adams dans le rôle d’une jeune femme attirée par McLyntock et Cole qui fut le tremplin d’une carrière bien remplie de laquelle le cinéphile gardera le souvenir de la naïade séduisant L’Étrange créature du Lac Noir (Creature from the Black Lagoon, Jack Arnold, 1954).

Les Affameurs rappelle l’ambiance des films de John Ford qu’admirait Anthony Mann et se range parmi les grands westerns de l’après-guerre pour la richesse de son scénario, la solidité de son interprétation et la beauté de sa photo dans les magnifiques paysages d’Oregon.

Les Affameurs

Présentation - 4,5 / 5

Les Affameurs (91 minutes) et ses suppléments (106 minutes) tiennent, dans cette édition combo, sur un Blu-ray BD-50 et un DVD-9 logés dans un épais digipack contenant un facsimilé de L’Avant-Scène Cinéma.

Le menu animé et musical propose la série dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux aux formats DTS-HD Master Audio 1.0.

Le numéro spécial de L’Avant-Scène Cinéma consacré au film (le numéro 660, sorti en février 2019, 98 pages), réduit au format 18,6 x 13,5 cm, reste très lisible. Abondamment illustré, il s’ouvre sur un article de Jean-Philippe Guérand, La fin de l’innocence, résumant la genèse et le tournage du film qui « sonne la fin de l’innocence dans un monde gagné par la civilisation où le bien réalise qu’il ne peut exister sans le mal ». Suit, Mann of the West, une revue par Jean Ollé-Laprune de l’oeuvre d’Anthony Mann, metteur en scène « classique, professionnel, novateur, moderne, fidèle, indépendant… et mystérieux », auteur de trente-neuf films, « dont onze westerns parmi les plus accomplis de l’histoire du cinéma, tous marqués par un métissage subtil des contraires et un équilibre discret de forces opposées ». Puis Gérard Camy, dans Le western selon Mann, relève que « Si Anthony Mann célèbre la gloire du western en utilisant avec brio l’imagerie du genre, il s’en détourne au fil du récit et impose un univers visuel d’une incomparable puissance. » Avec Un nouveau regard sur l’Ouest, Gérard Camy souligne encore l’inflexion du western des années d’après-guerre dans lequel « les personnages, malmenés par leurs états d’âme, prenaient de plus en plus d’importance, quitte à ralentir l’action au nom de la réflexion », avec des héros vieillissants, marginalisés. Dans l’article suivant, Borden Chase, le prince oublié du western, Pierre-Simon Gutman évoque l’oeuvre du scénariste de Les Affameurs, de Winchester ‘73  et de Je suis un aventurier avec le thème récurrent du héros trahi par l’homme qu’il estimait, avant que Jean-Claude Missian, dans Mann avant le western : l’univers du Film noir, ne passe rapidement en revue la contribution initiale du réalisateur au genre avec une dizaine de titres, notamment La Cible vivante (The Great Flamarion, 1945) et Le Grand attentat (The Tall Target, 1951) qui sera « la charnière définitive » entre les policiers et le western. Ce précieux dossier se referme sur la filmographie d’Anthony Mann avec la reproduction de 32 affiches de ses films et sur le scénario, découpé en 623 plans et illustré par 152 photos.

Les Affameurs

Bonus - 4,0 / 5

Conversation entre Mathieu Macheret et Bernard Benoliel, critiques de cinéma (41’). Ils résument la carrière d’Anthony Mann. Après une expérience du théâtre à New York, il entre par la petite porte dans le monde du cinéma à l’invitation de David O. Selznik, réalise son premier film, Dr. Broadway en 1942, puis se fait remarquer par des films noirs, avant d’entrer à MGM où il réalise La Porte du diable (Devil’s Doorway) en 1950. Il rejoindra ensuite Universal à la demande de James Stewart qui incarnera, dans les cinq films dans lesquels il jouera sous la direction d’Anthony Mann, un personnage secret, torturé, inquiétant. Ils soulignent la grandeur et la variété des paysages dans lesquels se fondent naturellement McLyntock et Cole. La rencontre des deux personnages, au début du métrage, noue le thème du film : McLyntock voit dans Cole, une sorte de double, en raison de leur passé commun qu’il est déterminé à effacer.

Interview audio de James Stewart (74’). Il est interrogé à Londres, au National Film Theatre, en 1973, par Joan Bakewell, journaliste et présentatrice de télévision. James Stewart répond avec beaucoup d’humour aux questions et livre une foule d’anecdotes sur sa carrière d’acteur. Son film préféré est La Vie est belle (It’s a Wonderful Life, Frank Capra, 1939), le premier film dans lequel il ait joué après s’être engagé dans l’US Air Force pendant la guerre. Après l’obtention d’un premier degré d’architecture à Princeton, il avait décidé de devenir acteur contre l’avis de son père, quincailler dans le Milwaukee. Il débuta au théâtre, à New York, avant de rejoindre Hollywood, d’abord pour des petits rôles dans plusieurs films, jusqu’à cinq à la fois… Pour lui, le défi d’un acteur est d’être crédible, de ne pas montrer qu’il joue et de réussir à « créer des moments » dont le spectateur se souviendra. Ses plus grands réalisateurs sont John Ford, Frank Capra et Alfred Hitchcock. Il eut beaucoup de plaisir avec les westerns où il montait toujours le même cheval, Pie. Il n’évoque que brièvement ceux dirigés par Anthony Man, ne faisant qu’une rapide allusion, sans le citer, à Les Affameurs.

Les Affameurs

Image - 3,0 / 5

L’image (1.37:1, 1080p, AVC) respecte le format original (elle n’a pas été recadrée à 1.33 :1 comme pourrait le laisser supposer l’information au dos de l’étui). Soigneusement nettoyée, lumineuse, elle offre des contrastes fermes avec des noirs denses, mais avec un étalonnage un peu aléatoire affichant des couleurs parfois criardes, parfois un peu fades.

Mais le défaut le plus gênant est l’apparition d’une image fantôme verte en bordure des parties sombres sur fond clair, principalement en bordure des membres des chevaux ou du tronc des arbres (par exemple à 4’30”), la marque d’une superposition décalée des trois pellicules des premiers films en Technicolor, qui ne peut être corrigée qu’à un prix élevé.

Les Affameurs

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0 de la version originale, bien nettoyé, restitue avec clarté les dialogues, agréablement priorisés sur l’accompagnement musical et l’ambiance. La dynamique est bonne avec une bande passante nécessairement étroite, pauvre en graves, qui donne un timbre un peu agressif aux passages forte de l’accompagnement musical.

Ce constat vaut pour le doublage en français, avec des dialogues plus mats… sans la voix si particulière de James Stewart.

Crédits images : © Rimini Editions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 6 mai 2019
Les Affameurs rappelle l’ambiance des films de John Ford qu’admirait Anthony Mann et se range parmi les grands westerns de l’après-guerre pour la richesse de son scénario, la solidité de son interprétation et la beauté de sa photo dans les magnifiques paysages d’Oregon.

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