Alexandre Nevski (1938) : le test complet du Blu-ray

Aleksandr Nevsky

Édition collector - Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Sergueï M. Eisenstein
Avec Nikolai Cherkasov, Nikolai Okhlopkov et Andrei Abrikosov

Édité par Bach Films

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 24/05/2019
Critique

Le plus grand héros de la Russie, vainqueur des Teutons à la fameuse bataille des glaces, est glorifié par le plus grand de ses cinéastes.

Alexandre Nevski

Alexandre Iaroslavitch, prince de Novgorod, nommé Alexandre Nevski depuis qu’il a défait l’armée suédoise sur les rives de la Neva en 1240, est appelé, deux ans plus tard, pour organiser la résistance contre les chevaliers teutoniques qui ont envahi le pays pour y imposer leurs lois et la religion catholique.

Alexandre Nevski (Aleksandr Nevskiy) fut commandé à Sergueï M. Eisenstein par le régime stalinien pour souder la nation confrontée à la menace que faisait peser les vues hégémoniques de l’Allemagne d’Adolf Hitler. Le réalisateur avait eu maille à partir avec la censure soviétique, ce qui l’avait amené à rejoindre les USA pendant un temps. Le pouvoir souhaite lui tenir les rênes courtes : il lui impose un coréalisateur, Dmitri Vasilyev, un coscénariste, Pyotr Pavlenko, ainsi que l’acteur principal, Nikolaï Tcherkassov, qui tiendra aussi le rôle-titre des deux parties d’Ivan le Terrible (Ivan Groznyy, 1944 et 1958).

La visée propagandiste de l’oeuvre saute aux yeux tout au long du film. Il exalte la bravoure du peuple russe, en particulier des paysans, fustige la frilosité des riches bourgeois, diabolise les envahisseurs mongols et, surtout, les Teutons qui arrachent les enfants des bras de leur mère pour les jeter dans le feu. Leur cruauté, celle des chefs de guerre et du légat de Rome, est soulignée par des casques monstrueux et les gros plans sur les visages d’Eduard Tisse, le chef-opérateur attitré de Sergueï M. Eisenstein, notamment celui de La Grève (Stachka, 1925), Le Cuirassé Potemkine (Bronenosets Potemkin, 1925), et Octobre (Oktyabr, 1927).

Alexandre Nevski

L’avertissement à l’ennemi potentiel qui s’affiche à la fin du film est une mise en garde limpide : « Celui qui vient chez nous le glaive levé périra par le glaive ». Le film sera pourtant immédiatement retiré des salles le 23 août 1939, jour de la signature du pacte germano-soviétique, pour être à nouveau distribué à partir du 22 juin 1941, le jour du lancement de l’opération Barbarossa, l’invasion surprise de l’URSS par la Wehrmacht.

Alexandre Nevski porte aussi un message au peuple russe, celui de la soumission sans réserve au chef, Joseph Staline, clairement personnifié par le héros médiéval qui promet de punir par la mort la moindre velléité de désobéissance. Une forme de justification de la purge radicale des opposants au « petit père des peuples » qui fit un million de morts.

En dépit de l’imposition de strictes lignes de conduite et d’une étroite surveillance, Sergueï M. Eisenstein (il émettait pourtant des réserves sur cette oeuvre) réussit à exprimer sa vision du cinéma comme « art total » et faire de son film une oeuvre fascinante, rythmée par le déplacement des personnages dans le cadre des plans fixes d’une impressionnante profondeur de champ, par un montage alternant plans larges et plans rapprochés, par l’inventivité des décors, costumes et bijoux fantastiques. L’accompagnement musical de Sergueï Prokofiev, une cantate pour mezzo-soprano, choeur et orchestre, en étroit contrepoint avec l’image (prises de vue et écriture de la partition se sont faites de conserve) est un autre point fort de l’oeuvre.

L’envoûtement créé par Alexandre Nevski, jamais relâché, culmine dans l’inoubliable « bataille des glaces », une scène d’une trentaine de minutes qui se termine par la rupture de la glace sous le poids de l’armée des chevaliers teutoniques et son engloutissement dans les eaux du lac Peïpous.

Alexandre Nevski

Présentation - 4,0 / 5

Alexandre Nevski (103 minutes) et son supplément (23 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé, dans cette édition combo, avec un DVD-9, dans un digipack décoré de deux affiches du film, glissé dans un étui.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, au format DTS-HD Master Audio 1.0.

Bonus - 3,0 / 5

Entretien avec Kristian Feigelson (23’), professeur de cinéma à l’Université Sorbonne Nouvelle. Il rappelle l’histoire du personnage jusqu’à la bataille des glaces (tournée dans les studios Mosfilm), peut-être inspirée à Eisenstein par Way Down East (Way Down East), réalisé par D.W. Griffith en 1920. Staline, qui avait commandé et fait surveiller la réalisation, exigea qu’on supprime du scénario la mort du héros d’un film conçu pour « sacraliser l’obéissance du peuple à son chef »… et justifier l’élimination des opposants. Cette analyse un peu légère ne fait qu’effleurer l’esthétique de l’oeuvre.

Alexandre Nevski

Image - 5,0 / 5

L’image (1.37:1, 1080i, AVC), agréablement contrastée, allant de blancs lumineux à des noirs denses dans un fin dégradé de gris, parfaitement stabilisée, a été débarrassée de toute marque de détérioration de la pellicule avec un traitement du bruit respectant le grain originel.

Son - 3,5 / 5

Les bruits parasites de la piste sonore ont, eux aussi, été éliminés, mais pas le souffle, par moments assez présent.

La bande passante est inévitablement assez étroite, pauvre en graves, avec quelques distorsions dans les passages forte de l’accompagnement musical et d’occasionnelles variations de tonalité liées à une irrégularité de la vitesse de défilement.

Alexandre Nevski

Crédits images : © Bach Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

5,0
5
1
4
0
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Philippe Gautreau
Le 24 mai 2019
L’envoûtement créé par Alexandre Nevski, jamais relâché, culmine dans l’inoubliable « bataille des glaces », une scène d’une trentaine de minutes qui se termine par la rupture de la glace sous le poids de l’armée des chevaliers teutoniques et son engloutissement dans les eaux d'un lac.

Lire les avis »

Multimédia
Alexandre Nevski
Extrait

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)